• Transe Gaule 2013

     

    Le dimanche 11 août, je pris le train pour rejoindre Roscoff, lieu de départ de ma 7ème Transe Gaule. Au fil des étapes j'avais prévu dans la mesure du possible de mettre en ligne un petit CR que j'aurai rédigé en fin de journée, comme je l'ai fait depuis 2005, année de ma première grande traversée.

    Le départ a été donné du pied du phare de Roscoff pour un petit prologue de quelques kilomètres (5 environ) pour rejoindre Saint-Pol de Léon qui marquait le véritable début de cette longue course pédestre de près de 1200km.

     

    1/ mardi 13 août : ROSCOFF – Plounévézel 68 Km (68 Km)

     

    J’ai passé une drôle de journée, sur la route, prenant un départ rapide car je sentais que j’étais bien, après le prologue de presque 6km que j’avais couru comme un échauffement, largement en dedans, marchant dans les côtes et essayant de réduire l’allure dès que la descente m’emportait. Je me suis chronométré pour le fun et j’ai vu que j’avais mis 37’45 pour les 5,4km.

    Donc une fois le départ officiel donné, un peu avant la ligne de départ de la course Saint-Pol Morlaix, j’ai commencé à courir à mon allure d’entraînement, à environ 10km/h et j’ai tenu ce rythme jusqu’au premier ravitaillement où je ne me suis arrêté qu’une petite minute histoire de boire et de remplir ma bouteille vide. Je suis reparti sur le même tempo mais le profil de la route a commencé à s’élever et j’ai donc ralenti car je ne pouvais pas aller plus vite. Jusqu’au second ravitaillement j’ai tenu la moyenne, mais après, progressivement je suis rentré dans le dur. Avancer me paraissait de plus en plus difficile, j’ai décidé d’alterner plus fréquemment la course et la marche. C’est dans cette seconde partie de l’étape aussi que l’ombre a commencé à se raréfier. Je suis parvenu à boucler l’étape néanmoins dans un temps honorable qui constitue mon second meilleur chrono sur cette ouverture de Transe Gaule. Ceci explique pourquoi j’ai un peu souffert pour arriver à Plounévézel. Des débuts de crampes sont apparus. J’ai sans doute payé une mauvaise hydratation avant la course et même la veille ainsi qu’une alimentation et un ravitaillement trop succincts lors des dernières 24h. A mon chrono, j’ai vu que j’avais mis 6h55’19 pour les 62km.

     

    2/ mercredi 14 août : Plounévézel - Pontivy 64 Km (132 Km)

    Pas de séquelles au réveil de la galère de la veille. Il faisait frais au départ, presque froid, et je me demandai si je n’aurais pas dû prendre un foulard pour éviter d’attraper mal à la gorge. Je pris un départ du même style qu’hier, en un peu moins rapide toutefois et je me retrouvai avec quelques uns de mes compères de la veille. On a discuté puis chacun est progressivement rentré dans sa course. La mienne prit une tournure comme j’aime bien : j’ai commencé à accélérer, me sentant de mieux en mieux et je me suis retrouvé avec mon copain – frère d’armes – Jean-Pierre avec qui j’allais finir l’étape. Que de souvenirs de courses ou plutôt d’étapes passées ensemble ! J’ai passé une excellente journée, sans trop voir le temps filer. Néanmoins sur la fin ce fut un peu dur, le soleil étant plus fort et l’ombre moins fréquente. De plus, les 4 ou 5 km avant l’entrée de Pontivy ne sont jamais aisés, avec la circulation. Même le nouvel itinéraire pour rallier la nouvelle ligne d’arrivée semblait interminable. On a passé la ligne ensemble avec JP en 7h09’32 pour 64km (ou un peu plus).

    Le lendemain une longue étape nous attendait. On verrait.


    3/ jeudi 15 août : Pontivy - Guer 75 Km (207 Km)

     

    Première grosse étape partant de Pontivy pour rallier Guer. Météo annoncée : temps ensoleillé et chaud. Heureusement que nous sommes partis à 6h30 et que les 19 derniers km se sont courus sur une voie verte. J’ai démarré l’étape en prenant un rythme relativement lent, laissant s’échapper les 6 ou 7 meilleurs de notre groupe des « moins rapides ». Les 6 premiers du général devaient partir une heure après. La sortie de Pontivy fut longue car nous sommes partis du gymnase et pas de la place habituelle. Bilan : 1km presque en plus qu’il fallait ajouter aux 75 prévus. La chevauchée sur cette longue route un matin du 15 août était moins dangereuse que lors des jours de semaine habituels. Il n’y avait que très peu de camions, mais plusieurs tracteurs et autres machines agricoles. Mais on n’était jamais en danger, ayant le temps de les voir arriver. Jusqu’au km 40 environ, j’étais avec d’autres gars, Robert et Renaud par exemple et petit à petit j’ai pris un peu d’avance, n’alternant pas aussi souvent la course et la marche qu’eux. Néanmoins, ils firent la jonction au poste de ravitaillement de Ploermël. Mais je suis reparti sans tarder et ils ne m’ont pas suivi. Je pensai qu’ils allaient revenir progressivement pour qu’on fasse la voie verte ensemble, mais je ne les vis plus et j’ai continué. Jean Jacques, le leader m’avait repris son heure depuis le km 47 et je m’attendais à voir d’autres coureurs du second groupe me passer. Seul Alain me dépassa sur le sentier ombragé et je me mis en tête de le suivre en haussant l’allure. J’ai tenu jusqu’au ravitaillement après les 6 premiers km de la voie verte et peu à peu il se détacha et disparut loin devant. J’avais quand même remonté ma moyenne en tournant à plus de 10km/h. Je suis arrivé en établissant ma seconde meilleure performance sur cette étape malgré les quelques hectomètres supplémentaires. 8h04’35 pour 75 km(ou plutôt 76km). Comme pour la première étape, j’étais fatigué mais content d’avoir fait le job.


    4/ vendredi 16 août : Guer - Châteaubriant 67 Km (274 Km)

     

    Quand on court un peu plus vite la veille, le lendemain on se calme un peu, en tout cas au début. Le nouvel itinéraire – la suite de la voie verte d’hier – s’avéra être un bon terrain de mise en jambes et les 11km de long passèrent assez rapidement à plus de 10 de moyenne. Pour quelqu’un qui voulait se « calmer », c’était plutôt mal parti ! Une fois retourné sur l’ancien itinéraire, la route, les choses rentrèrent dans l’ordre et j’essayais de bien dérouler afin de retrouver une certaine aisance un peu difficile à avoir dès que la route montait. Avec Renaud et Robert nous reprîmes Jean Michel, parti un peu vite comme à son habitude, puis Jean Pierre, et tous les quatre nous avons couru ensemble pendant plusieurs km. Arrivés au ravitaillement 3 à la Dominelais, JP et moi-même repartîmes avant eux et comme la veille je pensai qu’ils allaient revenir progressivement. Ils nous avaient toujours en point de mire mais peu à peu ils décidèrent d’alterner marche et course ce qui les a empêché de revenir. Quant à JP et moi, nous prenions des relais de 2km chacun par moment et de cette façon nous avons tenu la moyenne que nous nous étions fixée. La fin fut difficile, c’est normal, mais nous avons terminé ensemble en 7h20’32, ravis de notre journée qui avait été relativement fraîche et donc agréable avec une petite pluie qui n’a pas duré et qui nous a bien fait plaisir.


    5/ samedi 17 août : Châteaubriant - St-Georges-sur-Loire 71 Km (345 Km)

     

    Le départ fut donné à 6h31 et je profitai de la rue descendante pour imprimer tout de suite un rythme que j’allais conserver, ou essayer, pendant le plus long temps possible. Trois coureurs seulement devant moi, pas très loin, et qui n’avançaient pas beaucoup plus vite, il n’en fallait pas plus pour que je leur emboîte le pas. Jusqu’à la sortie de Châteaubriant nous restâmes étalés sur 100m puis quand nous prîmes la route d’Erbray, cela s’espaça. Un autre coureur nous doubla peu avant le km 7 (Hervé) et j’en profitai pour passer devant Jennifer et Roland dont la vitesse en ce début d’étape ne convenait plus. Étais-je en train de faire une bêtise ? Je connaissais le profil de l’étape et savais que la première partie était peu accidentée ainsi je voulais engranger des km avant les premiers véritables reliefs. Les autres coureurs derrière notre petit quintette n’étaient pas si loin et certains nous ont même rejoints au ravitaillement du km 16. Je continuai sur mon rythme de 10km/h encore pendant un bon moment, étant alors 4ème de ce groupe des partants de 6h30. Il faisait gris et un peu lourd, j’étais trempé de sueur et je buvais autant que je pouvais afin d’éviter de me retrouver déshydraté. Au second ravitaillement, plus personne en vue ni devant ni derrière et je continuai donc sur ma lancée. Au 3ème poste de ravitaillement, j’aperçus Jean Jacques au loin qui m’avait presque rattrapé, mais il mit plus de 6km à me doubler, ne cherchant pas à aller plus vite qu’à son allure de croisière. Avant dernier poste de ravitaillement, à Villemoisan que je quittais au moment où Rémy et Jean Pierre arrivaient : un petit signe de la main et je filai sachant qu’ils me rejoindraient sous peu. Ils mirent quand même plus de 8km à faire la jonction, au niveau de St Augustin des Bois. A ce ravitaillement, nous décidâmes de faire la suite et la fin de l’étape ensemble. Christian et Pierre, du groupe des 7h30 nous doublèrent et JP nous demanda alors de continuer sans lui les 4 derniers km. Il se sentait fatigué et ne voulait plus tirer sur l’organisme. Rémy et moi avons fini l’étape ensemble en 7h33’. C’était ma meilleure 5ème étape de mes 7 déjà courues.

    Le soir le repas était assuré par mon frère Laurent et son amie avec leur camion : ils nous firent une délicieuse paella. Ils devaient nous quitter le lendemain soir après l’étape et je savais que beaucoup de coureurs allaient regretter le confort que la restauration rapide d’après-course pouvait apporter. On ferait « à l’ancienne », on irait dans les supérettes se ravitailler les soirs où les repas ne seraient pas prévus.

    Une petite modification était prévue pour l’étape suivante : une quinzaine de km seraient à effectuer sur une ancienne voie verte, faisant éviter de nombreux vallons des coteaux du Layon.


    6/ dimanche 18 août : St-Georges-sur-Loire - Doué-la-Fontaine 53 Km (398 Km)

    Sur mes anciens parcours d’entraînement lors des 15 premiers km, cette étape a souvent constitué une journée de plaisir. Les souvenirs ressurgissaient par paquets et les paysages me firent revenir plus de 20 ans en arrière, mais comme j’y passais presque tous les ans depuis 2005, d’autres bons ou moins bons moments revinrent aussi.

    Le départ fut donné devant le château de St Georges sur Loire, la température était déjà douce. Comme le ciel était couvert, on espérait ne pas avoir trop chaud.

    Les 6,5km menant à Chalonnes – où j’ai habité – se sont bien passés, j’avais quitté le groupe des 8 ou 10 qui avait déjà pris un certain retard sur les coureurs de tête. Mais le rythme de ce groupe n’était pas celui que je souhaitais suivre, donc je me mis à prendre le sillage d’Hervé qui ne voulait pas avoir à trop bavarder avec un peu tout le monde même si c’est sympa et parfois assez drôle.

    A la sortie de Chalonnes, premier raidillon et je me mis à marcher afin de manger une barre énergétique, à mi-distance entre le départ et le 1er poste de ravitaillement. Charles m’avait déposé sur place à ce moment et je ne le reverrais plus de la journée, sauf en point de mire pendant les 10 km suivants. Le ravitaillement à St Aubin de Luigné se fit rapide, juste le temps de remplir une bouteille et d’échanger ma vide contre une pleine déposée dans le bac R1 ce matin avant le départ et en emportant quelques gâteaux à grignoter, je repris ma course, en solo cette fois. Nouveauté de cette année, à la sortie du village au lieu de franchir le Layon, nous empruntâmes la voie verte jusqu’aux abords de Thouarcé. Cette voie verte était très agréable, jolie, fraîche et comme je ne connaissais pas cette partie, j’en appréciai encore plus sa découverte. Un peu bitumée par endroits, la plupart du temps le revêtement était composé de terre stabilisée avec quelques gravillons. J’avais bien soutenu mon allure, dépassant Hervé qui ressentait une petite gêne et préférait ralentir, ainsi j’arrivai au poste de ravitaillement N°2 (km 28 environ) poursuivi à quelques centaines de mètres par un petit groupe qui je pensais allait me rattraper. Il n’en fut point car arrivé à Thouarcé, je ne vis plus personne derrière. Passé ce dernier village, il restait 14km et la route n’était pas très agréable dans ce sens où le revêtement grossier râpait les chaussures si on avait une foulée trop rasante. J’ai dû penser à maintes reprises à lever un peu plus les genoux afin de ne pas trop éroder mes semelles. La fin fut, comme toujours sur cette étape, assez longue à venir et je commençai à ressentir un peu la chaleur malgré le vent. J’arrivai en 5h28 établissant une nouvelle fois ma meilleure moyenne bien que cette année il faudrait la recalculer avec la véritable distance (52 au lieu de 53km). Mais, ce n’était pas important en soi, ça me montrait juste que j’étais sur les mêmes bases qu’en 2011 et j’étais ainsi un peu rassuré sur mon état de forme. Le lendemain, on quittait la région pour arriver à Monts sur Guesnes.

