• CR Transe Gaule 2014

    Ce qui est difficile quand on a couru à ce jour 127 étapes de la Transe Gaule et 118 des TransEurope, c’est de trouver matière à raconter l’étape du jour sans avoir à radoter. Ceux qui ont déjà lu les CR précédents doivent se barber car ils doivent avoir l'impression que c’est toujours la même chose. Pour cette édition de 2014, j’aurais aimé changer un peu – Je vais essayer – pour narrer les 1190km qui m’ont mené de Roscoff à Gruissan.

    Transe Gaule 2014


    1/ mardi 12 août : ROSCOFF – Plounévézel 68 Km (68 Km)

    C’était devenu un rituel pour moi de rallier Roscoff et de prendre le départ de la Transe Gaule mais à chaque fois c’était un recommencement. Je ne partais jamais avec des certitudes, juste avec l’expérience accumulée lors de mes 7 premières participations à ce qui constituait mon feuilleton de l’été.

    Après le prologue non chronométré de 6km de Roscoff à St Pol de Léon, une petite mise en jambes permettant de s’échauffer et de vérifier l’état général du bonhomme et de la tenue, nous sommes partis à 9h17 de la gare de St Pol pour les 1184km restants. La première étape faisait 62km en plus des 6 du prologue.

    Je démarrai vite. Et oui, comme un débutant ou un kamikaze ou comme quelqu’un qui veut se rendre la course difficile. J’avais adopté mon rythme de footing habituel (10,5km/h) sachant que je ferais des pauses de marche tous les quarts d’heure. Les sensations étaient bonnes et il y avait quand même plusieurs autres concurrents devant moi. J’atteignis Penzé en 1h01’, soit 2’ plus vite que l’an dernier et 6’ plus vite que lors de mon année record. Des coureuses et des coureurs venus de Taïwan et Hiroko, coureuse japonaise, m’encadraient, pas de potes français avec moi : JJ Moros et Stéphane Pélissier étaient déjà loin devant et les autres compatriotes derrière, pour le moment. Je me sentais bien, donc je continuai sur ma lancée après le ravitaillement N°1. Je passai à Pleyber-Christ en 2h18, avec encore plus d’avance sur le Fab des TG précédentes (c’est contre lui que je courais ! ). La pluie s’invita alors mais j’eus de la chance de ne prendre que la fin de la grosse averse et d’avoir été protégé par les arbres quand ça s’est mis à vraiment pleuvoir. Pas nécessaire de sortir le poncho, la prochaine éclaircie devait me sécher.

    Mon sac à dos acheté récemment et étrenné sur le Semi-Raid du Golfe m’avait bien été utile. Je pus me ravitailler à ma guise, recharger les bouteilles et les ranger dans les poches faites pour cela sans me prendre la tête. J’avais mis la musique car le temps commençait à me sembler long et je n’avais personne à qui parler, n’ayant pas fait taïwanais ou japonais en seconde langue.

    Passage au marathon en 4h23’ puis aux 50km en 5h13’, je me disais que sauf accident, j’étais sur les bases de mon record sur cette étape ; encore fallait-il ne pas se planter !

    J’admets l’aspect périlleux de la chose, mais une Transe Gaule sans prise de risque, ça devenait une Transe Gaule monotone. D’habitude je n’en prenais pas si tôt dans l’épreuve mais je voulais me tester. La fin de l’étape fut quelque peu laborieuse, mais à y regarder de plus près, pas si difficile que ça. Passage à Poullaouen en 5h48 (encore du temps de grappillé sur mes TG passées) et arrivée sans rechercher à revenir sur les deux coureurs que j’entrapercevais au loin puis de moins en moins loin devant moi. Je n’aurais rien gagné à les rattraper car j’aurais fini avec eux.

    Je me contentai de cette 11ème place sur 48 (puisque tout le monde avait atteint Plounévézel avant le cut-off) en 6h32’41 pour 62km.

    J’avais amélioré ma meilleure marque sur cette étape de près de 8’. Je ne pensais pas pouvoir être capable de remettre ça lors de l’étape du lendemain. On verrait après une bonne nuit de repos.

     

    2/ mercredi 13 août : Plounévézel - Pontivy 64 Km (132 Km)


    Départ comme hier, sauf qu’il faisait à peine jour (à 6h30 il fait plus noir qu’à 9h17). Tant pis, je partis sur un rythme assez rapide pour moi et je me retrouvai dans les 10 avant d’avoir atteint Carhaix pourtant situé à 2,2km de Plounévézel et en plus en ayant marché dans les côtes : j’alternais 25 foulées puis 10 pas de marche, mais comme ça m’ennuya vite de compter et je poursuivis l’alternance en côte à mon instinct. Derrière, personne ne me revenait dessus, mais ceux de devant m’avaient largué. A Carhaix, je m’arrêtai regarder les statues des sœurs Goadec, un taïwanais croyant que j’étais perdu m’indiqua le chemin à suivre et je repris ma course. Sortie de Carhaix, je rattrapai une taïwanaise et Jean Michel puis une fois l’horizon bien dégagé je me mis à accélérer. 6km d’échauffement puis je trouvai enfin le rythme de croisière pour le plus longtemps possible j’espérais.

    Au Moustoir, km8, en 46’, j’avais 4’ d’avance sur mon record de 2008 puis à Paule, km14 en 1h24 j’en étais à 6’ de gagnées. Le ravito pris en 1’15 (c’est précis car mon GPS a enregistré ces données) je continuai tranquillement vers le prochain objectif : le début du canal situé au km26 et où se situait le second poste de ravitaillement. Glomel , km18 en 1h50, puis le début du canal à Pont Aofred en 2h33’ pour 26km (10’ d’avance sur le meilleur Fab). Le canal comme à son habitude était calme, beau, bucolique, avec de temps à autres quelques promeneurs avant de rencontrer un groupe de taïwanais lâché pour la circonstance en mode récréation. A mon passage, les encouragements et appareils photos y allaient de bon cœur. Je fis un arrêt « petit-caillou-à-la-con-dans ma chaussure » et m’aperçus que je n’étais plus seul : Hervé me suivait et se rapprochait doucement. Pas grave car il avait un niveau supérieur au mien. Par contre j’étais étonné de ne pas voir certains coureurs qui étaient devant moi la veille. A la sortie du canal, Hervé ne m’avait pas encore rattrapé, je fis une autre pause du même type que la précédente, en plus long car de vider les deux chaussures ça n’était pas évident, mais ça soulageait et évitait de provoquer des ampoules dont je n’avais aucunement besoin.

    Km 35 en 3h29 avant l’arrêt, 3h32 après et Hervé en profita pour me passer devant. Je ne le revis plus sinon au début de loin au gré d’une ligne droite. Patrick Poivet me rattrapa aussi et après avoir discuté quelques secondes il se détacha peu à peu. Je le gardai en point de mire quelques temps (plus d’une heure) mais à la longue et parce que les lignes droites se faisaient plus rares, je ne le revis plus. Je me retournais de temps à autres afin de voir qui allait à son tour venir me croquer : personne ! Même Stefano, l’italien avait été assez distancé pour ne plus être en vue. Je m’arrêtai au ravito des M&M’s , Marcel et Marie fidèle couple de bénévoles depuis l’édition de 2005 qui proposait une bonne soupe où je pris mon temps pour la déguster, et après ce km 40, l’étape avait débuté depuis 4h05’ quand j’en repartis, commença alors la partie la moins intéressante de l’étape. Mon impression fut renforcée par le fait que les forces commençaient aussi à baisser, chose normale que j’avais bien provoquée à l’image d’hier. Je passai le marathon en 4h19’ (soit 4’ de moins qu’hier) puis le km 50 en 5h09’ (toujours à -4’). Ravito 4 au km 48,5 en 5h environ, avec de longues lignes droites où celui qu’on apercevait au loin avait plus de 5’ d’avance. En bout de ligne droite, de la montée !

    Allez, plus que 14km avant l’arrivée et l’alternance des côtes et des descentes me plaisait bien même si quand j’étais en côte j’espérais qu’une descente arrive et inversement, quand j’étais en descente je voulais de la montée. Allez comprendre ! Cahin-caha, j’atteignis le dernier ravitaillement à partir duquel il ne restait en principe que 7km. Je remplis une dernière fois mes bouteilles et je repris la route avec son trafic de voitures et de camions qui ne permettaient pas de se reposer la tête : j’étais toujours sur le qui-vive, on ne sait jamais, il y a tellement d’abrutis au volant qu’on pouvait très bien en rencontrer un, d’ailleurs j’en avais vu quelques spécimen heureusement sans avoir été trop gêné. La partie entre l’entrée de Pontivy et le nouveau lieu d’arrivée, déjà comme l’an dernier, ne me parut pas si longue que par le passé. Sans doute boosté par le bon chrono que je devais faire et par un classement tout aussi sympa, je déroulai et franchis l’arche en 6h42’02 à la 8ème place. Content d’avoir amélioré mon meilleur temps sur cette étape et d’y avoir fait une belle place.

    La météo toute la journée avait été très agréable, les nombreux arbres bordant le parcours ayant fourni de l’ombre, je n’avais pas eu trop chaud, ni froid. J’avais néanmoins fini tout trempé de sueur et la lessive après la douche était assez copieuse.

    En cette veille de première longue étape, j’avais bien sûr gagné le droit de dormir une heure de plus car mon départ était prévu à 7h30 avec les 7 coureurs qui ont fini devant moi et à 6h30 pour les moins rapides du jour.


    3/ jeudi 14 août : Pontivy - Guer 76 Km (208 Km)

     

    Nous avons tournicoté dans le gymnase, les huit premiers de l’étape de la veille, quelques temps à attendre le départ une fois que le peloton des 6h30 était parti. J’observais le rituel des Taïwanais avant l’étape : un échauffement basé sur une sorte de stretching, puis des gammes de pose de pied ou d’équilibre. Intéressant mais je ne le souhaitais pas le faire pas au risque de me blesser, moi qui étais souple comme un verre de lampe.