    Laurent, mon frère dont c’était l’anniversaire ce jour (50 ans), et son amie nous quittèrent. Il allait falloir se réhabituer à faire des courses dans les supérettes ou à déguster des Bolino juste après les arrivées. Avec le camion pour préparer une grande variété de sandwiches ou de plats chauds, ils avaient été très appréciés par la majorité des coureurs.


    7/ lundi 19 août : Doué-la-Fontaine - Monts-sur-Guesnes 58 Km (456 Km)

     

    Une petite pensée pour Laurent, mon frère, ce matin au moment de partir. Cet après-midi à l’arrivée il n’y aurait pas de camion pour se ravitailler. Si j’ai passé une belle première semaine, ils en étaient pour beaucoup. Je pensais revoir Rudy au départ pour nous accompagner quelques km, mais comme il devait travailler au zoo, il n’a pas dû réussir à se libérer. Il était venu nous voir la veille et c’était sympa.

    Je pris le départ avec mes camarades, à 6h31. Sur la ligne, il y avait inscrit 398 soit le nombre de km déjà effectués depuis Roscoff. Que ça passe vite ! Dans deux jours ou au début de la 10ème étape on serait à mi-parcours. On n’y était pas, il y avait encore du boulot avant.

    Donc je quittai Doué et arrivai rapidement sur la célébrissime Voie Bonnot du nom de son génial inventeur qui a participé à la Transe Gaule à zéro abandons (2005, j’y étais aussi) et à la TransEurope 2012, il est accessoirement créateur de l’Ultra Trace de Saint-Jacques, course à étapes suivant les chemins de St Jacques de Compostelle depuis Le Puy-en-Velay jusqu’à St Jean-Pied de Porc. Mon rythme était bon, je n’étais pas tout seul à tenir ce train relativement rapide. Qui suivrait ? Qui se détacherait ? Qui devrait ralentir ? C’était une sorte de poker menteur amical qui se jouait et moi, j’étais aux anges, ça m’amusait, c’était comme ça que je voyais les courses. J’avais déjà emprunté ce parcours et beaucoup de souvenirs revenaient, comme si c’était hier, je savais à l’avance où marcher, où me ravitailler en attendant le vrai ravito d’après Montreuil Bellay. Je me détachai peu à peu accompagné des deux plus jeunes du peloton, Charles et Angel avec qui je discutais un peu. Ils avaient déjà de l’expérience et je n’avais rien à leur apprendre, de toute façon ils étaient grands et assumaient leur stratégie. A Montreuil, la montée au château me fit marcher et récupérer, je les laissais partir devant, derrière les autres copains étaient proches. Au ravitaillement, une première cassure dans le groupe s’opéra. Hervé, Charles et moi ne nous y attardions pas et prîmes une bonne avance. Roland le suisse n’était pas loin, par contre devant, les autres étaient déjà hors de vue depuis un bon moment. Les villages défilaient, à flanc de coteau : Coulon, Antoigné, Pouançay, St Léger, et d’autres lieux-dits aux noms tout aussi exotiques.

    Charles « s’envola » , je repris Hervé et arrivai avec lui au second point de ravitaillement. La suite, je connaissais et je n’appréciais que modérément, mais cette fois elle allait bien se passer, en tout cas je trouvai un bon rythme et le conservai malgré le soleil et la chaleur qui s’amplifiait. J’atteignis Loudun et son ravitaillement, j’y stoppai à peine le temps de boire une soupe chaude et salée, de manger des morceaux de melons et de pêche, j’échangeai ma bouteille pour une pleine et remplis l’autre qui était vide. J’avais repris l’habitude de courir avec une bouteille dans chaque main (2 fois 50cl), plus une petite « de secours » dans mon holster (33cl). La traversée de Loudun me fut plus facile que lors de mes derniers passages et je fus rapidement sur ma copine la D14 (voir les épisodes des saisons précédentes). Là, j’engrangeai les bornes et malgré la chaleur et un fort soleil, je parvins assez facilement à en venir à bout. C’est que dans la tête me trottait l’idée d’établir mon meilleur score sur cette étape depuis que je la fais. Pour cela, il fallait mettre moins de 6h03’. Roland me rattrapa et peu à peu prit ses distances, je n’allais même pas essayer de le suivre, ça aurait été bête de couler une bielle pour finir avec lui. Le classement, jusque-là il n’y en avait pas mais tout le monde savait où il en était, ne constituait pas ma priorité, ce que je visais, c’était de faire mieux que ce que j’avais fait les années précédentes ; ce challenge était mon moteur. Jusqu’alors, j’améliorais mes temps sur certaines des étapes, mais aurais-je assez de force pour monter encore plus en régime, comme je l’avais fait en 2007 et 2008 ? On verrait, ça laissait un peu de suspens pour les deux semaines à venir.

    Après le dernier ravitaillement, je vis encore Roland qui s’éloignait et je repartis après avoir bien bu et rempli une seule bouteille. La voie verte se présenta pour 4km avant les 1500 derniers mètres. Là aussi je courus à un bon rythme, les moins de 6h étaient en vue si je ne m’étais pas planté dans les prévisions. Je débouchai du chemin un peu ombragé qui m’avait redonné de l’énergie et je fis la fin en déroulant quitte à marcher lors de la dernière montée. Je passai l’arche à 12h30 soit 5h58’ après avoir quitté Doué. Record perso pour cette étape. J’avais fait le job.

    Surprise à l’arrivée, je reçus un t-shirt offert par Sébastien, qui faisait aussi la TG, et qui était auto entrepreneur et concepteur de t-shirts de la marque Courtoujours. Un barbecue était installé et je pris des saucisses grillées accompagnées de pâtes préparées par Jean-Claude Le Gargasson et sa femme ; ça me rappela qu’il y a un an on courait ensemble la première étape de la TransEurope, tout comme Jean-Benoît et Jean-Pierre.

    Une fois le rituel effectué, douche fraîche bienfaisante, linge lavé et étendu, c’était à mon tour de me reposer avant les festivités du soir : vin d’honneur offert par la Mairie puis repas au restaurant qui allait rouvrir rien que pour nous.

    Ensuite, une bonne nuit avant une nouvelle étape, un nouveau challenge.


    8/ mardi 20 août : Monts-sur-Guesnes - Angles-sur-l'Anglin 63 Km (519 Km)

    Devant le château de Monts sur Guesnes, notre groupe de 52 prit le départ sous les ordres du Maire peu après 6h30 pour une étape de longueur moyenne menant à Angles sur l’Anglin. La célèbre D14 allait nous servir de ligne pour écrire une nouvelle page de notre Transe Gaule. Les quelques blessés ou convalescents espéraient passer une journée meilleure que la précédente, certains sachant déjà qu’ils devraient serrer les dents pour atteindre l’arrivée dans les temps.

    Je suis parti vite – un peu trop ? On verrait ça plus tard - et j’ai emboîté le pas de Christian et Alain dont l’allure de début d’étape me convenait. Cette portion de D14 n’était pas si désagréable que ça sur ses 15 premiers km ainsi je tenais une bonne moyenne pour virer au ravitaillement N°1 en 1h30’. La « hiérarchie » était globalement respectée, même si Charles avait passé la vitesse supérieure, suivi de loin par Jean-Michel. Christian restait prudent et effectuait de nombreux arrêts pour réajuster un pansement et Jobst était encore dans le milieu du groupe de l’arrière. Les km qui menaient à Châtellerault devinrent de moins en moins faciles surtout parce que la circulation automobile se densifiait et parfois m’obligeait à me mettre sur le bas-côté quand il y avait des croisements avec des camions.

    La traversée de cette ville moyenne se passa relativement bien, mais de devoir être attentif à plein de choses, de sauter d’un trottoir à un autre, de devoir attendre que les feux soient au vert, un coup de fatigue arriva juste avant le ravitaillement N°2. Rémy m’y rattrapa et nous fîmes la suite de l’étape ensemble. D’abord à distance (100m) puis peu à peu nous avons vu qu’il était moins monotone de pouvoir échanger quelques mots de temps en temps. Et de taper la discute, ça faisait avancer et les km paraissaient moins longs. La forte pente de Targé puis les coteaux vallonnés vers Senillé ont réduit notre cadence de course de manière significative, mais au moins nous avons pu récupérer quelques forces pour la longue portion de route menant à Pleumartin une fois le ravitaillement N°3 passé. C’est là que j’eus un bon coup de mou : mon allure au début de cette route et jusqu’au passage des 500km (km 44 de l’étape) était encore de 10km/h et avec Rémy nous faisions quelques relais afin de relancer l’un et de reposer l’autre. Peu à peu la cadence passa à 6’10/km puis à 6’20 et je ressentis le besoin plus fréquent de marcher, ne serait-ce que quelques dizaines de mètres.

    Km 50, Pleumartin, plus que 13 bornes à faire. Le ravitaillement passé, Jobst nous avait rattrapés et laissés sur place depuis un bon quart d’heure, nous fîmes la jonction avec Jean-Michel qui n’allait plus aussi bien qu’au petit matin. Il ne nous suivit que 500m puis nous nous détachâmes irrémédiablement pour continuer à assurer l’étape et une moyenne assez satisfaisante compte-tenu de la chaleur, même si le vent la tempérait. Les derniers km, comme d’habitude quand on a joué avec le feu, s’avérèrent rudes à avaler mais avec Rémy nous étions quand même parvenus à les faire sans trop mollir. Je ne battais pas mon record de l’étape, il y avait 7’ de trop, mais au final j’étais satisfait.

    Le folklore à Monts sur Guesnes, c’est qu’il n’y avait pas de douches, alors une installation sommaire avec un jet d’eau froide nous permit de nous laver. J’ai rusé en mettant de l’eau chaude (grâce à une bouilloire) dans ma petite bassine en plastique et je pus me rincer à l’eau tiède sans pousser les cris comme les autres l’avaient fait avant moi. La salle des fêtes en revanche était toujours aussi belle et bien aménagée. On y dormirait bien avant la longue étape du lendemain (69km).

    Après un petit repos, je suis allé faire du tourisme dans le village. C’est l’avantage de ne pas être blessé et d’être arrivé en début d’après-midi (13h15). Le soir, dîner aux restaurants (il y en avait deux au choix), payés par l’organisation comme ceux des 5 prochaines étapes.


    9/ mercredi 21 août : Angles-sur-l'Anglin - St-Sulpice-les-Feuilles 69 Km (588 Km)


    Une longue étape (69km) avec du relief nous attendait aujourd’hui. Après une nuit assez bonne, seulement réveillé en sursaut une demi-douzaine de fois par une porte que les « pissous nocturnes » ne retenaient pas et qui donc claquait juste à côté de l’endroit où j’avais installé mon couchage, je me sentais en assez grande forme. Vous savez, et je l’ai déjà vécu à de nombreuses reprises, comme quand on a l’impression de n’avoir pas couru la veille. Et bien en ce matin où la pleine lune allait se coucher, j’envisageais de me faire un peu plaisir.

    Le départ du bas du château en ruines s’effectua dans une forte pente où seulement quelques gars coururent. Les autres dont je faisais partie ne commencèrent à courir qu’en haut de ces 150m pentus. Je me suis vite retrouvé dans le groupe des poursuivants, de celui qui ne pouvait rester au contact des rapides, et mon allure augmenta au fil des premiers km.

    Je savais que jusqu’à Le Blanc, c’était une belle route tranquille avec quelques bosses et c’était assez aisé de tenir le 10 voire le 10,5km/h. Comme la plupart du temps, je marquais une courte pause tous les quarts d’heure pour boire et toutes les 45’ pour manger une barre de céréales ou un Twix.

    Après Le Blanc, je pris la route de l’école de gendarmerie puis filai sur Belâbre où se tenait le second ravito. Je franchis le joli pont fleuri, suivis une longue route vallonnée mais tranquille menant à Lignac. Au fil des bornes, je me retrouvai avec Jennifer, Roland, Alain, qui n’était pas en grande forme, Rémy et Hervé. Nous avions dépassé Charles au poste de ravitaillement et pensions le revoir mais il n’en fut rien. Avec Rémy, nous laissâmes Roland et Hervé se détacher et nous restâmes ensemble.

    De Lignac jusqu’à Chaillac, ce fut une longue route au revêtement rugueux obligeant à faire l’effort de lever les pieds pour ne pas faire du rap (pour ne pas râper les semelles, je précise). Cette portion fut laborieuse, mais le train que nous avions adopté fit passer le temps assez vite. A Chaillac, se trouvait le ravitaillement N° 4 et il n’y avait plus que 19 voire 18km à courir, soit 2h environ. Nous repartîmes, apercevant Hervé loin devant et Jennifer loin derrière. La succession des montées et descentes nous permit d’alterner course et marche ; chaque portion ombragée était la bienvenue, nous rafraîchissant, et comme il y avait un peu de vent, on n’avait pas trop chaud.

    Passage à Beaulieu puis au dernier ravitaillement avec le tour d’un petit étang en prime et il n’y aurait plus que 7km à faire pour finir l’étape. Avec Rémy, on égraina les km pour finir enfin par la dernière montée vers l’arrivée à St Sulpice les Feuilles. 7h20’ de course qui s’étaient bien passées au final.

    J’ai eu le temps de faire plein de choses l’après-midi, notamment des courses pour refaire mon stock de boissons et de barres chocolatées. Le soir, le dîner au restaurant fut très copieux. Ensuite, après avoir rédigé un petit CR, il était grandement l’heure de me coucher.


    10/ jeudi 22 août : St-Sulpice-les-Feuilles - Bourganeuf 62 Km (650 Km)

     

    Au revoir Angles sur l’Anglins et bonjour la Creuse et le Limousin dans lequel nous étions déjà depuis hier. Petit matin frais, mais bonne chaleur avec beaucoup de soleil prévus, alors il fallait s’être bien préparé et notamment les boissons qu’on pouvait mettre dans les caisses de ravitaillement. J’avais préparé mes trois bouteilles de coca dans lesquelles j’avais mis de la grenadine avec de l’eau. Les bouteilles portent des noms, c’est la nouvelle mode de Coca Cola et j’ai pris l’habitude de déposer au R2 Alexandra, au R3 Caroline et au R4 Élise ; ça changeait des boissons habituelles qu’on trouvait sur les tables. Je m’étais fait aussi 2 autres bouteilles que je transportais, l’une dans la main, l’autre dans le coffre (surnom de mon holster) et ainsi je pouvais tenir du départ au R1 puis une fois de nouveau remplies avec du coca je pouvais tenir jusqu’au R2. A ce moment, on avait déjà fait environ 30km et à partir de là je portais deux bouteilles dans mes mains, « à l’ancienne », c'est-à-dire comme lors de mes premières courses d’ultra puis à étapes.

    Le départ donné, Jean-Benoît avait pourtant prévenu, les quatre ou cinq bolides s’emparèrent de la tête de course et prirent une mauvaise direction. Je me suis bien amusé à les rappeler pour les remettre dans le droit chemin, mais je me disais que ce serait la dernière fois (non, je rigole). La route est vite devenue bosselée, de longues montées et de courtes descentes, parfois l’inverse, mais au total il y avait plus à monter qu’à descendre : on se rapprochait peu à peu de la montagne, c’était normal.

    Dans le petit groupe qui s’était formé derrière les rapides, je courais à une allure un peu poussive et je me demandais si c’était l’effet des côtes ou celui de la fatigue qui tout à coup viendrait me rappeler qu’on ne court pas impunément la moitié de la France sans ressentir quelque usure.

    Je fis un pit-stop, nom donné aux arrêts imprévus dans la nature ; je perdis plus de 3’ dans l’histoire. On venait de franchir le km 595, synonyme de moitié de Transe Gaule. Tant pis pour le temps perdu, mais du coup, j’avais gagné un objectif et je me mis tranquillement et sans paniquer à tenter la remontée vers ceux qui m’avaient distancé.

    Au R1, toujours personne de repris, je poursuivis sans véritablement forcer, cela aurait été risqué et bête tout ça pour quelques minutes de perdues, et progressivement j’ai commencé à apercevoir des silhouettes portant des tenues de couleur visibles de très loin. Au R2, je passai deux ou trois gars, puis je continuai et en dépassai encore un autre puis rattrapai un petit groupe informel de trois arrêtés au R3. On était au km 40 et mentalement je me dis que ce qui restait (22km) n’était qu’un bon semi-marathon, donc que je pouvais poursuivre sur ma lancée. Au R3, comme sur la TransEurope (là c’était le R4 ou R5) on pouvait demander une soupe et même de par cette chaleur, j’en avais besoin pour avoir un goût salé qui change des boissons sucrées devenues tièdes et à peine buvables. Je refis le plein, échangeais Alexandra contre Caroline. J’étais avec Charles (26 ans), Angel (20 ans) et Jennifer (la politesse ne doit pas dévoiler l’âge des demoiselles), nous étions suivis de peu par Alain et Hervé et un peu plus derrière suivaient Renaud, avec son rythme régulier, puis Jean-Michel.

    Je bavardai avec Angel, très à l’écoute de conseils et très demandeur aussi, puis j’entrepris de me lâcher un peu pour voir et surtout en prévision du lendemain : je voulais savoir si je pouvais démarrer en côte et poursuivre l’effort assez longtemps. Pas assez à mon avis sur la première tentative, mais quand j’en remis une seconde couche dans la montée suivante, ça allait bien mieux. Ainsi, je passai le R4, au revoir Caroline bonjour Élise, et franchis les multiples bosses qui suivaient plus ou moins rapidement. Je marchais de temps en temps pour bien récupérer et boire le coca sans que cela fasse Champagne, je m’arrosais avec une autre bouteille pour ressentir un peu de fraîcheur et de fil en aiguille j’atteignis le R5. Plus que 5km à faire, mais encore deux ou trois montées dont la dernière à 15% minimum. J’arrivai à Bourganeuf, devant le gymnase, en 6h32’, bien placé car seulement 7 coureurs étaient déjà arrivés avant moi.

    En consultant mes archives, j’ai vu que je n’avais pas battu le temps de l’an dernier sur cette étape lors de la TransEurope (à 5’ environ), mais que j’avais établi mon nouveau record sur une étape 10 de la TG, de quelques secondes, qui datait de 2008, ma meilleure année.

    Voilà, au final j’étais content et je croyais que j’avais bien préparé les deux jours qui venaient : 49km puis 75km. Mais sur la TG on ne pouvait jamais être sûr de rien, il pouvait s’en passer des choses. On verrait.


    11/ vendredi 23 août : Bourganeuf - Peyrelevade 49 Km (699 Km)

     

    Bourganeuf nous laissa partir à 50, Olivier Forti ayant abandonné hier. La descente de la rue principale, à contre sens de la très faible circulation automobile se passa bien mais il fallait faire attention aux trottoirs et aux poteaux. Après cette trop courte partie en descente puis plane nous sommes arrivés au pied de l’habituel raidillon commençant la route vers Royères. Plusieurs centaines de mètres que beaucoup, dont moi-même, firent en marchant et quand survint une certaine platitude du terrain, c’était pour mieux raidir la montée. Après ces 1500 premiers mètres, la route redevint « normale » et je pus commencer véritablement à courir. La montée vers Royères n’est pas uniforme et les portions de descente succèdent aux côtes jusqu’au km 6 où ça ne faisait plus que monter. Plus loin, des morceaux plats ou en descente encore permettaient de récupérer. J’avais commencé à faire quelques accélérations pour me tester et voir si je pouvais envoyer un peu. Je m’extirpai progressivement du petit groupe dans lequel j’étais resté jusqu’alors, mais ceux de devant n’étaient plus à portée de vue depuis belle lurette.

    J’étais rentré dans ma course et je cherchais à me faire plaisir dans l’effort au lieu de subir les évènements. Le passage au R1 fut bref, le temps de remplir ma bouteille de menthe et je repris ma chevauchée solitaire, comme j’aime bien. Ce n’était pas une lutte contre les autres coureurs mais contre moi. Je savais quels chronos j’avais déjà réalisés sur cette étape et l’objectif était de m’en rapprocher (4h48’ en 2008 et 4h54’ en 2007).

    La fin de la montée fut différente des autres éditions, un « raccourci » qui n’en était peut-être pas un la rendait moins dangereuse au cas où un gros camion de bois nous aurait croisés.

    La descente vers le lac puis le R2 me permirent de constater que derrière il n’y avait plus personne en vue. Un rapide arrêt et … à force de parler j’en ai oublié ma bouteille (j’espère qu’Alexandra ne se vexera pas, je rappelle que c’est le nom de ma bouteille pour ceux qui n’avaient pas lu les épisodes précédents) et après 400m j’entendis quelqu’un qui m’appelait loin derrière pour m’en informer. Tant pis, je fis sans, d’autant plus que le R3 n’était qu’à 10km à peine et que le temps était frais à souhait.

    Toujours personne en vue devant, je me dis qu’ils avaient mis le turbo, mais je ne m’en faisais pas plus, j’avais mon étape à assurer. Comme toujours, la montée vers Faux la Montagne portait bien son nom, presque en haut j’aperçus Françoise Paralluelo, la maman d’Angel, assise sur le banc des Gaulois à attendre son fils. Ce banc est situé en plein virage, en pleine montée et constitue un appel au repos et à la contemplation du paysage … pour qui n’aurait pas un chrono à assurer. Le passage au R3 fut rapide et j’appris alors que Hervé et Jennifer n’étaient pas devant moi, mais perdus sur une erreur d’itinéraire. Cela expliquait pourquoi personne n’était visible devant. La suite, il restait 15km, fut encore agréable malgré la percée franche du soleil qui rendait les parties de routes non ombragées de plus en plus chaudes, et dès que de l’ombre se présentait, je n’hésitais pas à changer de côté pour courir. Le R4 à 6km du but fut rapidement passé, juste histoire de prendre ma bouteille « Élise » et de repartir. La partie finale réservait une modification, Nicole qui flèche tous les jours le parcours a trouvé une petite route permettant de couper l’itinéraire et d’éviter qu’on ne le prenne deux fois (aujourd’hui puis demain au départ). Je franchis la ligne en un peu moins de 5h, à 10’ de mon meilleur score de 2008, mais j’étais ravi de ma journée, sans souffrance.

    Pour l’étape suivante 76km étaient au menu. La météo devait tourner à l’orage, j’espérais qu’on les éviterait.


    12/ samedi 24 août : Peyrelevade - Mauriac 76 Km (775 Km)

     

    Pluie au réveil, à 4h30, de quoi me demander ce que je faisais là. Mais une fois ce paramètre intégré, je me levai et tel un robot je procédai à ma mise en tenue : pansage des zones sensibles, crémage d’autres endroits irrités et enfilage du maillot, du cuissard et des chaussures. Ensuite, je rangeai ce dont je n’aurais plus besoin avant le départ, allai remplir mes bouteilles, avec du sirop de citron cette fois, et alors seulement j’allai prendre mon petit déjeuner. Petits pains au lait et Nutella que j’avais achetés, ne supportant plus le pain et les confitures proposées, et un bol de café au lait.

    Il pleuvait toujours et je préparai, après ma petite vaisselle, mon poncho, ma frontale (un départ à 6h s’effectue dans la nuit, surtout quand il pleut) et mon petit sac banane dans lequel je mis des Twix et des KitKat (pas la bouffe pour les chats, mais la gaufrette au chocolat). J’allai déposer dans les bacs R2 à R5 des bouteilles (celles aux prénoms féminins plus une de boisson énergétique achetée hier) et je commençai le grand pliage : lit, sacs, valise que je mis dans le camion.

    Vint le briefing de Jean-Benoît, important pour se tenir au courant des éventuels changements et des consignes particulières. Il pleuvait toujours, un peu plus fortement que la bruine qui nous avait réveillés. Le poncho bien installé, une lampe clignotante dans le sac à dos, la frontale bien positionnée et ce fut l’heure du départ.

    Rapidement je me mis en tête avec Pierre, servant de guide avec les leds clignotantes qui montraient le chemin aux poursuivants. La route plate pendant 800m laissa ensuite la place à une bonne montée aussi longue et la sortie du village fut vite atteinte. Pendant encore plusieurs hectomètres, les lampadaires montraient la route et quand il n’y en eut plus, la frontale devint indispensable. Avec la grisaille et la pluie, le jour n’était pas prêt de se lever. Seul Renaud suivait mon allure, Pierre avait pris le large mais je ne me retournai pas non plus pour voir qui était où.

    J’ôtai le poncho une fois la pluie arrêtée, vers le 6ème km et je me retrouvai encore plus mouillé en-dessous : les effets conjugués de la pluie et de la sudation sous le plastique avaient trempé ma tenue entièrement. Je n’avais heureusement pas froid et une fois arrivé au sommet de la côte, je savais que la route descendait jusqu’à Millevaches km10. La suite du parcours fut une succession de longues montées suivies de longues descentes et ça me plaisait, me permettant de courir à 10,5 voire 11km/h par moments.

    Au R1 je me débarrassai de mon débardeur et de ma frontale car ma vitesse faisait que je n’avais pas froid et le poncho était rangé dans mon holster au cas où. Seul Renaud arriva quand j’en repartais.

    La traversée de Meymac, après une très longue descente, marqua la fin de la première partie de l’étape que j’avais découpée mentalement en 4.

    La seconde partie, tout aussi vallonnée, me permit de continuer à courir à un bon rythme et de rester proche des 10 de moyenne. Au R2, je m’alimentais un peu plus et j’étais tout seul ce qui n’était pas pour me déplaire car j’aime rester maître de mon allure.

    Au R3, la soupe de Marie et Marcel me redonna du jus et je pus même faire un bref arrêt pour saluer Paulette, arrêt traditionnel des coureurs dans son épicerie. J’en étais au marathon. Allez Fab, plus que 35 bornes. Les km défilèrent ensuite et j’arrivai à la fin de mon 2ème tronçon : km 50, Neuvic.