    Je remangeai un en-cas avant de prendre le départ non sans avoir participé à la photo immortalisant ce groupe des 8 (2 Taïwanais, 1 Allemande, 5 Français dont 3 de Loire-Atlantique). Départ prudent pour la traversée de Pontivy puis une fois sur la grande route je pris mon rythme laissant momentanément mes deux compères ligériens derrière, sachant qu’ils me croqueraient aux alentours du marathon. La circulation devint de plus en plus importante, les voitures roulaient vite, les camions étaient nombreux, mais à part deux ou trois fois, on a réussi à cohabiter ; la vigilance était néanmoins obligatoire. Se succédaient de longues portions de routes monotones avec des lignes droites où l’on apercevait des coureurs au loin, ceux que j’allais rattraper peu à peu, et quelques parties vallonnées un peu plus tranquilles. J’étais sur les mêmes bases que les jours précédents (4h23 au marathon, 5h12 aux 50km) mais arrivé à Ploermel, je commençai vraiment à en avoir plein les bottes. La traversée de cette ville animée après un passage assez long au ravitaillement s’avéra longue et les derniers hectomètres pour atteindre la voie verte furent tout aussi laborieux. C’est là que ma moyenne chuta un peu, chose que j’allais essayer de réparer sur la partie plane de 18km qui m’attendait. Comme je suis compétiteur et que je n’avais pas d’informations sur les coureurs me suivant au général mais partis une heure avant moi, je me décidai de prendre le taureau par les cornes et de jouer mon va-tout. J’adoptai une cadence de 5’30 au km, repris quelques coureurs du groupe 1 et je me fixai peu à peu l’objectif de finir l’étape de 76km en moins de 8h. Pour cela, il ne fallait pas mollir et même si je m’arrêtai aux deux ravitaillements, brièvement, même si je procédai à plusieurs vidages de chaussures envahies par des petits cailloux provenant du revêtement de la voie verte, je réussis à tenir mon objectif : 7h58’15. 8ème place, que je conservais au général aussi, creusant un peu plus l’écart avec mes concurrents directs de derrière à qui je reprenais plus de 20’. Ceux de devant ont aussi augmenté leur avance sur moi comme ça j’étais tranquille, je n’avais qu’à regarder derrière.

    Après l’étape, l’enchaînement de toutes les tâches à faire me prit tant de temps et d’énergie que je ne trouvai pas la moindre petite parcelle de temps pour écrire mon CR. Chose qui fut réparée le lendemain soir.

     

    4/ vendredi 15 août : Guer - Châteaubriant 67 Km (275 Km)

     

    Comme hier, je faisais partie du groupe N°2 qui devait partir 30’ après le groupe N°1. Trente minutes d’attente, c’était mieux qu’une heure et ça allait me permettre de remonter les coureurs du groupe 1 plus rapidement. Le départ fut donné sous un beau ciel bleu dans lequel il ne manquait encore que le soleil qui devait se la couler douce sous la couette, mais nul doute qu’une fois levé, il allait nous redonner du chaud au cœur et au corps. En attendant, la voie verte bordée d’arbres était bien agréable et ses 11km passèrent relativement rapidement. J’y ai dépassé plusieurs coureurs, certains un peu ralentis par la fatigue ou des débuts de blessures, d’autres plus prudents désirant récupérer de la longue étape de la veille.

    Un 15 août, on pouvait s’attendre à ce que les routes soient désertes, mais nous avons croisé beaucoup de motos se rendant à la bénédiction annuelle de Porcaro par où nous étions passés hier. Des voitures troublaient aussi notre quiétude donc comme la veille il fallait redoubler de prudence. La traversée de Guipry puis de Messac où nous avons franchi la Vilaine marquait comme tous les ans la fin de la première partie de l’étape. La seconde était moins intéressante, faite de lignes droites sans bas-côté mais avec de nombreuses portions ombragées. Les villages se succédaient et je dépassais progressivement les coureurs du groupe 1.

    Mon allure était encore correcte, passage au marathon en 4h22 et aux 50km en 5h11, mais je sentais que ça devenait difficile. Ce qui renforça cette impression c’était le temps que je mis pour rattraper, doubler et lâcher les coureurs du premier groupe, mais en y réfléchissant bien je me dit que c’était normal car leur allure était supérieure à celle des autres doublés précédemment. Certains en profitèrent aussi pour rester un peu avec moi, voire repasser devant, comme Angel ou Kelvin, d’autres ne furent pas distancés tout de suite et restèrent un moment à quelques dizaines de mètres derrière.

    Aux ravitaillements, j’avais trouvé un rituel quotidien qui semblait me convenir : le matin, je déposais dans les caisses des bouteilles de sirop de citron ou de pamplemousse et quand j’arrivais aux ravitos, je faisais l’échange rapidement ou je remplissais mes bouteilles vides et je pouvais manger en même temps. Je débutais l’étape en prévoyant de grignoter quelque chose au bout de 45’ puis après 2h15’ de course, sachant que le ravito N° 1 était environ à 15km du départ et le suivant à environ 30km. La suite les voyait être espacés de 10km en moyenne.

    La fin de l’étape fut dure, j’avais maintenu une bonne cadence pour essayer de revenir sur les deux seuls que je n’avais pas rattrapés mais ils avaient senti le coup venir et n’avaient eu qu’à augmenter légèrement leur vitesse pour me maintenir loin derrière eux. Au final, je mis 7h05’44 pour 67km, un peu déçu de n’avoir pas tenu le 9,5km/h de moyenne (là ça faisait 9,4 environ) mais j’étais satisfait d’avoir augmenté l’écart avec mes poursuivants. Lors de la prochaine étape, on finirait de traverser la Loire-Atlantique pour nous rendre à Saint-Georges sur Loire. 71km assez vallonnés. J’espérais que les fortes pluies qui avaient perturbé l’après-midi ne viennent pas gâcher l’étape pour laquelle je repartirais une nouvelle fois dans le groupe des 8 plus rapides, 30’ après les autres.


    5/ samedi 16 août : Châteaubriant - St-Georges-sur-Loire 71 Km (346 Km)

     

    Au moment du départ, nous avons appris que Jean-Jacques Moros, alors en tête du classement général, ne prendrait pas le départ : coup dur, encore une fois sur la TG. J’en avais vu des coureurs abandonner et pour beaucoup ça m’avait toujours attristé. Et ce matin-là ça faisait encore plus mal au cœur tant Jean Jacques était un garçon attachant.

    Tous les 7, puisque nous étions un de moins, nous sommes partis sous un temps clair et frais à souhait : tout laissait penser que cette longue étape allait bien se dérouler. Bien sûr, c’est quand on s’y attend le moins qu’il se passe quelque chose et à peine 1500m de parcourus que je fis une extrasystole qui déclencha une tachycardie. Je m’arrêtai, m’accroupis comme je savais le faire, respirai tranquillement et le cœur revint à un rythme normal. Bon, il allait falloir être vigilant pensai-je alors et 10’ après, ça recommença. Je m’arrêtai à nouveau : surtout ne pas paniquer ce qui entretiendrait le phénomène. Cela se passa encore en 30 secondes et je repris la route, pas très fier et surtout je commençai à me faire des scénarios catastrophe. Ma femme qui me rejoignit en voiture me demanda si ça allait et je lui expliquai que j’avais plus de crainte d’avoir à tout stopper que d’avoir du retard sur mes prévisions. Elle me rassura et je continuai en me disant que mon allure de course n’était pas si lente que ça. D’ailleurs je commençai peu à peu à doubler les coureurs du groupe parti 30’ avant. Suivront deux autres petites arythmies que je calmerai de le même façon. Une belle journée de merde s’annonçait.

    Je passai à Erbray, km 10,4 en 1h05’, donc je n’avais pas trop perdu de temps dans l’histoire et j’atteignis le 1er ravito à Petit-Auverné en 1h42 pour 16,4km. Je remontai tranquillement le peloton et je me rassurai progressivement quant à mon état de forme : de bonnes jambes, une bonne allure, un mental regonflé car les problèmes de rythme cardiaque semblaient avoir disparu. Je n’ai pas vraiment pu apprécier le paysage, assez monotone et sans doute parce que mon esprit était quand même orienté vers les sensations afin d’anticiper tout nouveau soucis. Néanmoins, j’avançais relativement bien, passais les ravitos en ne gaspillant pas de temps 50s pour le 1er, 45s pour le 2ème, 2’40s pour le 3ème où je pris quand même le temps de bien m’alimenter, 40s pour le 4ème. J’avais remonté presque tout le groupe des 6h30 et passai le marathon en 4h25, les 50km en 5h13, soit dans les mêmes eaux que sur les étapes précédentes. Je finis avec Gwen Quéant qui venait courir sa seconde étape et qui m’avait battu de 44 secondes la veille. Il tenait à finir avec moi, mais comme il était parti une demi-heure avant moi, je lui avais « mis » 30’, mais notre petit jeu avait été sympa et avait fait passer le temps et surtout oublier mes soucis de début d’étape. 6ème de l’étape, 7ème au général, avec un record d’étape battu de plus de 5’. La journée avait mal commencé, elle s’est mieux terminée.

    A noter qu’il ne faisait pas bon d’être multi étoilé ce samedi, car non seulement, JJ Moros avait-il stoppé, mais Marie-Jeanne n’avait pu rallier l’arrivée pour de gros problèmes de dos, tandis que les deux plus étoilés, Don et Daniel avaient terminé aux deux dernières places. Alors, je me dis que j’avais eu chaud moi aussi.

     

    6/ dimanche 17 août : St-Georges-sur-Loire - Doué-la-Fontaine 53 Km (399 Km)


    Nous partîmes tous ensemble du gymnase pour rejoindre en groupe et en marchant le château de St Georges pour un départ à 6h45. Cette petite étape était plate sur les 7 premiers km, dans la vallée de la Loire, puis bosselée à souhait sur les 25km suivants dans les coteaux du Layon, la fin étant moins intéressante car sur une longue route assez fréquentée, même pour un dimanche.