    La 3ème partie était composée d’une route à circulation d’abord pas très pentue, descendante principalement, mais comportant aussi de nombreuses remontées. Quand vînt le début de la vraie descente je la dévalai en me freinant, en faisant attention à ma foulée et à ma pose de pied, parfois à une allure proche de 12km/h. Au R4 je fis un court arrêt et je poursuivis jusqu’au pont sur la Dordogne au km 64 ou 65. Plus que 11 ou 12km. Fin de la partie 3.

    La dernière portion de mon étape ne fut pas la plus facile : longue montée et retour de la pluie. Je la courus sur une base de 7’/km car je pris souvent quelques moments pour marcher. Jean-Jacques me dépassa, il m’avait repris une heure, ce sera le seul. De fil en aiguille je réussis à arriver à Mauriac, après avoir fait un arrêt éclair au R5. Temps final sous les 8h qui était mon objectif, ce fut limite. C’est vrai aussi qu’il y avait plus près de 77,5km que des 75 ou 76 recalculés selon l’endroit exact du départ. Belle moyenne quand on considèrait la météo et la longueur de l’étape.

    Une belle étape de montagne avec des cols nous attendait pour la journée suivante : je salivais déjà, pour peu que la météo soit propice à un bon déroulement de la journée.


    13/ dimanche 25 août : Mauriac - Jussac 64 Km (839 Km)

     

    Les jambes n’étaient pas trop lourdes au départ de Mauriac et rapidement je trouvai mon allure de croisière, 10km/h. Je m’étais couvert, en prévision d’éventuelles averses et de fraîcheur. Le groupe de tête s’éloigna rapidement et j’étais dans les premiers du groupe qu’on pourrait appeler celui des poursuivants. Je mis 1h55’ pour arriver à Salers (km19) et après la visite « obligatoire » du village en suivant l’itinéraire concocté par le race director, j’entamai la descente vertigineuse vers Fontanges, avec le début à près de 15%. Fontanges passé en 2h30’ avec un petit détour devant une belle statue de la vierge blanche située sur un petit mont. Les 4km de faux plat en remontant doucement vers le pied de la montée vers le col me permirent de faire la jonction avec Jan et Roland et une fois le ravitaillement du km29 passé je pus attaquer la longue montée vers le Legal. 1h07’ de montée, seulement entrecoupée d’une portion descendante pour relancer la machine, et le ravitaillement N°3. Entre temps j’avais dépassé Pierre en panne sèche que j’avais dépanné d’une barre de céréales et je sentais que derrière les autres coureurs étaient loin mis à part Roland repassé devant et Ian resté au contact.

    Après le col, ce fut la descente, celle qui fait remonter la moyenne et le R4 pointa son nez assez vite. Après, ça remontait un peu, même beaucoup, et même encore plus que dans mes souvenirs. Mais je savais qu’après la côte il y avait la descente alors je patientai. Nouveauté sur la Transe Gaule, la route vers Jussac qui empruntait à l’identique celle que l’on avait suivie sur la TransEurope et non plus la route des Crêtes jusqu’à Aurillac : 9km de belle et forte descente puis un long faux plat pour atteindre enfin Jussac après 6h46’ de course pour 64km. (Je finis 7ème, comme hier).

    La pluie s’est mise à tomber une demi-heure après mon arrivée, j’avais eu de la chance.

    Le lendemain nous attendait une autre longue étape rendue difficile par la traversée d’Aurillac et la sortie où l’on allait croiser des centaines de véhicules. Si le temps redevenait beau, ça irait sinon, ça allait être assez costaud avant d’atteindre les paisibles routes de campagne qui arriveraient vers le km15 ou 20.


    14/ lundi 26 août : Jussac - St-Cyprien-sur-Dourdou 69 Km (908 Km)

     

    69km, de Jussac à Saint-Cyprien sur Dourdou. « Du beau, du bon, du bosselé » pour plagier la pub d’une marque de vin cuit, c’était ce qui nous attendait. Deux départs, les 5 plus rapides de la veille quittant Jussac à 7h30 soit une heure après nous.

    Je me mis tout de suite en jambes, ne désirant pas « faire traîner les choses » comme on dit. Les 8km menant jusqu’au niveau de l’ancien départ à Aurillac étaient assez vallonnés et je les courus avec Alain David venu faire l’étape comme « journey runner ». On a discuté et les difficultés du parcours ont semblé bien atténuées. Il resta avec moi jusqu’au R1, km14, à la sortie d’Arpajon sur Cère ; nous tenions un bon tempo et j’ai continué sur ma lancée une fois qu’il avait ralenti pour attendre un autre coureur. Je passai au km20 après Senilhès sur des bases de 9,3km/h, moyenne basse en raison du fort dénivelé avant, pendant et juste après Aurillac. L’itinéraire quittait la route à forte circulation à partir de ce moment et je décidai de mettre mon MP3 afin d’être en mode « voyage ». Je ne voyais plus depuis très longtemps les 3 coureurs me précédant (Carmen, Pierre et Jan) donc la route était pour moi tout seul. Je me régalais comme je le faisais depuis quelques étapes, depuis que j’avais un peu accéléré. Lafeuillade en Vézie (km28), le R2, puis La Capelle del  Fraisse (km31) ont défilé à toute allure; il ne restait que 13km de belle route d’abord vallonnée puis descendante sur plusieurs kilomètres ce qui me permit de faire remonter la moyenne et d’être dans de bonnes dispositions pour effectuer les 2 ou 3 km pour atteindre Cassaniouze. La traversée du village, assez joli et désertique malgré cette heure de milieu de matinée, brisa la monotonie de la route départementale. Peu après la sortie du village, juste après la station service, on prit à gauche la direction de Conques et de la vallée du Lot qu’on devait franchir après une grosse douzaine de kilomètres de descente. Belle portion de route tranquille malgré quelques voitures où je pus tourner entre 11 et 12km/h. J’eus la chance de démarrer cette partie de descente sur « Stairway to heaven » de Led Zeppelin et là c’était magique. Je repris Jan en difficulté dès que la route descendait et le lâchai irrémédiablement. Le paysage au détour d’un virage faisait apparaître la vallée du Lot, les piscines, les gîtes, les campings… ça me donnait l’impression d’être en vacances (en fait je l’étais, mais ce n’était pas pareil que les vraies vacances). La fin de cette belle descente fut marquée par le franchissement de la rivière sur l’ancien pont de Coursary, désaffecté, puis ce fut la jonction avec la route principale : encore une quinzaine de kilomètres avant l’arrivée. Comme j’étais bien, sur le plat je continuai de tenir mon tempo de 6’/km avec régulièrement une pause à la marche de quelques secondes afin de boire et de recharger les accus. David, photographe officiel de la course me prit à plusieurs reprises, il le faisait depuis Roscoff et c’était sympa de la voir, ça cassait la monotonie à certains moments de la journée.

    Dernier ravito, le R5, passé aussi rapidement que le R4, le temps d’échanger ma bouteille vide contre une pleine en emportant quelques gâteaux à grignoter en courant, puis Conques-Faubourg (en bas) et le plot marquant les 2 derniers km. Je vis que ça allait être juste pour faire moins de 7h comme en 2008, mais je poursuivis mon effort quand même. Jean-Jacques me surprit en me dépassant à 500m du but, il déroulait tranquillement à 14 tandis que je n’étais qu’à 11. Au final, je finis 8ème, en 7h01’, à 2’ de mon record mais 2’ plus rapide que lors de la TransEurope. Donc la satisfaction était de mise une fois la ligne franchie. La suite : rituel puis repas au restaurant, repos, apéro offert par la municipalité de St Cyprien, restaurant à nouveau puis rédaction et postage de ce CR et je me couchai. 


    15/ mardi 27 août : St-Cyprien-sur-Dourdou - Cassagnes-Bégonhès 58 Km (966 Km)

    La douce pente menant de St Cyprien sur Dourdou à Marcillac, sur une longueur de 10km, fut une bonne mise en condition pour le reste de l’étape. Les véhicules roulant très vite venaient de temps en temps nous rappeler d’être constamment sur le qui vive. Les Aveyronnais sont peut-être des gens très sympathiques mais beaucoup deviennent de véritables chauffards dès qu’ils ont un volant entre les mains. Arrivé sain et sauf à Marcillac, km10 en 1h, il restait un km avant de quitter cette route dangereuse et grimper pendant 4km à plus de 10% : ça calme !

    La montée dans laquelle j’alternai course et marche me permit de me détacher un peu du groupe avec lequel j’étais. Nous n’étions pas un groupe compact, mais dispersé sur quelques centaines de mètres. Au R1, km 15, seul Jan avait repris le contact et nous sommes repartis à peu près ensemble sur la route bosselée mais en partie descendante menant vers la route de Rodez. On avait évité des zones à risques, nous allions en retrouver une nouvelle pendant 5km. Enfin arrivé sur la piste cyclable je pensais pouvoir retrouver un bon rythme, mais j’étais incapable de relancer, donc je me dis qu’on verrait après le R2 et la sortie de la préfecture de l’Aveyron. km 29 : 3h de course.

    La grande montée dans Rodez puis la descente vers le Monastère ne me rassurèrent pas et quand Renaud me rattrapa vers le km 35, il fut étonné de voir que je tournais à un rythme poussif. Mais je m’étais un peu « endormi » sur une allure intermédiaire et ne parvenais plus à accélérer. Le R3, km 38 en 4h marqua enfin le début d’une partie plus plaisante, sans circulation et j’espérais que ça aille mieux. Avec Renaud, nous avons plus ou moins décidé de rester ensemble et que selon la forme de l’un ou de l’autre un de nous pouvait se détacher. Parfois il menait, d’autres c’était moi, mais nous faisions souvent la jonction. Ce rythme me convenait et à lui aussi semble-t-il.

    Le retour sur une grande route nous permit de remettre un peu les gaz car la route descendait pendant 8km environ. De la belle descente où nous n’avions pas à freiner même si notre allure frisait les 12km/h. Après quelques km la pente devint moins forte et l’allure baissa d’elle-même ce qui permit à Renaud de revenir sur moi au R4. Les derniers km avec une longue montée de 5km puis une descente de 2km furent laborieux. J’étais fatigué mais souhaitais en finir le plus rapidement possible. Nous franchîmes ensemble l’arche d’arrivée en 6h06’, à une moyenne de 9,5km/h pour l’ensemble de l’étape. 9èmes ex-æquo, nous étions contents de notre course ensemble.

    Installation dans le hangar, navette pour aller aux douches, étendage du linge, repas de Bolino, repos … pot offert par la Mairie, passage chez le coiffeur, quelques courses et repas du soir. Que le temps défila vite. J’avais préparé mon matériel pour le lendemain et avant de dormir je rédigeai ce CR que j’allais poster dans la foulée.


    16/ mercredi 28 août : Cassagnes-Bégonhès - St-Sernin-sur-Rance 55 54 Km (1020 Km)

     

    Une courte étape de 54km avant la longue et montagneuse de demain. Quelle stratégie adopter ? Se reposer en courant tranquillement afin de ne pas compromettre l’étape longue ou donner quand même et on verrait le lendemain ?

    La nuit fut froide dans le hangar et le réveil fut difficile car il fallait oser sortir le bout du nez dans la froidure. Je réussis cet exploit puis commençai à m’échauffer en prenant un café et en grignotant quelques pains au chocolat. Les rituels effectués, je repris un second petit déjeuner et finis de ranger mon matériel.

    Le départ donné, je mis quelques hectomètres à m’habituer au frais et comme j’avais prévu de quoi me couvrir chaudement, j’ai rapidement trouvé la température assez agréable. La montée des 5 premiers km me permit de bien arriver échauffé afin de descendre assez vivement vers La Selve. J’étais avec Alain et Hervé pas loin derrière, nous dévalions à presque 12. Nouvelle montée puis redescente puis montée à nouveau vers Réquista, km19 franchi en 1h50. A la sortie de la ville Alain et Hervé qui m’avaient un peu lâché comptaient une centaine de mètres d’avance que je n’ai jamais pu combler. Cette longue descente de 5km menait à Lincou, km25 (2h23’) et au R2. On était au pied de la longue montée vers le R3, situé au km 35 et accessoirement passage du km 1000 de la Transe Gaule (3h27’). J’étais tout seul, mes compagnons avaient pris trop d’avance pour que je fasse la jonction sans risque. Je les apercevais parfois et constatais qu’ils possédaient plus de 3’ d’avance. Après le R3, le parcours tout en descente menait à Plaisance, km44 (4h18’) et le R4 avait été positionné juste à la sortie de ce village. Ce dernier poste de ravitaillement de la journée me permit de changer ma bouteille vide contre une pleine. Je finis les 10 derniers à un rythme assez soutenu et je franchis l’arche en 5h19’ pour 54km. Beau chrono pour une belle étape, à seulement 10’ de mes meilleures des années 2007 et 2008. L’enfant sauvage, Victor, nous attendait comme toujours, à quatre pattes l’air de vouloir rugir (c’est une petite statue située devant la salle où nous étions hébergés. Installation sommaire, mais on a réussi à s’y mettre d’autant plus que beaucoup ont préféré aller à l’hôtel juste en face.

    L’après-midi fut longue à souhait (je suis arrivé peu avant midi) et je pus faire plein de choses et surtout me reposer. Du long nous attendait pour le jour suivant, du relief accidenté avec plus de 1400m de dénivelé. Aujourd’hui nous n’en avions eu que 900 environ. La fin, les 11 derniers km sont en descente vers Saint-Pons de Thomières, alors il faudrait être fort avant pour se laisser glisser tranquillement vers la vallée.


    17/ jeudi 29 août : St-Sernin-sur-Rance - St-Pons-de-Thomières 70 69Km (1090 1089Km)


    Comme j’avais terminé dans les 12 premiers hier, ce matin je faisais partie du groupe des « 7h30 », ceux qui avaient le droit de faire la grasse matinée. Cela ne m’empêcha d’être réveillé comme les autres, à 5h, et de me préparer comme si je devais partir avec le groupe des « 6h30 ». J’eus le temps de faire du rangement, de reprendre un autre petit-déjeuner et ce fut l’heure du départ. Les premiers mètres furent difficiles, nous devions prendre une ruelle étroite jonchée de pièges, de descentes courtes mais rudes et même d’une descente d’escaliers périlleuse avant d’atteindre la route. Heureusement il n’y eut pas de blessés.

    Le petit groupe s’étira rapidement et j’en fermais la marche. Pourtant je n’avais pas l’impression de manquer de jus, mais je me fis distancer peu à peu, avec l’impression de voir le train partir sans moi. Je commençai à me poser des questions : pourquoi est-ce que je n’arrive pas à les suivre ? C’était peut-être eux qui allaient plus vite que ce que j’étais capable de faire ? Enfin, après quelques km, il ne me restait plus en vue et au loin que Mickaël, l’allemand qui était un peu blessé en ce moment, et Jan dont j’avais connu des départs plus rapides. Un peu avant le col je commençai à revenir sur les derniers du premier groupe, je leur avais repris déjà 1h et je pensai à eux en imaginant qu’ils allaient passer plus de 10h sur la route. A chaque fois je glissais un petit mot d’encouragement ou je me permettais même de marcher quelques mètres pour bavarder brièvement. Cela me donnait aussi un peu de temps de récupération. Le R1, au 1er col (15,5km en 1h36’), me fit du bien, mais mes congénères du groupe 2 n’étaient plus en vue du tout. J’imaginais prendre en fin de journée un gros éclat s’ils continuaient d’avancer aussi vite. La descente vers Lacaune, qui ne commença qu’après quelques km, me fit du bien et j’arrivai au R2 après 2h55’ de course pour 28 ou 29km. La suite débuta par une très forte montée que j’effectuai en marchant puis quand le profil s’adoucit un peu je pus alterner course et marche. Il n’y avait que 4km pour atteindre le 2ème col, celui du Picotalen (km32 en 3h21) et la suite nous amenait à La Salvetat après une longue descente de plusieurs km, seulement interrompue par quelques faux plats montants et le R3 au km40 (en 4h02’).

    La Salvetat et son ravitaillement N°4 (km 49 : 4h51) marquèrent le début de la dernière grosse difficulté du jour. Une longue montée, d’abord dans un chemin très pentu qui permettait de couper quelques lacets (pas ceux des chaussures bien sûr) puis sur la route principale où le trafic des camions et autos était parfois dangereux. Les routiers étaient sympas et s’écartaient quand ils nous voyaient, les automobilistes étaient un peu moins attentionnés. L’arrivée au 3ème col, ne marquait pas la fin de la partie pentue (col de la Barraque, km 55 en 5h34), il restait à atteindre le 4ème et dernier col avant la descente de 10km vers St Pons. Au dernier col, je rattrapais Alain qui ne voulait plus trop forcer et qui me demanda si je voulais finir avec lui. Du col du Cabaretou (km 59 en 6h00) à l’arrivée, 10km plus loin, nous avons mis 54’. Dans la descente, je le suivis la plupart du temps et je m’accrochais pour ne pas qu’il soit obligé de trop ralentir. L’arrivée franchie avec Alain en 6h54’ me rassura. Je n’avais pas couru en-dedans contrairement à l’impression poussive du début. Je ne battais pas mon record sur l’étape mais m’en approchais à 4’ près. Une autre étape à 10km/h et ma moyenne générale remontait peu à peu pour passer j’espérais les 9,5 le lendemain .

    C’est une semi nouvelle étape qui se présenterait avec l’arrivée à Moussan via le col de Ste Colombe et Minerve. Les 30 premiers km seraient les mêmes que ceux de l’étape de la TransEurope de l’an dernier. Le reste serait du nouveau mise à part le tronçon du côté de Sallèles d’Aude le long du canal déjà emprunté par la Transe Gaule. On verrait.


    18/ vendredi 30 août : St-Pons-de-Thomières - Moussan 60 Km (1150 Km)

     

    Avant-dernière journée sur les routes de Gaule, qui commença par la longue mais jolie montée vers le Col de Sainte Colombe où je franchis mes 8000km de Transe Gaule depuis 2005. Il y a quelques jours, Daniel Müller avait passé le cap des 10000km de TG. Il ne me reste que 2 TG pour faire aussi bien, mais lui aura continué sans doute, et j’espère, à accumuler les km de TG.

    Au sommet du col, j’étais bien, à 10 de moyenne et la descente qui suivit se présenta à point nommée pour récupérer tout en continuant de faire monter ma moyenne. Au km 13 et quelques, le parcours de l’ancienne TG fut abandonné et celui de la TransEurope 2012 poursuivi. On passa à Boisset après une longue et parfois vertigineuse route en forte descente, le paysage était magnifique et de temps à autres j’y jetais un coup d’œil tout en me concentrant sur ma foulée. Il ne manquerait plus que ça, de se faire mal sur un moment d’inattention ! Le profil s’inversa, on franchit le village de Boisset (km 18 en 1h46’) et le raidillon long qui suivit allait un peu casser ma cadence. J’alternais course et marche et constatais que mes accompagnateurs matinaux continuaient peu à peu de se détacher. Mais je courais contre moi-même, éventuellement en jetant un coup d’œil sur les proches du classement (qui n’était pas officiel mais qu’on regardait tous plus ou moins, on n’était pas là pour faire uniquement du tourisme non plus, c’était une compétition quoi qu’on en dise) et mon objectif du jour était de ne pas en prendre de trop dans la musette (de minutes bien sûr). Mon matelas était épais mais il pouvait rapidement se dégonfler au vu de la forme olympique de certains en troisième partie de TG. J’essayais de gérer sans maîtriser tous les paramètres, mais ça, j’adorais, ça m’obligeait à envoyer même quand la fatigue et l’effort constant commençaient à faire mal aux jambes.

    Au sommet de cette rude ascension, on déboucha sur un paysage grandiose : le Massif de la Clape qui serait au menu du lendemain et la Méditerranée, but ultime de notre périple. La descente sur Minerve fut un pur régal malgré les imperfections du revêtement et quand Jean Benoît nous a dit qu’on traverserait le village, même si ça allongeait le parcours, on en prit plein les yeux : cañon, village très typique aux ruelles étroites, aux boutiques d’art ou d’autres produits locaux, l’ensemble sous des couleurs variant selon l’orientation des rues. Bref quand on en est ressorti, on était revigoré. Le ravitaillement 2 qui suivit permit de lâcher ses émotions et ressentis sur ce beau morceau de course.

    La suite s’avèra moins amusante. La Caunette, qui n’a pas de lien de parenté avec Lacaune traversée la veille (non, ce n’est pas sa fille) au km 32 (en 3h10’) puis Paguignan et ensuite Bize-Minervois (km 47, 4h41’) tous ces villages me virent quelque peu en difficultés : je ne pensais pas que ça allait être aussi vallonné, alors je découvris que ce nouvel itinéraire (on a quitté celui de la TransEurope après Minerve) était très accidenté et fatigant.

    Les km ne passèrent pas assez vite à mon goût, mais ma patience et mon acharnement allaient être récompensés. On atteignit le Canal de la Robine puis Sallèles-d’Aude (km 56, 5h40) et ensuite on prit le pont Eiffel duquel on ne descendis pas comme auparavant par la gauche, mais par la droite sur une sorte d’arête bétonnée débouchant dans un champ de maïs. Là, ce fut de la pure course d’orientation : repérer les flèches, retrouver la sortie de ce qui s’apparentait à un labyrinthe végétal sur quelques dizaines de mètres et quand soudain je débouchai sur la route en voyant qu’il ne restait plus qu’à peine 2km je commençai à me dire que mon étape s’était bien déroulée quand même. Je dus ralentir quelques instants afin de rappeler Mickaël, le coureur allemand de devant qui venait de se tromper de route. Il ne m’entendit pas, j’essayai de le poursuivre, mais il était trop loin. J’aperçus Jeanine et l’avertis afin qu’elle puisse le réorienter quand il se serait aperçu de son erreur. J’arrivai à Moussan après plus de 6h09’ de course (pour 61km en réalité) et constatai que mon matelas de minutes avait bien fui mais pas de manière si catastrophique que ça. Le lendemain je pourrais donc lutter pour essayer de conserver la majeure partie de mes 44’ d’avance sur mon poursuivant.

    Super accueil à Moussan, repas comme ceux qui ont marqué les festivités de fin de TG les autres années, à la différence près qu’il restait une étape de 40km à courir avant d’atteindre la mer.


    19/ samedi 31 août : Moussan - GRUISSAN-Plage 40 Km (1190 Km)


    3 départs de programmés au matin de cette dernière levée, pas de bagages à faire et à charger dans les camions : on reviendrait ici après l’étape du jour et les congratulations mutuelles de chacun des membres de la caravane, coureurs, bénévoles et accompagnateurs. Le soleil brillait déjà quand je partis avec le groupe des 12 « meilleurs » de la veille sauf Carmen, autorisée à partir dans le second groupe. Mon objectif : ne pas perdre plus d’une minute au km sur ces 40 bornes. Cela paraissait facile, mais quand celui contre qui vous jouez est très fort et capable de courir à 14km/h, vous vous demandez combien vous allez en prendre. Cela partit très vite, on était à 12 à l’heure et j’étais déjà distancé mais je ne m’affolais pas, « il » ne pouvait pas tout me reprendre aujourd’hui si je maintenais ce tempo. Moussan-Coursan, 10,5km en 55’ puis Vinassan en 1h19’ (km15), le R1 rapidement passé le temps d’échanger 1 bouteille vide contre 2 pleines déjà préparées la veille au soir. Les cadors n’étaient déjà plus en vue depuis une éternité et je me distrayais en pensant au débours que je devais compter à ce moment.

    Vinrent les contreforts du Massif de la Clape, au demeurant fort jolie petite montagne, mais qui ne serait pas du gâteau car la pente devint assez pesante et la jonction avec une route à forte circulation rendit la course assez périlleuse. Pas ou peu de bas-côtés, beaucoup d’automobilistes qui ne respectaient pas les coureurs, qui ne s’écartaient pas et qui parfois klaxonnaient pour nous témoigner leur mécontentement. Bref, je n’avais sans doute encore jamais vu autant d’abrutis derrière un volant que lors de cette étape. Ils surpassaient ceux croisés dans l’Aveyron, c’est vous dire ! Arrivé vivant au sommet, le R2 me permit de remplacer mes anciennes bouteilles par deux nouvelles et de porter mon sac à dos ce qui me libèra une main ; km 23 en 2h06’.

    La descente et l’arrivée à Narbonne-Plage ne furnt pas très plaisantes malgré la beauté du paysage, la mer, les montagnes alentours, mais trop occupé à essayer d’éviter les chauffards, je gâchai un peu mon plaisir. Km 27 en 2h26’ et enfin la route bleue, de celles qui vous calment malgré le revêtement un peu rugueux et le manque d’air et d’ombre. Le chemin vers Gruissan était encore long, il restait 13km soit 1h15’ si tout allait bien et je commençai à payer l’énergie dépensée dans la montée puis la redescente de la Clape.

    Le panneau Gruissan me libèra quelques instants avant que je ne réalise qu’il restait encore 5km. 3h10’ pour 35km, j’avais tenu une bonne moyenne, mais maintenant il fallait penser à finir vite pour ne pas regretter les atermoiements durant l’épisode des chauffards. Je remis deux ou trois bûches dans la chaudière et attisai le feu. Je vis que JB nous faisait lécher les bords de l’assiette, il nous faisait faire le tour de la ville le long des étangs sans nous faire couper dans le village. C’était long, c’était difficile, mais ça en valait peut-être le coup. Quand je fus sur la piste cyclable et que j’aperçus le plot des 2km avant la fin, je remis une accélération pour arriver enfin sur la plage. Là, il restait 200 ou 300m de sable mou à passer et je sprintai presque comme lors d’un contre la montre. Quand je passai l’arche, je vis que j’avais conservé pour 7’ ma 9ème place. 10,8km/h de moyenne sur cette étape, ça me permit de constater que j’en avais gardé un peu sous la semelle.

    Les embrassades et toutes les effusions de joie qui suivirent rendirent ce moment encore plus grand. Ma 7ème étoile avait été valeureusement conquise et j’avais réalisé ma seconde meilleure traversée de la France (à la moyenne).

    Je ne m’étendrai pas sur la suite de la journée, j’y reviendrai peut-être plus tard.