    Je partis vite (trop ? je ne sais pas) et j’ai pourtant rapidement été lâché par un groupe de 7 coureurs dont Hervé Rozec avait pris la tête. Je me sentais bien, mais tout comme hier, je dus stopper deux fois dans les 4 premiers km pour les mêmes raisons qu’hier. Pénible à la fin, mais je n’ai pas stressé et me suis contenté de repartir après m’être fait dépasser par beaucoup de coureurs. Le passage à Chalonnes au km 6 en 38’ me montra que je n’avais pas perdu tant de temps que ça et une fois la ville passée je me mis en tête une stratégie alternant course et marche en montée et course sur le reste. Le ravito N°1 fut atteint en 1h31 pour 14,8km, où je ne m’attardai que 40 secondes, le temps d’échanger mes bouteilles contre des pleines préparées le matin avant la course, je repartis à l’assaut des coureurs de devant. J’en rattrapai progressivement quelques uns et quand je me portai à la hauteur de mes potes Philou Gallou et JP Richard, je décidai de rester un peu avec eux.

    Le temps passe vite quand on court à plusieurs et qu’on bavarde, et malgré une dernière arythmie cardiaque qui me força à les laisser reprendre un peu d’avance, je remis les gaz et les laissai continuer ensemble. Mon objectif était, au départ de l’étape, de mettre 5h18’ (10km/h pour 53km) mais je dus me rabattre sur le plan B (moins de 5h30’), alors il ne fallait pas traîner surtout qu’il me restait deux coureurs à reprendre : une Taïwanaise et Jean Michel Fremery qui semblait avoir des ailes. Je ne mollis pas mais eux non plus alors quand j’arrivai à Doué, je ne rattrapai que la Taïwanaise, à 300m du but, pour terminer avec elle. JM était arrivé plus d’une minute avant nous. Le bilan de la journée n’était donc pas négatif, je n’échouais que de 58 secondes pour mon plan B et ne battais pas mon record de près de 3’, record établi l’an dernier alors que nous avions eu un parcours moins vallonné avec une longue portion de voie verte que Jean-Benoît a supprimée car certains coureurs l’avaient trouvée monotone. C’est vrai qu’au niveau paysages, on avait été une nouvelle fois servis. Les coteaux du Layon et auparavant le passage sur la Loire constituent des sites agréable à traverser.

    Maintenant qu’on avait franchi la Loire, on attaquerait la seconde semaine et ses plaines et plateaux à grandes cultures. Ce sera un autre paysage, mais tout aussi joli.

     

    7/ lundi 18 août : Doué-la-Fontaine - Monts-sur-Guesnes 58 Km (457 Km)

     

    Deuxième semaine, encore 43 rescapés. Pas trop de dégâts dans le peloton, mais des releveurs qui sifflaient et des tendinopathies qui apparaissaient en plus des sempiternelles ampoules ou coups de soleil. Veinard, je l’étais quand je constatais qu’en ce début de deuxième partie je n’avais rien, mis à part mes petits problèmes d’arythmies cardiaques que je ne savais pas dans quelle catégorie placer.

    Le départ de Doué la Fontaine au sortir de la nuit se fit dans une bonne ambiance, sans doute la moins grande longueur d’étape de la veille et de celle d’aujourd’hui avaient-elles remonté le moral des troupes. C’est vrai que la traversée de la Bretagne avec l’allongement des distances des étapes précédant la Loire avaient pesé sur les organismes. Je courus les 3 premiers kilomètres avec Rudy, venu faire son footing matinal avec nous, mais je dus le laisser continuer avec les copains au bout de quelques temps en raison d’une nouvelle tachycardie. 30 secondes de pause pour bien respirer et me calmer et je repartis. Trois autres arrêts du même type allaient venir perturber ma bonne marche mais je n’ai pas cédé pas à la panique et me suis reconcentré pour continuer ma route. Sur mon tableau de marche, j’accusais alors un débours de plusieurs minutes et plusieurs coureurs avaient pris la poudre d’escampette. Je me mis en tête de les reprendre un à un si plus aucun arrêt imprévu ne surgissait. A Montreuil-Bellay, je comptais encore 5’ de retard sur mes plus belles étapes et au loin j’apercevais des coureurs (Jean Michel, une Taïwanaise, Patrick) alors que je venais de repasser devant Angel. Le vallonnement me convenait et après le second ravitaillement, je dépassai et laissai sur place mes prédécesseurs. Au ravitaillement de Loudun, Patrick me reprit et nous avons traversé la ville ensemble, ensuite il profita de sa bonne vitesse de base et d’une partie plus roulante pour s’éloigner progressivement. Il me prendra 8’ en 14km. Je finis bien cette étape, mais n’avais pas réussi à atteindre mon objectif (5h48’ option gourmande, moins de 6h option tentée et réussie l’an dernier, plus de 9,5km/h soit mettre moins de 6h06’ 3ème option) : je terminai en 6h08’39 mais content quand même car j’avais repoussé encore un peu plus les coureurs situés juste derrière moi au général. A Monts sur Guesnes, nous avons enfin pu occuper le gymnase terminé depuis 4 ans mais qui comportait des malfaçons interdisant toute occupation humaine. Il fallait toutefois laisser les chaussures à l’entrée et porter les valises, mêmes celles à roulettes, mais c’était un luxe par rapport à la salle exiguë mise à notre disposition les autres années. Le pot à la Mairie fut suivi du repas au restaurant ; ce furent des moments sympathiques, resserrant les liens entre les coureurs surtout ceux qu’on ne voyait pas souvent car arrivant plus tard. Seul bémol à cette belle journée – sans compter la pluie qui s’est invitée en fin d’étape – c’était l’abandon de Mathieu Fréville, trop handicapé par ses releveurs et qui ne put assurer un tempo suffisant pour atteindre Monts dans les délais. A noter aussi les 2,5km de rab d’Hervé, le vainqueur de l’étape qui avait été trop vite et qui avait suivi un marquage erroné de la part du flècheur. Le fléchage ça ne doit pas être évident à faire même pour quelqu’un d’aguerri, je ne sais pas si je serais capable de l’assurer sans moi-aussi me tromper, même si j’ai une bonne maîtrise de l’itinéraire de la TG.

     

    8/ mardi 19 août : Monts-sur-Guesnes - Angles-sur-l'Anglin 63 Km (520 Km)

     

    On nous pose souvent la question : « Qu’est-ce qui vous fait courir ? ». Il aurait fallu venir courir la première heure de cette étape pour comprendre. Nous sommes partis à 42 coureurs peu après 6h30 sous un ciel complètement dégagé, il faisait donc frais un peu aussi. C’est encore une fois parti vite, même moi, mais j’ai su me contrôler pour revenir à un rythme moins soutenu. Mais je piaffais d’impatience de voir si j’allais une nouvelle fois avoir mes ennuis. Et bien, pendant plus d’une heure, je n’ai rien eu, j’ai anticipé les extrasystoles et n’ai pas déclenché de tachycardie. 6 coureurs se sont vite détachés, un mini groupe de 6 s’est formé derrière, dont je faisais partie, puis derrière, la file des autres coureurs s’étalait sur la route légèrement vallonnée menant à Châtellerault. Je restai en retrait de ce mini paquet car je trouvais que le rythme adopté était un peu trop rapide et je voulais rester à l’écoute de mes sensations. J’avais quand même mis la musique pour penser à autre chose et pour profiter du paysage d’une autre façon.

    9,7km/h de moyenne pour la première heure, j’étais sur de bonnes bases et quelques côtes un peu plus pentues ont commencé à venir perturber ma cadence. J’en profitai pour tester ma capacité à monter sans alterner course et marche et sans faire augmenter trop le rythme cardiaque. En haut d’une côte, j’eus une petite alerte, je m’arrêtai pour récupérer, moins de 30 secondes, et je repartis en me demandant s’il allait y en avoir d’autres. Au premier ravitaillement, je ne stoppai que le temps d’échanger mes bouteilles et de prendre une banane et deux biscuits, 50 secondes au total, et donc je remontai et dépassai peu à peu tous les coureurs du groupe de poursuivants. Seuls Jean Michel et Patrick étaient restés devant, mais à moins de 200m. L’arrivée à Châtellerault puis sa traversée se déroulèrent bien, je passai au ravitaillement N°2 en 3h06’ et j’en repartis juste avant mes deux compères. Seul Patrick arriva à me suivre et me dépassa au ravito N°3, juste au début de la longue route menant à Pleumartin. 4h03’ au km 39,5 me convenaient. Sur cette longue portion sinueuse et vallonnée située entre Châtellerault et ce troisième ravitaillement je pris du plaisir à constater que plus aucun ennui n’était venu me perturber, ainsi, au début de la D14 que naguère j’avais appris à détester j’avais encore plein d’énergie et la volonté de ne pas mollir, au contraire, j’avais envie d’en remettre une seconde couche. Patrick étant trop rapide sur le plat n’eut pas de mal à me distancer alors je me fixai un nouveau challenge : essayer de revenir le plus possible sur Stefano, le coureur Italien, parti avec les 5 premiers du général.

    A Pleumartin, après 10km effectués en 1h01’ (passage au marathon en 4h20 et au 50ème km en 5h09’) j’appris qu’il avait une dizaine de minutes d’avance sur moi, et que Patrick était intercalé entre nous deux. Beau challenge en perspective. L’objectif de faire moins de 6h30’ se dessina mais ma marge était ténue, il ne fallait pas flâner et trop regarder les papillons ou autres bestioles. C’était redevenu vallonné et sinueux, avec quelques portions ombragées bienvenues.

    J’atteignis mon objectif chronométrique mais Stefano conserva toutefois 5’ d’avance sur moi à l’arrivée. J’avais limité les dégâts et en fin de compte je m’étais rassuré quant à ma faculté de pouvoir accélérer dans la seconde partie d’étape. Je finis 8ème en 6h29’47 et restais 7ème au général.

    En fin de journée, Nicole nous offrit l’apéro pour son anniversaire, puis nous allâmes au restaurant à 19h30 avant une nouvelle nuit que j’espérais bonne. Un autre jour se lèverait après cette nuit avec 69km à courir sur une étape entre Angles et Saint Sulpice les Feuilles que j’avais surnommée l’étape érotique en souvenir de Serge G. (Gainsbourg bien sûr).