    à+Fab******€*

     


    votre commentaire
  • Transe Gaule 2008

    Mercredi 30 juillet. J-14 : ça approche à grands pas !
    Dans deux semaines maintenant la Transe Gaule sera commencée, et à cette heure (23h) la première étape entre Roscoff et Plounévézel aura déjà été courue. Les coureurs, ou au moins leur grande majorité, essaieront de trouver le sommeil dans le gymnase de Plounévézel, tout en repensant à la journée passée ainsi qu'à celle du lendemain qui les attendra. 
    Les impressions individuelles concernant cette première étape ne seront pas toujours positives, l'organisme ne s'étant pas encore habitué à l'enchaînement des kilomètres et des étapes. L'inquiétude sur l'état de forme du lendemain matin prévaudra : "Pourquoi ai-je eu tant de mal à faire ces 62km à une si petite vitesse alors que d'habitude j'en fais 100 plus vite et avec moins de difficultés ? Aurai-je du mal à reprendre le rythme demain matin ? Des douleurs commenceront-elles à apparaître ? Vais-je les identifier et ne pas paniquer dès leur arrivée ? Vais-je avoir le temps de me lever, de me préparer et de ranger tout mon barda ? Quel temps va-t-il faire ? " Toute une série d'interrogations vont venir troubler l'endormissement. 
    Il fera aussi peut-être chaud dans le gymnase ce qui, ajouté aux suées nocturnes dues aux efforts consentis lors de la première étape malgré la prudence dans son approche, va troubler le repos. Celui-ci sera aussi de courte durée car le départ de la première étape étant donné aux alentours de 8h30, l'arrivée en plein milieu de l'après-midi, voire en début de soirée pour les moins rapides, vont faire se précipiter les choses et rogner le temps précieux de récupération.
    Certains auront à peine eu le temps de s'installer, de se doucher et de laver quelques affaires qu'il faudra dîner et vite préparer la tenue du lendemain afin de gagner du temps au réveil. Cette première soirée pourra être ressentie avec frustration, car manquant de temps pour discuter avec les collègues coureurs. Les CR individuels seront brefs, mais chacun pourra se rattraper le lendemain soir où l'arrivée sera plus tôt dans l'après-midi. Le repas du soir permettra néanmoins de discuter, mais pas longtemps. Vite il faudra aller préparer tout le bazar pour être efficace tôt le lendemain matin au départ de la 2ème étape.

    A 52 coureurs dans le gymnase, sans compter tous les membres du staff ainsi que les accompagnateurs, ça va faire du monde au petit-déjeuner, aux sanitaires, enfin à tous les endroits où l'on s'affaire dès l'aube. Il va falloir ne pas trop se disperser et être encore mieux organisé que lors des éditions précédentes.
    Ah 2005 ! Quand nous n'étions que 24 ! 
    Mais bon, c'est la notoriété grandissante de cette merveilleuse course qui lui a apporté tant de postulants à l'étoile. On ne va pas s'en plaindre, c'est tellement sympa toute cette grande "famille" réunie pour presque 3 semaines de découverte.

    Ce soir, je me rappelle des trois éditions précédentes, et je me dis que je vais essayer cette année de profiter du temps, de le savourer, car il passe tellement vite.

    à+Fab***

     

    Mardi 12 août :
    Coucou me revoilà, comme chaque année à la même date ! 
    Comme je l'avais promis à Henri l'an dernier je vais ajouter les villes étapes à mes commentaires ainsi pour les mordus de géographie vous pourrez suivre la course sur une carte.
    A demain pour les premières impressions de notre coureur.

    Mercredi 13 août :
    ÉTAPE 1 / Roscoff -- Plounévézel 68 km   (D+ 725m / CUTOFF 12h22mn)


    C'est le gris, le vent,  la pluie et parfois le soleil qui ont accompagné les coureurs sur cette première étape. C'est bien trempé que Fab termine en 6h40’ soit 28 minutes de mieux que l'an passé, ce qui le classe 17ème. Il a eu de bonnes sensations tout au long de la journée mais il attend demain pour voir  s'il n'a pas un peu tiré sur la bête aujourd'hui ! Il était tout de même bien content de sa journée car (je cite) : "C'est une Transe Gaule bien relevée cette année : il y a du beau monde !"

    Jeudi 14 août :
    ÉTAPE 2 / Plounévézel -- Pontivy : 65 km D+ 660m / CUTOFF 11h50mn (total 133 km)

    "Impeccable comme hier" 
    Voilà les premiers mots pour ce soir ! L'étape a été fraîche mais plus agréable que celle d'hier. Il n'a pas de regret par rapport à ses performances de la veille car pas de bobos (je croise les doigts pour que cela continue ainsi car son retour de la 1ère TG et son état sont toujours présents à mon esprit). Les sensations sont les mêmes que l'an passé. Il est allé plus vite certes mais il gère et reste raisonnable : il a couru les 9 km le long du canal à 10 km/h ce qui lui a fait gagner du temps mais il a su marcher dans les côtes. La fin a été plus dure car le parcours emprunte une route avec de la circulation. Pour la grande étape de demain (75 km) il sait par avance qu'il ira moins vite… Ce soir il est donc 16ème au classement général après avoir franchi la ligne en 6h42’.

    Vendredi 15 août :
    ÉTAPE 3 / Pontivy -- Guer : 75 km D+ 600m / CUTOFF 13h39mn (total 208 km)

     

    "J'ai explosé mes temps". C'est le moins que l'on puisse dire, courir les 75 km en 7h55’.
    Fab est parti prudemment et petit à petit la machine s'est mise en route. Il s'est tout de même fait une petite frayeur à 10 km de l'arrivée, il a fallu qu'il s'arrête 5 min pour que son rythme cardiaque baisse. Cela lui arrive parfois ! Son frère l'attendait à l'arrivée ainsi que toute une bande
    de motards qui étaient là pour leur rassemblement annuel. Les rues de Guer étaient tellement encombrées qu'il a fallu rejoindre le gymnase à pied.

    Samedi 16 août :
    ÉTAPE 4 / Guer – Châteaubriant : 68 km D+ 530m / CUTOFF 12h22mn (total 276 km)

    Me voilà rentrée à la maison après une petite journée passée sur la Transe Gaule. Une petite et très bonne journée. Je suis arrivée à 11h00 à Châteaubriant car j'avais rendez-vous avec Patrick (coureur du même club que Fab). Nous avons remonté la course en voiture à la rencontre de Fab et ils ont fini la course tous les deux. Fab avouait ce soir que cette compagnie lui a fait du bien car il avait eu un petit coup de mou plus tôt dans la matinée... Alors un grand merci à Patrick.
    Il a couru cette étape en 7 h 00. J'ai pu voir de mes propres yeux qu'il n'a pas de bobos et le moral est bon. Ce soir on fêtait l'anniversaire de Nicole (une bénévole) qui a eu droit à la chanson traditionnelle "JOYEUX ANNIVERSAIRE" en français, en anglais, en allemand et en taïwanais. C'était fort sympa!
    Dernière petite chose comme il était le régional de l'étape le journal Presse Océan est venu l'attendre à l'arrivée et il devrait y avoir un article demain dans la presse. Alors pour tous les gens de l'Ouest courez vers votre kiosque !
    Petit mot personnel pour Jochen qui a couru l
    a TG l'an passé de la part de René et Angie : « Gruesse vom Transe Bolino an den Schawbenpfeil. Keine Sorge, ich mach nur meine Arbeit, es soll Lente geben, die erwarten das von mir. Meine mutter zum Beispiel.
    Viele Gruesse auch an alle die den Transe Gaule mitverfolgen und im DUV Forum diskutieren.
    Bis bald. Angie und René

    Dimanche 17 août :
    ÉTAPE 5 / Châteaubriant – St-Georges-s/-Loire : 70 km D+ 500m / CUTOFF 12h44mn (total 346 km)

    "Dur mais bien fini tout de même"
    Un peu à l'image de l'étape d'hier Fab a eu un petit coup de mou. Il a avoué ce soir que cette étape est toujours très difficile pour lui mais que d'habitude elle passe mieux car nous sommes là. C'est vrai que depuis sa première TG où nous l'avons suivi pendant 7 jours nous étions toujours présents sur l'étape 5. Enfin il a tout de même été très content de voir un peu avant St Georges Dio
    gène (du forum) qui l'a accompagné jusqu'à la ligne d'arrivée franchie en 7h42’. Il se projetait déjà ce soir sur les deux futures petites étapes en se disant qu'elles allaient lui permettre de bien récupérer.
    Son seul souci est de savoir s'il va bien dormir car depuis le départ de Roscoff le sommeil ne vient pas facilement (moi je m'écroulerais après des journées pareilles)

    Lundi 18 août : ÉTAPE 6 / St-Georges-sur-Loire -- Doué-la-Fontaine : 55 km D+ 430m / CUTOFF 10h00mn (total 401 km)

    13 h 00 , coup de téléphone de Fab… On ne s'attendait pas à un appel aussi tôt. Il venait de prendre sa douche et avait rejoint la ligne d'arrivée pour pouvoir encourager les futurs finishers, car ce qu'il y a de bien à Doué la Fontaine c'est que la banderole rouge marquant la fin de toutes les souffrances (au moins pour la journée) se trouve juste en face d'un café...
    Alors on peut déguster un panaché tout en suivant la course. Pour sa part Fab allait essayer de manger une pizza pour son déjeuner car les Bolino il en a un peu ras le bol !
    L'étape d'aujourd'hui est à l'image des dernières c'est à dire :
    "Facile au début...
    Dur au milieu...
    Et moyen à la fin..."
    Il aimerait bien que dans les jours qui viennent ce schéma change un peu mais ....
    Il est arrivé en 16ème position (comme d'habitude, le voilà abonné à cette place) en 5h36’34’’.
    La nuit fut meilleure, il a réussi à dormir au moins 4 heures et espère là aussi gagner encore des heures.


    Mardi 19 août :
    ÉTAPE 7 / Doué-la-Fontaine- Monts-sur-Guesnes : 57 km D+ 365m / CUTOFF 10h22mn (total 458 km) 

    "Dur dur, c'est pas le physique, c'est la tête". Oh il n'avait pas le moral notre coureur ce soir !
    Il a eu très mal au ventre toute la journée et cela lui a pris la tête. En plus il est enrhumé. Pourtant la journée fut belle sur le parcours, le temps se prêtait à la course à pied.
    Il finit tout de même 15ème en 6h14’50’’. Certains coureurs ont comme lui quelques coups de fatigue alors que d'autres remontent tranquillement : c'est ça la Transe Gaule !
    Je lui ai conseillé pour demain de courir avec son
    walkman sur les oreilles, de se mettre dans sa bulle et de savourer... Il y avait pensé aussi. Vivement demain que nous ayons des nouvelles et des bonnes...

    Mercredi 20 août :
    ÉTAPE 8 / Monts-sur-Guesnes -- Angles-sur-l’Anglin : 64 km D+ 560m / CUTOFF 11h39mn (total 522 km)

    Étape qui voit les coureurs passer le 500ème km 

    Les jours se suivent et ne se ressemblent pas… Ce soir, au téléphone, Fab a la voix plus claire et ça, c'est un signe que tout va. Il revenait de manger deux galettes complètes le tout arrosé de
    Cacolac... La galette c'est comme le flan il en mangerait bien tous les jours. Il a couru les 63km en 6h35’, il n'a gagné que 5 min par rapport à l'an dernier mais après analyse de sa course il a compris pour quoi et quelque part ça rassure. "J'ai fait le zozo en début d'étape", il a pris un départ rapide avec non pas les premiers (il ne faut pas exagérer, il n'est pas si inconscient que ça) mais le groupe de suiveurs. Il les a lâchés petit à petit au gré des côtes sur ce parcours qu'il connaît bien. Au 33ème km il était à 10km/h et puis le coup de mou est arrivé, mais ça il le savait, et s'est fait doubler, normal. De lui même il a levé le pied tout au long de la D14 - il ne l'aime pas cette route visiblement - et puis il a retrouvé des bonnes sensations en fin d'étape ce qui le rassure par rapport à ces derniers jours. A l'arrivée c'est la traditionnelle douche froide qui l'attendait, et oui, pas d'eau chaude dans la salle. Demain il pense faire l'étape tranquillement.

    Jeudi 21 août :
    ÉTAPE 9 / Angles-sur-l’Anglins. -- St-Sulpice-les-Feuilles : 70 km D+ 780m / CUTOFF 12h44mn (total 592 km) 

    C'est allongé dans le gymnase avec
    l’Équipe sur les genoux que nous avons retrouvé par téléphone Fab. Il se reposait tranquillement après ses 7h25’ de course, une douche et quelques petites courses au SHOPI du coin pour acheter quelques victuailles qui le changeraient du quotidien car il commence à saturer. Je vous livre un scoop : cette année la palme du mets préféré revient au Cacolac !
    L'étape a été dure en partie à cause de la chaleur et de la solitude, car, même s'ils sont nombreux cette année les Transes Gaulois, certains passent des journées seuls sur la route. A quoi pensent-ils alors? Les autes je ne sais pas mais Fab lui pense aux gens qu'il
    connaît les uns après les autres (famille, amis, collègues, membres du forum...) et puis il pense aussi, il l'avoue, au temps réalisé l'an passé sur l'étape du jour et qu'il essaie de ne pas dépasser cette année.
    La journée de demain risque d'être difficile car météo
    France annonce des orages du côté de la Souterraine...

    Vendredi 22 août :
    ÉTAPE 10 / St-Sulpice-les-Feuilles -- Bourganeuf : 64 km D+ 820m / CUTOFF 11h39mn (total 656 km)

    "Content mais cela n'a pas été facile loin de là". Une belle journée de pluie et de vent pour cette 10ème étape mais à l'arrivée après 6h32’ sur les routes les chaussures n'étaient pas si gorgées d'eau que ça... C'est qu'il faut les faire sécher ! Fab finit 13ème non pas qu'il a
    it accéléré l'allure mais certains coureurs ont un peu levé le pied. Fab avait ce soir une petite pensée toute particulière pour Thierry qui a abandonné la course alors que jusqu'ici il se battait avec le cut-off qu'il frôlait souvent, mais qui faisait preuve d'un grand courage malgré les douleurs ressenties aux pieds qui ne sont plus qu'ampoules bien infectées… Pour l'étape de demain s'il fait 5 h 10 il sera content : "Il ne faut pas tenter le diable". Je l'ai laissé posant avec tous les participants, devant la Mairie, pour une photographie à paraître dans la gazette locale.

    Samedi 23 août :
    ÉTAPE 11 / Bourganeuf -- Peyrelevade : 50 km D+ 695m / CUTOFF 9h06mn (total 706 km) 

    "Je me suis bien amusé". Comme l'année dernière Fab a bien apprécié cette petite étape
    de 49 km. Il est parti tranquillement et a accéléré petit à petit surtout dans les descentes et même si la fin l'a vu un peu poussif il ne voulait surtout pas se faire doubler par Kelvin l'Australien alors, il a tout fait pour que cela n'arrive pas. Il a ainsi franchi la ligne d'arrivée en 4h48’58’’ à la 11ème place avec quelques douleurs peut-être mais il a fait celui qui ne les sentait pas… Cette journée fut marquée par la visite de sa sœur et de son beau-frère (ça fait chaud au cœur) ainsi que celle de quelques Transegaulois de l'édition 2005 : Patrick, Christophe, Alain, Bernard... (et ça aussi ça met du baume au cœur).
    Il se projetait déjà dans l'étape de demain avec 14 km de descente vers la Dordogne où il pourra lâcher les chevaux mais il faudra en garder tout de même car une fois la rivière passée c'est 12 km de montée qui attendent les coureurs...

    Dimanche 24 août :
    ÉTAPE 12 / Peyrelevade -- Mauriac : 77 km D+ 1010m / CUTOFF 14h00mn (total 783 km)

    Fab était en train de consulter le classement général avec JB quand je l'ai eu au téléphone. Ils regardaient le tableau et se demandaient s'il était possible de
    grappiller quelques places d'ici Gruissan. La réponse est : « Peut-être mais je ne vais pas aller les chercher, on verra au jour le jour. »
    Il a couru les 75 km d'aujourd'hui en 7h39’30’’ et s'est classé 9ème de l'étape. Il a perdu 9 min par rapport à l'an passé et après analyse il en a trouvé la raison et même deux :
    -
    il lui manquait un lièvre sur la fin alors que pour la TG 2007 c'est Jochen qui avait joué ce rôle et mine de rien ce fut efficace ;
    - il a perdu du temps pour un problème de cardio qui s'était déplacé et d'équipement à enlever. En effet il est parti ce matin bien couvert car il faisait froid.
    Enfin ces quelques minutes ne lui sapent pas le moral du tout, bien au contraire, il est très content d'être sur la route et de vivre cette aventure pour la 4ème fois. Son seul regret pour aujourd'hui c'est de n'avoir pas pu admirer le paysage lors de la superbe descente sur la Dordogne à cause du revêtement de la route : « Il fallait bien regarder où l'on mettait les pieds!».

    Demain il va y avoir un petit changement de parcours car l'étape ne s'arrête plus à Aurillac mais à Jussac. Fab ne pourra donc pas faire de comparatif par rapport aux éditions passées : l'étape est plus courte. (Mais celle de mardi sera plus longue !)


    Lundi 25 août :
    Étape 13 : Mauriac – Jussac

    "Belle étape"
    C'est sur une moyenne de 9,85 km/h que Fab a couru cette 13ème étape et a terminé à la 10ème place en 5h03’59’’. Il était en avance sur tous ses temps de passages intermédiaires par rapport à la TG 2007, la comparaison ne peut aller plus loin car le parcours n'est pas tout à fait le même.
    Les coureurs ont pu, à partir de l'avant dernier col, découvrir un nouveau parcours, des nouveaux paysages et Fab a bien apprécié, même si sur cette nouvelle portion de route ils ont eu à gérer une descente de 5 km très très raide où il a dû mettre le frein car 12 km/h c'était trop
    rapide sans risquer la blessure. Cette journée fut riche aussi en émotions.  Les coureurs ont appris ce matin le décès de la maman de Frédéric, l'un des accompagnateurs qui avait couru la TG l'an dernier. Cette nouvelle a attristé Fab et cela lui a rappelé des moments identiques. Et puis à la tristesse est venue succéder la joie. Au col du Légal, assis sur le même caillou que l'an passé, un couple de motards l'attendait... Petite explication pour ceux qui n' ont pas suivi le périple 2007. Ces gens, Jérôme et Marie, que Fab a rencontrés sur un forum, étaient passés sur la TG pour l'encourager ainsi que les autres et ils leur avaient apporté des flans - le monsieur est pâtissier - et comme chacun sait ,c'est la pâtisserie préférée de notre coureur entre Roscoff et Gruissan. Et bien cette année, ils étaient là, à nouveau, à l'attendre. Ils l'ont accompagné dans la descente du col et sont venus le retrouver à l'arrivée.
    De plus, ils ont pris ce soir, son linge pour le laver et le ramèneront demain avec deux énormes flans pour toute la caravane… Fab était très ému ce soir quand il m'a raconté tout ça !
    Et puis il a fini par : "ça sent le Sud". Et oui Fab, cela veut dire aussi que ça sent la fin et que lundi tu bosses !

    Mardi 26 août :
    Étape 14 : Jussac - St Cyprien sur Dourdou

    Il lui aura fallu 6h59’18’’ pour arriver au bout de cette 14ème journée de course . Il n'avait pas encore fait ce soir le compte des deux dernières étapes pour comparer ses temps avec ceux de la TG 2007 mais que personne ne s'inquiète ce sera chose faite après l'apéro offert par la commune de St Cyprien. Il a eu un peu d'inquiétude aujourd'hui car il a ressenti un léger tiraillement au mollet dans les descentes mais il était rassuré ce soir car ce n'était plus sensible. Peut-être que le petit tour à la piscine - il faisait 37° en plein soleil - son repas d'après-course
    (confit et frites) et sa petite visite du village de Conques avec Jérôme et Marie y sont pour quelque chose. Comme Fab est tombé amoureux de ce village je suis allée sur Internet faire quelques recherches et j'ai trouvé de bien belles photos.

    Mercredi 27 août :
    ÉTAPE 15 / St Cyprien-sur-Dourdou. -- Cassagnes-Begonhès 57 km D+ 860m / CUTOFF 10h22mn (total 968 km) 

    Petit SMS de Fab : il a terminé 10ème en 5h38’35’’ !
    C'est installé bien à l'ombre, sur une petite place, un verre d'apéro à la main que Fab nous a fait ce soir son petit compte-rendu de la journée. Il est parti ce matin en compagnie d'un petit groupe de coureurs qui au classement général se trouvent devant lui, l'allure était donc rapide. Il les a accompagné
    s ainsi jusqu'à Rodez puis les a laissé filer car il se serait trouvé en sur-régime...
    Il a eu une belle frayeur à 3km de l'arrivée : son genou le faisait boiter alors que le mollet douloureux de la veille l'avait laissé tranquille. Il s'est donc mis à marcher et puis tout est rentré dans l'ordre à quelques mètres de la banderole... Bizarre ! Ce soir il ne ressent plus aucune gêne.
    Il a fait son petit rituel cet après-midi : repos, glace sur les jambes et courses (petits cakes, crème de marron...) pour changer de l'ordinaire des tables de ravitaillement. Il n'arrête pas de manger et pense que malgré les kilomètres parcourus il a pris du poids, mais il n'a pas pu le vérifier car les piles de la balance posée à l'arrivée entre les glacières de bières
    et de panaché étaient mortes ! La nuit risque d'être difficile car la TG est installée ce soir dans une toute petite salle des fêtes, alors ils sont tous un peu les uns sur les autres. Mais demain l'étape sera courte ainsi ils auront le temps de récupérer.
    Pour les mordus de chiffres comme Fab je vous informe qu'après calculs, sur ses 2 précédentes étapes, il perd moins d'une minute par rapport à 2007. Par contre pour demain, il pense qu'il perdra du temps par rapport à l'an passé où il avait tourné en 10,5 km/h.  

    Jeudi 28 août :
    ÉTAPE 16 / Cassagnes-B. -- St-Sernin-sur-Rance : 55 km D+ 885m / CUTOFF 10h00mn (total 1023 km) 

    L'étape 16
    de 2008 ressemble à 1’01’’ près à celle de 2007 : quelle régularité ! Fab termine en 5h10’10’’ à la 10ème place. La forme est bonne et il s'est bien amusé dans les lacets des montagnes, appréciant surtout les zones ombragées car le soleil a encore tapé très fort sur la course aujourd'hui.
    Ce soir, ils sont installés dans une vieille salle des fêtes qui à défaut d'être vaste a l'avantage d'être
    fraîche. Ce midi après avoir fait son petit rituel (douche - linge - glace - repos) il s'est offert une bonne portion de paella achetée à un commerçant ambulant qui s'était installé près de l'arrivée. Voyant ses affaires si prospères aujourd'hui - toute la caravane ou presque s'y est arrêtée - notre marchand ira sans doute à l'arrivée demain. C'est une très bonne idée car si ce soir le repas a lieu au restaurant demain c'est Bolino-day ! Pour ceux qui se lanceraient dans l'aventure voici un petit aperçu de ce que Fab mange pendant la course :
    -1er ravito : 1 banane et 2 petits LU
    -2ème ravito : des gâteaux
    -3ème ravito : de la crème de marron et du jus de raisin
    -4ème ravito : du melon, de la pêche et il emmène 2 gâteaux qu'il mange en courant.
    Parallèlement les bénévoles lui remplissent
    ses deux bouteilles d'eau dans lesquelles il met du sucre !
    Voilà la recette miracle.
    Notre conversation téléphonique s'est terminée par :
    "Je ne suis pas pressé de rentrer. (Il nous dit ça tous les ans...)
    Je me sens prêt pour la Transe Europe" 
    Il est vrai que s'il court les 16 premières étapes ainsi ça va être super !

    Vendredi 29 août : ÉTAPE 17 / St-Sernin-sur-Rance -- St-Pons-de-Thomières : 71 km D+ 1350m / CUTOFF 12h55mn (total 1094 km) 

    "Impeccable". Record battu : deux minutes de moins que l'an passé ! Fab a couru cette chaude étape en 6h50’ et est arrivé… Je vous laisse deviner juste pour voir si vous suivez depuis le début !
    Il gagne tout de même une place au général ce soir. Il a été accompagné par Vincent (Confetti pour les membres du forum ADDM), Chantal (ADDM) et Emmanuel qu'il avait rencontré aux 24 heures de Séné. Cela lui a fait bien plaisir de les voir là et de courir un petit bout
    d’étape avec eux. Petite nouvelle du commerçant ambulant d'hier : il est bien venu à l'arrivée aujourd'hui et comme les transe Gaulois lui ont vidé son stock, il est reparti dans l'après-midi chercher du ravitaillement pour assurer le repas de ce soir ! Et oui c'est que ça creuse les km… Fab se projetait déjà dans la course de demain où trois départs vont être donnés afin de permettre à tous d'arriver sur la plage de Gruissan pas trop tard. Les départs vont s'échelonner ainsi : 5h00 / 6h00 /7h00. Lui visiblement se trouverait dans le dernier. De façon à ce que les accompagnateurs soient aussi présents sur le sable il n'y aura que les 3 premiers ravitos d'assurés, pour les 4 et 5ème les coureurs trouveront des caisses sur le bord de la route ! Ils ne seront pas 45 à arriver à Gruissan, Ewald Komar a abandonné la course après 25 km pour des problèmes gastriques...