     

    9/ mercredi 20 août : Angles-sur-l'Anglin - St-Sulpice-les-Feuilles 69 Km (589 Km)


    La nuit fut bonne malgré de nombreux réveils et quand je décidai de me lever, la lumière n’était pas encore allumée. Je me préparai tranquillement, allai manger et rangeai tout mon barda. Lors de cette 8ème TG, j’étais mieux organisé que les années précédentes et je n’étais plus en retard aux briefings. J’anticipais le soir et préparais tout ce dont j’avais besoin le lendemain matin sans avoir à le chercher partout et à mettre sens dessus-dessous mes affaires pour me rendre compte que ce que je cherchais était juste là, devant mon nez. (Oui, vous aussi ça vous est arrivé ?).

    Le départ fut donné de l’endroit où nous finîmes la veille et donc la rampe descendante devint la rampe ascendante : sans doute pas loin de 15% sur 100m, ça échauffe vite les jambes ! Une fois là-haut, je me retrouvai en compagnie des 5 premiers, enfin, juste derrière et je me décidai alors à continuer sur le même rythme. Je fus largué rapidement et rejoint par Angel et Stefano. Nous courûmes de concert pendant un certain temps et je dus faire remarquer à Angel qu’il allait peut-être un petit peu trop vite. Il me dit que j’avais raison et que ses parents lui avaient conseillé de toujours rester derrière moi, de ne jamais être devant. Mais il ne les a pas beaucoup écoutés et s’est détaché malgré tout. Je refaisais la jonction à chacune de ses pauses « buissons » et il profitait de mes portions de marche pour m’alimenter pour reprendre le large. J’étais quand même sur du plus de 10km/h de moyenne et quand je vis que je passais les km en 5’45 à 5’55 et qu’il me lâchait néanmoins, je me dis qu’il filait à 11 au moins. Au premier ravitaillement, j’avais repris les devant, non pas pour chercher à le distancer, mais parce que j’avais juste échangé mes bouteilles vides contre des pleines préparées le matin avant le départ. J’ai tenu le 10 de moyenne jusqu’au 40ème km environ, mais au ravitaillement N°3 je pris 2’ pour m’alimenter – soupe, coca et gâteaux – et quand j’en repartis, ma moyenne avait baissé. Elle ne repassera plus au-dessus des 10, bien au contraire, donc je vis que je n’avais pas encore le gabarit pour tourner à cette allure sur une étape. Passage au marathon en 4h18’ puis aux 50km en 5h08’, je maintenais donc quand même une cadence intéressante. Mes deux compères (Angel et Stefano) étaient toujours dans les parages, mais ça ne me gênait pas du tout, ça mettait un peu de piment dans l’étape. Derrière, les poursuivants étaient loin.

    Au ravitaillement de chez Nicole et Françoise, je commençai à vraiment sentir la fatigue me tomber dessus. Je m’accrochai en courant dans les côtes le plus possible – il fallait s’habituer aux prochaines étapes montagneuses – et dans les descentes je déroulais difficilement. A 7km de la fin, au dernier ravitaillement, Angel m’annonça qu’il m’attendrait mais je lui dis qu’il devait filer, qu’il était en train de faire une belle étape et que je le rattraperais si j’étais assez costaud pour ça. Je ne le fus pas et il fila vers une belle 6ème place bien méritée. Je terminai avec Patrick revenu du diable vauvert en battant quand même mon record sur cette étape (de 40 secondes environ). 7ème ex-æquo en 7h13’30s je n’en demandais pas tant.

     

    10/ jeudi 21 août : St-Sulpice-les-Feuilles - Bourganeuf 62 Km (651 Km)

     

    Qu’il a fait froid ce matin-là au réveil. Les 6° au lever prévus par JB n’étaient pas une blague. Le gymnase en proie aux courants d’air dès l’allumage des projecteurs était une véritable glacière. Je me préparai en me couvrant bien et le trajet à pied pour rallier le départ me permit de voir que ça allait bien. Pas de douleurs, pas de muscles raidis, pas de sensation de froid. Je pris un départ rapide, pourquoi pas, et me retrouvai derrière un groupe d’habituels et peu à peu la hiérarchie se mit en place. Angel prit quand même les devants du groupe de poursuivants car les 5 leaders étaient déjà loin et je ne le revis que plus loin au gré d’un de ses fréquents arrêts techniques. Je consultai ma montre et remarquai que les 9,7/9,8km/h me convenaient. J’arrivai au premier ravitaillement en 1h32’ pour 15km et on me demanda si j’avais vu Angel. Il s’était trompé de chemin dans la ville et quand je repartis du ravitaillement, je l’aperçus qui revenait dans le sens inverse de la course. Il me rattrapa rapidement et je ne le revis plus avant un moment, et quand je l’apercevais c’était de loin. Je récupérai et dépassai Stefano et Patrick. Au second ravitaillement, km28 en 2h52, je pris un peu mon temps pour bien refaire le plein et anticiper les 12km ou plus qui me séparaient du ravitaillement N°3. Nous courions sur des routes tranquilles, ombragées, fraîches, la température était idéale, mais je transpirais abondamment.

    La dernière fois que j’aperçus Angel, ce fut quand j’arrivai au ravitaillement N°3, celui des M&M’s (Marcel et Marie qui nous avaient offert un apéritif la veille au soir pour leurs 50 ans de mariage) et comme à mon habitude j’y restai un peu plus longtemps afin de prendre une soupe, quelques rondelles de saucisson, un peu de melon, des morceaux de pêche et d’ananas ; pas étonnant que je sois un des seuls à prendre du poids sur la Transe Gaule. Le temps aussi d’échanger mes bouteilles contre des pleines, et je me retrouvai à nouveau avec Stefano et Patrick à mes trousses. Comme j’étais un relativement bon grimpeur, pas aux arbres vous aurez compris, je distançai de nouveau le coureur Italien et ne vis plus non plus Patrick. A l’avant dernier ravito, km50 en 5h18 (passage au marathon en 4h28’, soit moins vite qu’hier) j’étais tout seul et je me dis que les 12km qui restaient allaient être longs. Seule interrogation : une course cycliste devait emprunter la fin de notre étape (le tour du Limousin) et je n’avais pas d’informations sur le parcours de la fin de l’étape. Allait-il être modifié ? Je verrais en temps voulu. A peine sorti de ces pensées, Patrick déboula de derrière comme à son habitude et après avoir discuté quelques secondes, me laissa scotché au bitume. Je n’avais pas le niveau pour le suivre.

    Au dernier ravitaillement, il n’était plus en vue depuis longtemps et j’appris que la course passerait un peu plus tard et que je ne devrais pas être gêné. Je terminai péniblement car une très forte montée précédait les 500 derniers mètres. Le chrono indiquait 6h31’40s soit mon meilleur temps sur cette étape lors d’une Transe Gaule, le vrai record datant de la TransEurope où j’avais mis 4’ de moins pour exactement le même itinéraire.


    11/ vendredi 22 août : Bourganeuf - Peyrelevade 49 Km (700 Km)

     

    La plus courte étape de la Transe Gaule, si l’on exceptait l’ultime qui mènera les coureurs sur la plage de Gruissan, pouvait s’avérer piégeuse. Quelle stratégie adopter ? Se réserver en vue de la suivante de plus de 75km ? Y aller à fond et advienne que pourra ? Se faire plaisir ? J’avais choisi mon option : me faire plaisir et comme le plaisir de faire une belle étape rapide n’a pas d’équivalent, j’avais opté pour un petit peu de la deuxième option. Le départ fut poussif pour traverser Bourganeuf et surtout à la sortie de la ville quand sur 1500m le pourcentage avoisinait les 10 voire les 15% par endroits. Donc j’eus du mal et je me retrouvai bientôt lâché par des coureurs qui sont le plus souvent derrière : René, Alain, Angel, Stefano, JP et Philippe… Quand le profil devint plus correct, je me trouvai un petit rythme entre aisance musculaire et respiratoire et remontai peu à peu ces coureurs sauf Alain et Stefano qui avaient de bonnes jambes. Le profil n’était plus à la montée stricte, beaucoup de portions descendantes, de faux-plats montants ou descendants se succédèrent, cela permettait de faire remonter la moyenne : j’étais encore à moins de 9. Le passage au Compeix, km 7 en 46’, puis le passage au ravito N°1 km14 en 1h25’ me confirmèrent que la moyenne allait mieux et moi aussi. Je venais de dépasser Hervé qui ne pouvait plus vraiment courir sans ressentir ses douleurs au genou et à la hanche. La suite du parcours soi-disant en côte vers Royère de Vassivière était bien agréable ; des côtes, il n’y en avait pas vraiment et je me dis qu’elles seraient beaucoup plus difficiles vers Faux la Montagne et même vers l’arrivée.

    Au passage à Royère km22 en 2h13, j’avais presque retrouvé ma moyenne « objectif du jour » de 10 à l’heure. A ce moment, j’étais 5ème, j’avais dépassé mes compagnons de la montée dans le dernier raidillon vers ce village. Dans la descente je déroulai et atteignis le ravito N°2 en 2h34’ pour 26km. Pile poil du 10 de moyenne ! J’étais content et connaissant la suite jusqu’à Faux la Montagne, je repartis du ravito en maintenant la cadence. Le long du lac de Vassivière, je me remémorai les vacances passées en famille ici il y a quelques années. L’ombre qui était pratiquement présente tout du long depuis le départ maintenait une bonne fraîcheur : temps idéal pour courir, mais je savais qu’après le lac il y avait une partie un peu découverte où le soleil allait peut-être chauffer un peu. Je mis de l’écran total pour protéger mes tatouages, les nouveaux, comme je le faisais tous les jours depuis Roscoff. Souvent, Étienne l’accompagnateur d’Alain me rattrapait en voiture pour me demander si ça allait et pour trouver un endroit où se garer pour attendre Alain. Il était avec Mathieu qui avait abandonné suite aux blessures aux releveurs de la première semaine. Ils étaient sympas et on se marrait bien. Ils me prirent en photo peu avant Faux là où se trouvait le banc baptisé « le banc des Gaulois » par JB.

    Quand j’arrivai à Faux, en 3h27’ pour 34,2km, j’eus droit aux honneurs du comité d’accueil de la ville au niveau du 3ème ravitaillement. Speaker, musique, applaudissements… de quoi en repartir boosté. Un petit coup d’œil en passant vers l’étoile gravée en creux dans un bloc de granite au niveau du camping (je ne sais pas si beaucoup savaient qu’il y avait ça ici) et dans la descente au loin j’aperçus un coureur non identifié, mais en jaune fluo quand même. Qui était-ce ? Curieux comme tout, je me dis que je n’allais pas tarder à le savoir. Je mis 7km pour le rattraper : c’était un Taïwanais, le plus petit des deux de tête, et je pensai qu’il était cuit – ce qu’il était sûrement avant qu’il ne s’aperçoive que je lui revenais dessus. Après le ravitaillement N°4 au km42,3 en 4h13, au bord d’un lac, le Taïwanais repartit et dans la montée il s’arrêta pour prendre des photos. Je le dépassai en pensant qu’il ne suivrait pas. Il y a beaucoup de coureurs, surtout chez les asiatiques, qui détestent se faire dépasser en courant, alors ils s’arrêtent, font semblant de faire quelque chose ou nous applaudissent. Lui, il s’était arrêté prendre des photos et je ne pensais pas que 10’ après il allait me déposer sur place et me distancer d’1’30 sur la ligne d’arrivée. Mais je reconnaissais qu’il était quand même beaucoup plus rapide que moi. Je finis en 4h55’51s à la 5ème place, loin derrière Stéphane vainqueur de sa 3ème étape, mais pas si loin de Carmen, seconde, et de l’autre Taïwanais. Derrière moi, Stefano et Alain finirent ensemble, à 9’, puis suivirent Angel, René, Jean Michel… dans l’ordre « habituel » du classement. Seul Hervé était porté manquant dans la tête de course. Il arriva beaucoup plus tard, avec des coureurs à qui il prenait souvent 2 ou 3h. Mais quand on est blessé et qu’on est contraint de marcher pour ne pas avoir trop mal, il faut savoir l’accepter, ce qu’il avait fait. J’espèrais pour lui que les jours prochains allaient s’avérer meilleurs afin qu’il fasse une seconde partie de TG pleine de plaisir.

    2 départs étaient programmés pour le lendemain : l’un à 6h et l’autre à 6h30. Je ferais partie du second groupe. L’étape est longue : Peyrelevade – Mauriac 75km au moins ; beaucoup n’arriveraient qu’après 18h voire même plus tard.

    12/ samedi 23 août : Peyrelevade - Mauriac 76 Km (776 Km)


    Il faisait froid quand on se réveilla dans la salle. Dehors aussi, mais pas autant qu’on le craignait la veille.

    Nous partîmes relativement groupés, si l’on peut parler de groupe quand on est 5, et je me rendis compte que je n’avais pas trop de mal à suivre. Carmen se détacha progressivement puis Stéphane l’imita peu après. Les deux Taïwanais étaient devant moi mais à moins de 100m. Il faisait encore sombre et on commençait à apercevoir les hauteurs environnantes, les petits reliefs boisés et les prairies. La route montait mais c’était facile à ce moment de la course. Dans la longue côte pas très raide nous commençâmes à dépasser la queue du groupe parti avant nous, c’est là qu’on se disait que lorsqu’on les reverrait, on serait entrain de dîner. Au km7, on rejoignit la route de Millevaches, une longue ligne droite ondulée sur laquelle on distinguait les autres coureurs tous équipés de tenues fluo, jaune ou orange, très bien visibles de loin. Je passai devant un des deux Taïwanais et j’atteignis Millevaches en 54’ pour 9,250km. Je me sentais des ailes et commençai à me dire que j’étais bien parti pour titiller mon record sur cette étape (7h30 pour 75km en 2007, 3ème place avec Jochen Höchele). Aujourd’hui, il y avait un kilomètre de plus mais l’objectif restait le même. La partie après le village était vallonnée, le ravitaillement N°1 s’y trouvait au km 14,3 (1h24’) puis une longue descente menait à Meymac. Là, j’accélérai un peu afin de tenter de reprendre le second Taïwanais. Nous arrivâmes tous les trois ensemble, son collègue nous ayant rattrapés, à Meymac en 2h05’ pour 21,8km. Après Meymac, les deux ont accéléré un peu et j’ai été lâché. Je les voyais disparaître à chaque virage, mais je me rassurai en constatant qu’ils ne me reprenaient plus beaucoup au fil des km et des successions de montées et descentes. Le ravitaillement N°2 me permit de rattraper Hervé qui était encore gêné par sa tendinite du TFL, km 28,7 en 2h45, mais à ce moment-là, il repartit et se mit à augmenter sa cadence ; ainsi il me distança de manière progressive et irrémédiable en l’espace de quelques kilomètres. J’eus à cet instant de la course un petit souci de rythme cardiaque et j’en profitai pour m’arrêter et récupérer assis sur une murette, vidant à l’occasion une de mes chaussures d’un caillou sans doute imaginaire. Mon cœur reprit sa cadence normale et je repartis. Cet arrêt marqua le début d’une baisse de régime générale. Plus de Taïwanais à l’horizon, ma moyenne redevenue normale, passage au ravitaillement N°3 en 3h59’ pour 40,3km puis arrivée à Neuvic en 4h58’ pour 49,2km.

    J’espérais beaucoup faire remonter ma moyenne avec la descente vers la Garonne, mais sur les 15km, il n’y en avait que 8 de franche descente. Au ravitaillement N°4 à la sortie de Neuvic, je refis le plein de mes bouteilles et engloutis des bout de melon, d’ananas et de saucisson. Je dus manger trop vite et sans tout mâcher, alors je fus indisposé quelques kilomètres plus tard car les boissons ne passaient plus, « bloquées » avant l’estomac. J’essayai de vomir sans y parvenir et je dus ralentir. Une fois ce petit moment désagréable passé, j’eus du mal à retrouver un rythme de course intéressant et j’effectuai donc la descente sans pouvoir me relâcher. Les passages au ravitaillement N°5, km 60 atteint en 6h04 puis au pont sur la Garonne (km 64 en 6h30) me confirmèrent que mon objectif était mort car il restait alors 12km dont au moins 6 de bonne montée. Je dépassai un des deux Taïwanais, restai à moins de 50m de l’autre – je les avais rattrapés en fin de descente – et j’espérais encore finir devant eux. Je me dis que j’allais peut-être finir 3ème, mais c’était sans compter sur les bonnes courses réalisées par Angel et Patrick, partis 30’ avant moi et que je n’avais pu contrôler.

    Au final, dans la douleur, je franchis la ligne en 7h53’38, quand même à la 6ème place, juste derrière le Taïwanais que je n’avais pu rattraper. Stéphane gagna devant Angel puis Carmen, Patrick, le Taïwanais et moi.

    Globalement, j’étais content quand même malgré une très mauvaise gestion de mon étape. J’avais voulu tenter quelque chose mais n’avais pas eu les moyens de le réussir.

    L’étape de montagne du lendemain qui se terminerait à Jussac nous ferait traverser Salers et franchir 4 cols. Dénivelé prévu : 1064mcontre quand même plus de 1000 ce jour !


    13/ dimanche 24 août : Mauriac - Jussac 64 Km (840 Km)

     

    Après les fortes averses de fin de journée d’hier, on pouvait craindre d’avoir un temps maussade pour cette étape aux 4 cols. Au lever, nous étions rassurés, il faisait sec et à peine froid.

    Le départ commun fut donné à 6h30’ et tout de suite 4 des 6 premiers du classement général ainsi qu’Angel se retrouvèrent devant moi. La hiérarchie du classement général semblait respectée, il ne manquait plus qu’Hervé dont on ne savait pas s’il était en voie de guérison ou non et Patrick, habitué aux départs prudents. Je fus vite au courant de l’état d’Hervé, ce dernier me dépassant après à peine 10km, Patrick étant tout près de moi. Au bout de 14,6km, au 1er ravitaillement, je constatai que j’étais sous les 10km/h (1h29’) mais je me sentais bien, mis à part que je trouvais quand même que dans les petites montées j’avais les jambes lourdes, ce qui s’est confirmé un peu plus loin quand une nouvelle bosse se présenta. Je pensai que la montée vers le col du Legal allait être difficile si ça continuait ainsi. Salers, km 18,6 en 1h55’, que nous visitâmes grâce au parcours fléché par JB, me permit de prendre mon temps pour m’alimenter. Je mangeai la banane prise au ravitaillement, bus bien et entamai la descente digne du « Salers de la peur », descente à faire pleurer les releveurs, muscles jambiers fréquemment hyper sollicités et enflammés sur les courses à étapes chez les « novices », mais il peut aussi y avoir des cas de récidive chez certains anciens. Une fois la forte pente aux lacets serrés franchie, la suite permettait de relancer un peu la cadence. A Fontanges, km 24,6 pour 2h30’ de course, je vis que mon débours par rapport aux prévisions n’était pas si important que ça, mais nous n’avions pas encore commencé l’ascension du premier col. Au ravitaillement N°2, au pied de la montée, km 28,7 pour 2h56’, je pris mon temps pour bien reprendre des forces et je me retrouvai avec Patrick. Devant, tous les autres avaient déjà pris une grosse avance mise à part Carmen aux prises avec des problèmes intestinaux. Comme je le redoutais, la montée fut laborieuse, je ne pus pas courir tout le temps et j’optai pour l’alternance course-marche, alternance qui se fit de plus en plus fréquente avec des temps de marche supérieurs aux temps de course : mes jambes étaient de véritables poteaux de bois, je n’arrivais pas à faire partir les douleurs dues à l’acide lactique. La fatigue des dernières étapes sans doute, où j’avais quand même bien tapé dans le stock d’énergie. Il y avait des vaches qui faisaient tinter leurs cloches, cela donnait un peu de sel à cette fade montée. Quelques sources se présentaient permettant de mouiller la casquette même s’il ne faisait pas trop chaud. Je passai le premier col, le Col de St Georges, au km 32, en 3h24’, puis la courte descente avant de reprendre l’ascension vers le Legal me confirma que je n’allais pas faire une grosse performance. Km 38, en 4h08’ avec le 3ème ravitaillement auquel j’arrivai exténué, vidé de mes forces ; il fallait faire quelque chose, heureusement que la descente allait commencer pour faire de la borne et remonter la moyenne jusque-là pas folichonne. Je dévalai à plus de 10 voire 11km/h tout en restant prudent, je passai le 3ème col, le Col de Bruel en 4h37 pour 42,5km, et le dernier, celui de la Croix de Cheules en 5h10’ pour 48,3km. Le parcours ensuite nous fit prendre la route des crêtes de laquelle la vue était magnifique par ce beau temps ensoleillé. Nous quittâmes cette route au km 54 pour entamer une nouvelle descente périlleuse vers Marmanhac où se situait le dernier ravitaillement (km 58 pour 6h12’ de course). Allez Fab, plus que 6km ! Je les fis à une allure assez convenable sur une longue route plate ou avec quelques faux-plats pas méchants. J’arrivai à Jussac en 8ème position, après 6h50’36s, à plus de 9,3 de moyenne. L’an dernier, j’avais mis 4’ de moins, donc globalement, la mauvaise impression physique de cette journée fut tempérée par ce chrono « correct » mais en-deçà de mes estimations gourmandes (moins de 6h45’ à moins de 6h30). Le 1er arrivé fut Stéphane devant un Hervé renaissant puis un Angel toujours aussi fougueux, suivirent les Taïwanais, Patrick et Carmen. Moi je fus le 8ème suivi d’Alain et de René à 10 et 12’ environ derrière. Encore une longue étape se projetait le lendemain via Aurillac : 69km. On arriverait à St Cyprien sur Dourdou, tout près de Rodez.

     

    14/ lundi 25 août : Jussac - St-Cyprien-sur-Dourdou 69 Km (909 Km)


    Ce fut une nouvelle belle étape malgré un début poussif en raison de la succession de bosses assez raides puis la traversée d'Aurillac. Jusque-là ça pouvait aller puis comme prévu nous avons rencontré la circulation mais ce ne fut pas si laborieux que je ne l'aurais pensé et avais déjà vécu à plusieurs reprises. Mais un grand ouf de soulagement fut poussé quand j’arrivai sur la petite route tranquille vers Cabrespine et La Feuillade en Vezie.
    Les jambes allaient de mieux en mieux et je pus dévaler les deux descentes vers Cassaniouze puis vers Grand Vabre. Stéphane gagna l’étape devant un Taïwanais (le plus grand des deux du haut du classement) puis suivirent Angel et Stefano qui avait réussi à mieux monter les côtes et qui descendait aussi à 14km/h. Patrick, Carmen et moi finissions en à peine 5' et j'en profitai pour améliorer mon chrono de plus d'une minute. Derrière, Hervé qui avait eu un coup de mou puis le second Taïwanais (le plus petit) et le duo Alain-René complétèrent le haut du classement. Par rapport au reste du groupe des transe gaulois de gros écarts avaient été creusés. Il faisait chaud l’après midi (plus de 25°) et ceux qui sont allés à la piscine ont bien eu raison, pour être en pleine forme le lendemain sur du plus court (58km) avec quelques bosses raides et de longues descentes ainsi qu'un faux-plat montant pour finir. Nous étions installés dans le hangar à bestiaux où il faisait chaud et allions y passer la nuit.

    15/ mardi 26 août : St-Cyprien-sur-Dourdou - Cassagnes-Bégonhès 58 Km (967 Km)


    La douceur nous a accompagnés dès le départ de cette courte étape et le ciel couvert promettait une journée agréable et pas trop chaude. Le peloton s’est rapidement étiré peu après le départ et un groupe de 6 prit les devants. Je suivais à distance respectable sans chercher à faire la jonction. Je ne souhaitais pas partir trop vite, néanmoins j’avais l’objectif de passer à Marcillac en 1h maximum, avant la raide montée évitant la route « de la mort ». Au sommet nous attendait le ravito N°1 (km15). (Marcillac : 59’30 pour 10,250km ; ravito N°1 : 1h03’ pour 14,750km). Je n’avais pas rattrapé les 6 de devant : Stéphane, les 2 Taïwanais, Carmen, Angel et Stefano. La route légèrement bosselée pour nous mener à Rodez était calme et assez plaisante. Au moment où je m’attendais à ce qu’on rejoigne la route dangereuse, le fléchage nous indiqua de tourner à gauche et de suivre un chemin caillouteux. Super bonne trouvaille de Nicole (pendant la MilKil de juin) et ce nouvel itinéraire nous raccourcit l’étape de près de 1000m. Surtout, nous avons tous évité de nous mettre en danger en croisant tous les abrutis à grosse voiture qui sont les rois de la route. Et des comme ça, on en croisera des dizaines en fin d’étape. Plus leur voiture est grosse moins ils doivent en avoir dans le cerveau. Heureusement, les routiers étaient sympas et attentifs quand ils nous croisaient. Je leur faisais à chaque fois un petit signe de remerciement de la main. A l’entrée de Rodez, après avoir cheminé sur une piste cyclable pendant 4 ou 5km (3h01’ pour 29,2km) il fallait être vigilant pour ne pas s’égarer, même si je connaissais la route, on ne sait jamais, un changement de dernière minute pouvait avoir modifié le parcours.

    Le ravitaillement N°2 situé juste au pied d’une forte montée me permit de prendre du temps pour récupérer et grignoter quelques bouts de melon, saucisson et pêche. Allez, direction Le Monastère puis la route assez fréquentée vers le ravitaillement N°3 qui allait marquer le début de la partie la plus tranquille de l’étape (3h53’ pour 36,7km). Vivement le km 42 qui marquerait le début de la longue descente vers Pont de Grandfuel. J’avais repris du temps sur Carmen et Stefano que je pouvais apercevoir de temps à autres au gré des lignes droites, et quand j’arrivai au km42, Stefano n’était qu’à 100m devant moi. Bien sûr, il me distança dans la descente. Ma moyenne en profita pour remonter et repasser au-dessus de 9,4km/h, l’objectif final étant de faire moins de 6h pour 58 (ou 57) km. Je déroulais à 12km/h sans gêne particulière, tout en maintenant la vigilance au niveau maximal car les chauffards aveyronnais n’hésitaient pas à doubler dans notre dos ou de face même quand le véhicule dépassé se déportait pour nous éviter. Au ravito N°4 (km 46,5 en 4h54) il ne nous restait plus que 10 bornes, le coup était jouable. Je le jouai et je réussis mon contrat même si la route remontait relativement fortement pendant 5km. J’avais repris Stefano, l’Italien, avant la fin de la montée, mais sachant qu’il y avait 2,5km de descente avant la ligne d’arrivée, je ne me faisais pas d’illusions quant au final : il allait me reprendre facilement la minute d’avance au sommet et m’en remettre une ou deux par-dessus. Au final, je mis 5h56’26, Stefano était arrivé 1’30 avant et Carmen 1’ avant lui. Stéphane fut de nouveau vainqueur devant les deux Taïwanais puis Angel, Carmen, Stefano et moi. Hervé arriva ensuite devant René, Patrick et Jean Michel.

    La pluie s’était invitée à 10km de la fin de cette étape et cela faisait du bien. Par contre, le linge n’a pas séché et il faudrait trouver le temps dans l’après-midi du lendemain après l’étape de le faire sécher, à Saint-Sernin sur Rance. On allait franchir au km 35 le 1000ème km depuis le départ de la TG ; ça se fêterait et on aurait peut-être une petite coupe de quelque chose qui pétille. On verrait. De la pluie était encore annoncée pour le début de matinée. Journée ponchos en perspective si cela se confirmait.


    16/ mercredi 27 août : Cassagnes-Bégonhès – St-Sernin-sur-Rance 56 Km (1023 Km)

     

    Au petit matin dans le hangar encore baigné dans la nuit, les coureurs et bénévoles se sont peu à peu réveillés. La lumière n’était pas encore allumée, mais déjà les plus matinaux commençaient leur longue et minutieuse préparation afin de prendre le départ de cette nouvelle étape, la 16ème, relativement plus courte de 56km (54 + le nouveau site d’arrivée situé à près de 1500m au-delà de l’ancienne ligne d’arrivée). Ce rituel matinal, chacun avait appris à l’optimiser, comme des robots encore engourdis par les efforts des jours précédents, par la nuit pas trop fraîche mais pendant laquelle on a pu mesurer la quantité de fortes pluies qui avaient résonné sur le toit du hangar dans lequel nous avions pris place. Le linge de la veille, lavé et étendu n’avait pas séché totalement, on le mettrait ce soir si la météo le permettait. Le petit déjeuner, ritualisé lui aussi, avec café noir ou au lait ou thé, c’était selon l’appétit de chacun, accompagné de tartines de pain tranché ou de pain frais tout chaud venant de chez le boulanger local. Pour ma part, je n’avais pas assez d’appétit pour le pain et la confiture, je m’étais donc acheté quelques jours auparavant des pains au chocolat et j’avais une réserve de Nutella dans ma valise au cas où. J’avais prévu que mon stock dure jusqu’à Gruissan, c’est dire que j’en avais encore une bonne dizaine à dévorer. Mes bouteilles avaient été préparées la veille (lavage, rinçage et remplissage aux 9/10èmes d’eau) je n’avais plus qu’à leur ajouter du sirop de pamplemousse, le citron m’ayant donné quelques aigreurs d’estomac ces derniers jours et j’avais encore en réserve une bouteille de sirop de framboise. Je passai ensuite au pliage du sac de couchage, au rangement des sacs annexes, ceux qui me permettaient de « délayer » tout le bazar que j’emmenais mais qui disparaîtraient dès la fin de la Transe Gaule. J’appliquai ensuite mes pansements protecteurs sur les tétons afin de ne pas avoir de brûlures en fin de journée. Je mis les chaussettes et les chaussures, sans appliquer de crème protectrice dont je n’avais plus besoin, les pieds étant tannés par les presque mille bornes de faites depuis Roscoff. Ce fut ensuite le tour du lit de camp d’être plié et rangé dans le camion. J’enfilai mon sac à dos que je remplis : papier wc, crème solaire, écran total pour protéger les nouveaux tatouages, deux mini Bounty, un Lion, mes deux bouteilles d’eau avec du sirop et mon mini roadbook que j’avais de plus en plus de difficultés à lire, mes bras n’étant plus assez longs pour une lecture de loin. Mais, je le connaissais par cœur et il servait plus à me divertir qu’à me guider. Le rituel quotidien ayant été bien suivi et déjà retentirent les coups de sifflet de JB, le race director, afin de procéder au briefing. Ensuite, ce fut le moment de caler les GPS, puis survint le coup de sifflet marquant le départ. Bien sûr, pour une fois, mon GPS ne trouva pas de satellite et j’étais bon pour utiliser le GPS intégré, celui qui me permettait de connaître ma position pendant l’étape que j’avais déjà courue plus de 7 fois pour celle-ci, car lors de la TransEurope nous avions emprunté cet itinéraire.

    Je partis dans les premiers, comme d’habitude, et rapidement je vis que le train n’était pas si rapide que les jours précédents. La route montait pendant 5km, ça calmait les éventuels kamikazes ! Par la suite, les Taïwanais, Stéphane et Angel se détachèrent, suivis de Carmen, Patrick, René, Stefano et moi. Derrière ça suivait pas très loin, mais je ne me retournais pas pour vérifier qui suivait et qui était lâché. Le bornage de la route n’était pas très régulier et quand j’atteignis le haut de côte, je pensais que j’étais à plus de 10 de moyenne. En réalité, je ne devais être qu’à 9,5 d’autant plus que j’avais eu une petite alerte qui m’avait fait marcher une petite minute. Dans la descente, j’envoyai les kilomètres en moins de 4’, mais ces km ne faisaient que 900m et lorsque j’arrivai au premier point de repère kilométrique en 47’ à La Selve au km 7,7 j’ai constaté que j’étais sur un bon tempo mais pas aussi fantastique que les bornes kilométriques me le laissaient penser. Le ravito N°1 au km 13 après une autre montée, me confirma ma bonne marche (1h18’) et mon nouveau point de repère était placé au panneau d’entrée de Réquista au km 19 (1h56’) après une bonne montée. Après avoir traversé ce village, la descente vers Lincou fut agréable, malgré un revêtement grossier et quelques véhicules un peu rapides. Lincou (km 25,6 en 2h33’) est un très joli petit village que j’aurais pu visiter mais alors j’aurais perdu du temps et surtout le rythme que j’avais trouvé. Je passai donc directement au second poste de ravitaillement au pied d’une sérieuse montée de plus de 9km. La côte me permit de dépasser Carmen et je me suis surpris agréablement en voyant que je montais sans avoir besoin de marcher. Le ravitaillement N°3 était situé tout en haut, en fin d’ascension au km 35 atteint en 3h32’ ; j’avais bien couru avec quelques moments où j’avais alterné marche et course quand j’avais eu besoin de manger, de boire ou tout simplement de récupérer. En bas de la descente qui suivit nous franchîmes le 1000ème km de la TG depuis Roscoff au niveau de Plaisance au km 44 atteint en 4h27’. Le dernier ravito s’y trouvait. Il ne restait que 11km environ que j’effectuai sous un beau soleil. Heureusement que c’était encore le matin car j’aurais eu chaud. Il y avait encore de l’ombre, pas autant que lors de l’ascension puis de la descente précédentes, mais les petites zones protégées du soleil permettaient de se rafraîchir. Je finis l’étape seul, en 6ème position, en 5h36’35s à près de 9,9 de moyenne pour 56km (il y avait sans doute un peu moins) suivi de près par René et Yvonnick, Carmen et Hervé. Les autres de devant m’avaient bien distancés. Ce fut Angel qui remporta l’étape en 5h00’. Bravo petit champion ! Suivirent Stéphane, les deux Taïwanais et Patrick, tous à plus de 10 de moyenne ce qui leur valut de prendre le départ à 7h demain, tandis que nous, on devrait partir à 6h30. L’étape étant relativement longue (69km) le dénivelé important la rendrait encore moins facile. En revanche, la beauté des paysages marquerait une nouvelle fois les esprits, pour un peu que le soleil soit de la partie dès le matin. Assister à un lever de soleil sur les montagnes et contre-forts du sud du Massif Central, ça n’avait pas de prix.


    17/ jeudi 28 août : St-Sernin-sur-Rance – St-Pons-de-Thomières 69Km (1092Km)

     

    Les paysages traversés rendirent cette étape très belle comme prévu, avec un lever de soleil sur les massifs montagneux tandis que des bancs de brume recouvraient le fond des vallées.

    En revanche, j’eus du mal à rentrer dans cette longue chevauchée vers St Pons. Le départ donné, nous empruntâmes un nouvel itinéraire passant par la vallée du Rance composé de montées et de descentes aussi raides les unes que les autres, puis ce fut enfin la jonction avec le parcours classique, sur D33 vers Poustomy, le tout nous faisant économiser 500m sur la distance totale ramenée pour l’occasion à 68,5km. Ce qu’on avait gagné en distance avait été assez énergivore mais d’un autre côté on avait évité les dédales de ruelles avec ses passages où des escaliers pentus et glissants nous auraient fait risquer la chute.

    Je commençai à retrouver un peu de jambes dans la longue montée vers le premier col, mais je sentais que j’étais à la limite et que je n’avais pas de réserve de puissance pour accélérer une fois bien rentré dans l’étape. De plus, quelques petits désagréments gastriques me contraignirent à faire un court arrêt, court arrêt qui permit à deux coureurs de passer devant moi (Yvonnick et Stefano) et aux trois autres partis devant (Hervé, René et Carmen) de creuser un peu plus l’écart. Le groupe des 5 premiers de la veille était parti 30’ après nous, je savais qu’il n’allait pas déjà me reprendre tout ce temps. La montée qui me paraissait interminable se termina enfin quand j’arrivai au col de Peyronnenc où tronait le ravitaillement N°1 (en 1h50’ pour seulement 16,4km). La moyenne était inférieure à 9km/h ! Il fallait vite se reprendre. J’avais rejoint Yvonnick et Stefano avec qui j’allais faire l’accordéon pendant les 12 km suivants selon que la route montait ou descendait. Le second col, de Sié, atteint en 3h05’ pour 28,7km, précédait une courte mais très forte descente vers Lacaune où le ravitaillement N°2 était installé. Ce fut le point de départ de la seconde partie de l’étape : 3,5km de montée vers le col du Picotalen (km33 en 3h40’) suivis par une longue descente vers la Salvetat sur Agout (celui de l’eau pétillante). Cette partie était en pente douce au début, avec un revêtement grossier souvent composé de graviers puis cela s’amplifia et le changement de département – on arrivait dans l’Aude – fit que le route se transforma en un beau billard bien lisse. Je pus allonger la foulée et commencer mon opération « repasser au-dessus des 9km/h de moyenne ». Le ravitaillement N°3 me permit de rattraper Carmen, toujours accompagné de Stefano et Yvonnick. La Salvetat (km48 en 5h05’) marqua alors le début de la 3ème partie de l’étape : une forte et longue montée vers le col suivant, celui de la Baraque (km 54,2 en 5h55’). J’alternai course et marche, distançant Stefano sur le chemin raide du début mais restant à une distance raisonnable d’Yvonnick que je rattrapais de temps à autres. Le dernier col (le Cabaretou km 58,6 en 6h21’) constituait le début du dernier des 4 tronçons que je m’étais découpés mentalement avant l’étape et cette dernière partie constamment en descente pendant 10km fut propice à faire remonter la moyenne. 48’ pour descendre 10km, j’avais mené un bon train et j’arrivai à St Pons en 7h12’56s pour 69km à la 8ème place, derrière Yvonnick, René, Hervé (qui avait gagné l’étape) et 4 coureurs des 5 du second groupe. Nous avions eu un beau temps devenant chaud par endroits, comme si un énorme ventilateur pulsait des volutes d’air tiède, quelques parties ombragées apportant de la fraîcheur, un beau ciel bleu, un horizon dégagé… un paysage de vacances et de carte postale s’était offert à nous pendant toute la journée. Cela faisait oublier que ce ne fut pas facile du tout, mais après une bonne nuit de repos, je repartirais frais comme les autres matins. L’avant-dernière étape de 61km menait de St Pons à Moussan, via le col de Sainte-Colombe et Minerve puis le long d’un bout du canal du midi. Ça allait encore être beau mais peut-être difficile car le vallonnement y est encore conséquent.

    18/ vendredi 29 août : St-Pons-de-Thomières - Moussan 60 Km (1152 Km)

     

    Pour cette avant-dernière étape de la Transe Gaule 2014, rien n’avait changé dans le rituel de préparation, il fallait juste être prêt un tout petit peu plus tôt pour se rendre au départ en navette. Il faisait doux dans la pénombre et le jour n’allait pas tarder à se lever. Le ciel était partiellement dégagé, mais on devinait qu’il n’allait pas faire trop chaud tout de suite. Le départ donné, un bon groupe me précéda et je ne souhaitai pas me mettre dans le dur trop tôt car la montée vers le Col de Sainte-Colombe, je la connaissais bien et je savais qu’après 1500m de descente ou de plat, ça monte d’abord tranquillement et que parfois ça monte un peu plus fortement. Je contrôlais mon allure au GPS et constatais que j’étais à moins de 9,5km/h. L’objectif de cette étape était de tourner au moins à 9,7 pour ne pas faire baisser la moyenne générale. Mes compagnons de route à ce moment étaient Stefano, Yvonnick, Patrick, Carmen et Alain. Les autres, Stéphane, Angel, Hervé, les deux Taïwanais et René avaient creusé l’écart. Je les apercevais au loin quand la route tournait ou lorsqu’on voyait l’autre flanc de la montagne. Le franchissement du col en 1h04’ pour 9,6km m’obligea à allonger la foulée dans la descente et je fis remonter cette satanée moyenne après laquelle je courais aux alentours de 9,6 en bas de la 1ère descente puis après un petit raidillon qui me permit de bien m’alimenter avec un Lion que je dévorai, la crinière incluse, je repris ma belle allure de descendeur pour atteindre Boisset (km 18,6 en 1h54’). Je titillais les 10 de moyenne au pied d’une longue montée qui menait vers un panorama sur toute la partie sud du département et au-delà même. Par contre, pas de mer en vue, des nuages bouchaient l’horizon lointain. La montée fut difficile, mais je refis le retard sur certains de mes compagnons et je creusai encore plus l’avance que j’avais sur d’autres. Angel avait été déjà repris bien avant cette montée. Arrivé en haut de cette belle montée où le paysage était tout aussi magnifique que celui de la descente, je savourai l’idée de pouvoir remettre une accélération dans la descente vers Minerve. Du 12km/h environ pour atteindre ce village faisant partie des plus beaux villages de France. On traversa Minerve (km 28,6 en 2h53’), JB nous ayant concocté un petit détour de derrière les fagots. Je me régalai de ce beau site, de son canyon et de ses belles vieilles bâtisses. En en ressortant, Patrick me rattrapa et nous arrivâmes ensemble au ravitaillement N°2 puis au loin nous avons aperçu René et l’un des deux Taïwanais qui ne devaient plus compter que 5 ou 6’ d’avance. Les villages défilaient, d’abord La Caunette, au km 32,9 en 3h20’ avant le retour de l’alternance montée-descente dans le vignoble du Minervois, Paguignan, au km 39 en 3h57’ et enfin Bize-Minervois au km 47 en 4h47’. Pendant toute cette longue partie, je ne cessai pas de lutter contre moi-même, je voulais arriver au début de la dernière portion plate avec un matelas conséquent sur mes prévisions. Objectif atteint, je quittai le dernier ravitaillement au km 51 après 5h11’ de course. Plus que 10km et j’avais rejoint René, suivi de près par Alain tandis que Patrick produisit alors son accélération habituelle de fin d’étape. Je restai en meneur d’allure avec mes deux compères pendant 5km puis au train, je continuai sur le même tempo et je les lâchai.

    Je finis l’étape à la 5ème place en 6h08’01s soit mieux que l’an dernier (de près de 2’). Hervé avait gagné, devant Stéphane, Patrick auteur d’une belle fin d’étape lui permettant de faire un podium, puis le « grand » Taïwanais. Ensuite, ce fut moi suivi de René et Alain, Yvonnick, Stefano et Carmen.

    La dernière étape longue seulement de 40km nous mènerait le lendemain à Gruissan en passant par le Massif de la Clape où l’on risquait de retrouver de la circulation. Départ à 7h, arrivée des premiers vers 10h15 et des derniers pas après 14h, cut-off oblige. Pour ma part, deux options se présentaient : course peinarde pour finir sur un mode plaisir ou course en moins de 3h55’ pour faire mieux à la moyenne que l’an dernier.

     

    19/ samedi 30 août : Moussan - GRUISSAN-Plage 40 Km (1192 Km)

    Après une bonne soirée à Moussan, assez festive eu égard au fait que le lendemain se déroulait la dernière étape, courte de surcroît, inférieure à la distance du marathon, nous nous levâmes comme d’habitude avant 5h30. Les lumières devaient s’allumer à 5h30, mais les organismes habitués à s’éveiller un peu plus tôt n’avaient pas eu le temps de se dérégler. Cette dernière étape, celle de l’apothéose pour tous, le premier comme le dernier, s’annonçait belle, le ciel dégagé et la douceur ambiante lui donnant enfin une tonalité estivale. D’ailleurs, il fallait se préparer à avoir chaud aux alentours du Massif de la Clape, vers 9h30/10h. Le départ fut donné à la même heure pour les quarante, contrairement à l’an dernier ce qui avait posé des problèmes concernant l’ordre « logique » des arrivées sur la plage.

    C’est parti vite, Hervé effectuant un démarrage directement après le coup de sifflet de départ. Il fut suivi par Patrick et Stefano. Je ne le savais pas, mais Hervé lorgnait sur la troisième place qu’il souhaitait chiper au Taïwanais (le plus petit). Pour ma part, je partis moins vite que l’an dernier où le 12km/h était de mise afin de protéger ma 9ème place. Là, je ne craignais plus personne au général étant isolé entre le 6ème (Patrick) et le 8ème (René). J’étais donc environ 15ème au bout de quelques kilomètres, suivant le binôme Jean Pierre - Philou dont l’allure me convenait. L’an dernier, ils avaient mis 3h40’ (et moi 3h42’) et suite à une erreur de calcul de ma part dans le cumul des temps depuis le début à Roscoff, je croyais qu’il fallait que je mette moins de 3h54’ pour conserver ma seconde meilleure moyenne de mes 8 Transe Gaule. La pression était donc quand même là. Après 45’, j’eus envie de faire une pause technique et mes amis en profitèrent pour continuer leur route et me prendre 3’, le temps de mon arrêt. Je m’arrêtai au ravitaillement N°1 en 1h31’ pour 15,9km et après 2’ d’arrêt, je retrouvai quelques bonnes sensations, d’autant plus que de derrière étaient revenus sur moi Jean Michel, Yvonnick et Kelvin. Ils ne me dérangeaient pas plus que ça, mais je me mis comme objectif de rattraper ceux de devant plutôt que de me faire rattraper par ceux de derrière. JB avait noté à la craie sur la route aux points clés les temps de passage des premiers : km12 : Stephano en 53’, Hervé et Patrick en 57’ je crois ; je passai là en 1h10’ environ. Km20 : Hervé et Patrick 1h32’ (moi 1h57’), semi 1h38’ (moi 2h04’). Donc, j’avais une idée de l’avancée de mes copains nantais. J’étais poussif dans la montée vers la Clape que je passai en 2h18’ (km 23,2) et une fois là-haut, un paysage superbe s’offrit à mes yeux : la Méditerranée avec au fond vers l’Est, Sète et le Mont Saint-Clair (lieu d’arrivée de la MilKil ou 1000km de France) et à l’horizon vers le Sud Ouest, la chaîne des Pyrénées avec le Canigou, souvenir de la TransEurope qui m’avait fait passer à cet endroit en 2012. La descente s’avéra périlleuse en raison du flot de véhicules de plus en plus nombreux à nous croiser et du manque de bas côté pour se ranger quand certains ne daignaient pas se décaler. J’en frôlai des rétroviseurs dans la montée, et je crus que dans la descente ça allait être pareil. Or, JB avait trouvé un chemin très caillouteux et fortement pentu nous permettant d’éviter les dangers occasionnés par le grand nombre de voitures. On prit donc ce raccourci faisant économiser plus de 500m, mais ce fut assez périlleux quand même. Je rattrapai ensuite, dans le restant de descente vers Narbonne-Plage, mes amis JP et Philou avec qui je décidai de finir l’étape, au sortir du deuxième et dernier ravitaillement (km 26,3 en 2h35’). J’avais fait une croix sur mon hypothétique chrono de moins de 3h54’, en tout cas je n’avais plus envie de lutter et préférai terminer au rythme de mes amis. Nous avons fait les 13 derniers kilomètres ensemble, en bavardant et rigolant de temps à autres, mais surtout avec dans la tête que bientôt surviendrait la banderole de fin de TG. Nous sommes arrivés ensemble, laissant passer Elfio et Jean-Michel. 13èmes ex-æquo, en 3h56’23. A plus de 10km/h de moyenne quand même ! J’eus, au moment de mon arrivée, certainement plus d’émotions que lors de toutes les autres arrivées sauf peut-être la 1ère où j’avais tant souffert, mais où l’arrivée était plus une délivrance qu’une conquête.

    Il faisait beau, il y avait du vent, la mer était à deux pas, alors après une petite boisson rafraîchissante, j’allai me baigner et appréciai ça malgré ma frilosité légendaire. Je mis 10 bonnes minutes à entrer dans l’eau, mais une fois dedans, j’y restai longtemps… et j’y retournai plusieurs fois.

    Cette arrivée fut festive, comme souvent, mais là, puisqu’il était tôt, nous n’étions plus pressés alors nous en profitâmes un maximum. Il restait 4h avant de reprendre le bus vers Moussan, alors avec tout ce temps libre, on savourait.

    Voilà, ma 8ème Transe Gaule s’était achevée sur une bonne note, je réalisais ma seconde meilleure moyenne, près de la meilleure datant de 2008, à plus de 9,6 de moyenne, je finis 7ème, mon meilleur classement, le même qu’en 2007, et surtout, à aucun moment je n’ai été blessé. J’avais juste été perturbé par des arythmies cardiaques à un moment donné de cette longue traversée.

    Stéphane Pélissier a gagné l’épreuve qu’il avait bien maîtrisée, ne cherchant que rarement à creuser les écarts, pensant plus à bien gérer et à ne pas prendre de risques, pensant plus à prendre du plaisir qu’à se faire mal. Bravo l’ami, tu l’as méritée celle-là ! Le second était Taïwanais, déjà second du Tour de Taïwan par étapes, puis Hervé Rozec complèta le podium, revenu de loin pour chiper cet accessit au deuxième Taïwanais. En 5ème position et vainqueur chez les femmes, Carmen (3ème victoire je crois en 4 participations), suivait Patrick Poivet qui s’était bien amusé sur les dernières étapes et qui avait montré qu’il était un redoutable finisseur. J’étais 7ème et suivaient René, Angel, Stefano, Yvonnick et tous les autres.

    En 2015, pas de Transe Gaule pour cause de Tour de France pédestre auquel je ne pourrai pas participer (pas de congés et budget limité), alors je me tournerai vers une course que je rêvais de faire depuis un moment : la Loire Intégrale. En 17 étapes, on partira de la source du plus long fleuve français pour finir à son embouchure côté sud, à Saint-Brévin.

     

    à+Fab******€**



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