    Samedi 30 août :
    ÉTAPE 18 / St-Pons-de-T. -- Gruissan-Plage : 72 km D+ 520m / CUTOFF 13h30mn (total 1166 km) 

    Juste un petit mot pour vous dire que Fab vient de gagner sa 4ème étoile et qu'il se classe 12ème au général… Nous aurons d'autres nouvelles plus tard dans la soirée.
    21 h 00 : C'est encore à l'apéro que j'ai retrouvé notre coureur. La remise des trophées venait de s'achever. Tous les participants de cette édition 2008 trinquaient en attendant le repas prévu ce soir pour une centaine de personnes !
    Fab a trouvé cette dernière étape un peu dure à cause entre autre de soucis d'intendance : le 4ème ravito était vide et le 5ème ne se trouvait plus à l'entrée de Narbonne mais à la sortie. Pensant donc qu'il était passé à côté sans le voir, il s'est arrêté dans un commerce pour acheter de l'eau et du C
    acolac. Cette halte lui a fait perdre du temps - ça ce n'est pas bien grave - mais surtout de l'énergie et le rythme et c'est plus embêtant… Malgré cette petite note négative il était content de sa course d'aujourd'hui et de sa TG plus particulièrement. Il gagne 3h22’ sur celle de 2007.
    Il lui reste une étape tout de même, celle de demain, et ce n'est pas la plus facile : Gruissan - Nantes. Il va faire le trajet en camion avec Charles - un bénévole - et non en train comme cela était prévu au départ.
    Pour ma part je vais rendre la plume que je reprendrai sûrement pour la Transe Europe mais les comptes-rendus ne seront pas quotidiens sauf si quelqu'un
    connaît un opérateur téléphonique qui veuille bien nous sponsoriser ! A bientôt!

    Lundi 1er septembre. (J'ai rédigé ce CR dans le camion du retour, piloté par Charles, le dimanche entre 7h et 16h)

    "It's a long way home" pour nous les SDF de 18 jours (et même 20 en comptant la veille du départ et le lendemain de l'arrivée). Cette traversée de notre beau pays, par les bucoliques et tranquilles petites routes de campagne et ce malgré quelques tronçons rappelant la "dure" réalité de la vie en société (entrée et traversée de quelques villes moyennes et de quelques gros bourgs), fut une nouvelle fois une réussite personnelle tout d'abord, mais aussi collective.
    D'abord, je suis allé au bout sans le moindre pépin, j'ai juste eu une étape "moralement" difficile - qui n'a pas eu un jour dans sa vie un passage délicat ?- et une petite ampoule rapidement soignée.
    J'ai ensuite amélioré mon temps de traversée de plus de 3h20' (le temps d'un marathon ! mais en réalité comme il y avait 2km de plus que l'an passé, soit environ une douzaine de minutes, et que mon allure est de beaucoup inférieure à celle sur 42,195km, en t.e.TG (Temps
    Équivalent Transe Gaule) ça doit donner quelques 34km d'avance sur 2007.
    Enfin, mon classement (12ème) me ravit, ce qui peut paraître paradoxal vu qu'il est moins "bon" que celui de l'an dernier (7ème), mais le niveau des participants était cette année le plus relevé jamais rencontré sur les 7 Transe Gaule qui ont été organisées, sans faire injure aux participants des éditions précédentes bien sûr.

    Plusieurs facteurs expliquent cette élévation du niveau :
    - le nombre plus important de coureurs expérimentés, ayant déjà une ou plusieurs traversées à leur palmarès, en France, en Allemagne ou ailleurs;
    - la présence de coureurs ayant des références sérieuses sur les courses d'ultra (internationaux, coureurs de 24h à plus de 200km, jeunes de grand talent, Spartathlètes et autres "Badwateristes" confirmés...), en résumé, des coureurs ayant des vitesses de base supérieures à 10km/h ainsi qu'une âme de guerriers, des combattants quoi ! Pour terminer dans les 20 premiers, il fallait ce supplément d'âme et surtout ne pas sombrer dans le cycle vicieux "douleurs-blessures-déplaisir", enfer qui en aura déstabilisé plus d'un ;
    - les très nombreuses informations circulant sur les forums et les blogs démystifiant grandement l'aventure et conduisant beaucoup de coureurs à une
    extrême prudence en début de TG.

    Cette 4ème étoile va m'apporter quelques certitudes pour le printemps 2009 quand arrivera l'heure de la TransEurope (TE-FR 09).
    Des certitudes au niveau physique d'abord.
    Je termine en bon état et j'aurais presque été prêt à faire d'autres étapes, mais le travail devait reprendre dès le surlendemain de l'arrivée.
    Des certitudes au niveau du matériel utilisé : chaussures, tenues (shorts, T-shirts, chaussettes...) course avec mes bouteilles aux mains (d'où le surnom d'"écureuil" donné par certains observateurs), matelas, sac de couchage et tout le reste. Il faudra veiller néanmoins à ce que mes bagages soient moins lourds (<30kg) sous peine d'une surtaxe par l'organisation.

    Comment en suis-je arrivé à continuer de progresser ?
    D'abord, contrairement à certains, je ne me lasse pas d'effectuer tous les ans le même parcours, je pense que c'est même un avantage car le souvenir de très nombreux endroits traversés m'a plutôt servi. Je savais où je devais courir tranquillement, où je pouvais accélérer, je me rappelais qu'en 2ème semaine, l'organisme s'étant acclimaté, je ne risquais plus d'attraper des tendinites
    d’Achille ou des lésions aux releveurs.
    J'ai donc rapidement décidé (au bout d'une douzaine de km dans la 1ère étape, à Penzé, après le premier ravitaillement) de hausser le rythme et de courir à 10km/h. Les 6 premières étapes m'ont vu gagner environ 30' par jour et je savais que jusqu'à l'étape 10, voire la 11, je pouvais soit conserver ces 3h d'avance soit même les augmenter. L'an dernier, j'avais accéléré dès la deuxième semaine et cette année, j'ai fait la même chose si bien qu'au terme de la 11ème étape je possédais 3h42' d'avance tout en étant 16ème au classement général.
    Je pensais qu'alors ce matelas de minutes allait diminuer lors des 7 étapes suivantes, d'ailleurs, dès le lendemain (12ème étape) j'avais "perdu" une dizaine de minutes. Mais je suis quelqu'un qui aime quand même prendre des risques et faire des tests, ainsi, à chaque étape qui suivit, je me fixais un "cut off" personnel : le temps mis l'an dernier. Et cette course contre moi-même me servait de moteur pour avancer.
    Si j'ai repris 4 places lors de cette dernière semaine, ce n'est pas parce que je voulais dépasser les coureurs de devant à tout prix, mais c'est parce que certains ont faibli (blessures, fatigue, prudence...) et que j'ai aussi accéléré un peu plus encore.
    Le fait de toujours courir près de son "maximum" (j'entends par maximum, une vitesse de croisière raisonnable sans retenue, sorte d'équilibre à la frontière entre l'endurance et la résistance) n'est pas éprouvant physiquement et permet d'effectuer un bon déroulé du pied lors de chaque foulée même si la mienne est assez peu aérienne ce qui à mon avis permet d'éviter les blessures (releveurs,
    tendons d’Achille...).
    En revanche, nerveusement on ressort un peu lessivé de chaque étape, un peu comme après un marathon ou un 100km, mais la décompression se fait rapidement et la joie d'avoir atteint son objectif prend le dessus.


    Sur une course comme la Transe gaule, il faut essayer de ritualiser certaines actions :
    - Boire dès l'arrivée, eau plate, gazeuse, bière avec ou sans alcool, coca ou autre boisson...
    -
    Rallier rapidement le gymnase ou la salle d'hébergement;
    - Chercher et enfin trouver une place si on vous en a laissé une où s'installer, de préférence près d'un mur, avec un tapis de sol
    ou tatamis, pas loin des commodités;
    - Se doucher;
    - Laver son linge;
    - Trouver un endroit où l'étendre, de préférence au soleil ou là où il y a de l'air;
    - Trouver des glaçons pour 15' de "rafraîchissement" des jambes : en position allongée, sur le dos, les jambes en l'air, je passe la glace (qui est dans de petits sacs à congélation étanches) du gros orteil vers le genou, le long des releveurs et du tibia, puis je la passe le long des tendons d'Achille et autour des genoux qui ont subi tant et tant d'impacts. Enfin, je termine par les adducteurs et la sangle abdominale afin de limiter les douleurs générées par un reste de pubalgie et qui apparaissent au bout de 3h de course environ;
    - Noter mes temps de passage sur mon carnet de bord et comparer avec ceux des années précédentes;
    - Envoyer un SMS à Pascale avec temps, place et impressions;
    - Aller acheter à manger (Yop ou Cacolac, eau gazeuse, jus de fruits, yaourts style Flamby et/ou flans ou autres pâtisseries selon l'arrivage) ou aller dans une brasserie se faire servir un steak, une pizza ou des galettes...
    - Manger;
    - Me reposer, allongé avec le MP3, dormir ou essayer de dormir, mais pas trop pour bien dormir la nuit suivante;
    - Préparer le matériel pour le lendemain;
    - Ranger un peu la valise afin de tout retrouver du premier coup;
    - etc.
    Et c'est là qu'on s'aperçoit qu'arriver tôt permet de ne pas se précipiter et de ne rien oublier.

    Autre rituel, celui du matin :
    - Réveil;
    - Boire;
    - Aller aux WC pour ne plus devoir y aller quand tous les autres coureurs voudront eux aussi y aller, au dernier moment;
    - Rouler le sac de couchage;
    - Dégonfler l'oreiller et le matelas;
    - Les rouler et les ranger dans le sac;
    - Prendre le petit déjeuner;
    - Faire un brin de toilette;
    - Se mettre en tenue;
    - Positionner les pansements de protection et se badigeonner des crèmes protectrices (pieds, aisselles, aines, tour de taille);
    - Enfiler les chaussures choisies selon les caractéristiques des étapes (courte, longue, avec ou sans chemins, avec ou sans dénivelé, selon la météo...);
    - Remplir les bouteilles de 50cl d'eau en y ajoutant 3 ou 4 sucres suivant les besoins;
    - Préparer la sacoche-banane avec
    papier toilette, gels, barres énergétiques, argent);
    - Prendre le road-book miniaturisé et plastifié;
    - Préparer le sac à déposer dans la caisse de ravitaillement R3 (km40) ou R4 (km50) suivant la longueur et la difficulté de l'étape;
    - Fermer la valise et le sac à dos;
    - Les charger dans le camion;
    -
    Écouter le briefing du directeur de course;
    - Se rendre sur la ligne de départ à pied ou en navette;
    - Profiter des dernières minutes avant le départ pour boire et se concentrer ;
    Et puis ... c'est le départ, tranquille les premiers km puis une fois bien échauffé la vitesse de croisière est atteinte et contrôlée par les premiers temps de passage (bornes kilométriques).

    Pendant les étapes, un autre rituel se déroule : on double les mêmes coureurs à peu près dans le même ordre tous les jours, et on se fait dépasser par d'autres aussi de la même manière.
    Certains ne sont pas constants tous les jours et vont jouer les baroudeurs une étape pour le payer cash le lendemain et '"
    traînailler" dans le peloton.
    Quelques téméraires de début de Transe Gaule ou de début d'étape vont peu à peu ne plus faire partie de ce rituel : blessures, lassitude, relâchement physique et mental, relief ... vont progressivement venir les perturber.

    à+Fab****

     

    TEFR 2009

    Il y a un peu plus d'un an, quand j'ai décidé de faire la TransEurope, ce projet me paraissait fou, comme si ce n'était pas moi qui avais décidé de courir et qu'au bout de quelques semaines j'aurai laissé tomber l'affaire. Mais depuis, il s'est passé beaucoup de choses qui ont rendu ce projet de plus en plus concret.

    D'abord, le placement sur la liste des partants, officialisé depuis la clôture définitive des inscriptions, qui est devenue effective dès lors qu'on a règlé le montant intégral des frais d'inscription. On m'a attribué un numéro de dossard, le 31, et je fais partie des 65 coureurs actuellement présents sur la liste définitive. D'ici une grosse dizaine de mois, il peut se passer des événements qui élimineront quelques concurrents : blessure, contre indication médicale lors de la visite obligatoire chez un spécialiste, non octroi de congés, ou autres impondérables, ce que je ne souhaite à aucun des inscrits actuels.

    S'il n'y a aucun désistement, nous serons alors 65 à partir de Bari le 19 avril 2009 et tous avec le même objectif : arriver au Cap Nord !

    Pour ma part, j'ai reçu la confirmation que ma demande de mi-temps annualisé était accordée, si bien que je vais travailler à temps plein pendant la moitié de l'année et je serai en congés pendant l'autre moitié.

    C'est déjà une garantie de ne pas me retrouver à rechercher un emploi dans des agences d'intérim, ce qui parfois n'aurait pas été très évident, surtout à mon âge. Mais j'étais quand même prêt à renfiler le bleu de travail, comme lors des quelques années qui ont précédé mon emploi actuel.

    C'est aussi la certitude d'être couvert socialement, de ne pas perdre mon poste que je récupérerai fin 2009, de ne pas perdre trop de points à l'avancement et de ne pas perdre non plus trop de temps en ce qui concerne mes droits à la retraite... surtout que par les temps qui courent, on se demande bien si l'on ne va pas nous faire bosser jusqu'à 80 balais. Mais je me serai "cassé" avant, quitte à ne pas obtenir un taux de retraite à 100%.

    Voilà donc une nouvelle marche escaladée.

    Je ne réalise quand même pas ce qui m'attend, mais ça viendra au fil du temps, et déjà à la rentrée prochaine, une fois la Transe Gaule terminée.

    à+Fab***

    Le paradoxe sur la TG, c'est que les premières étapes sont toujours plus difficiles que les suivantes, sauf en cas de blessure bien évidemment.
    Deux raisons à cela :
    1/ le temps à l'organisme de s'habituer à l'enchaînement des kilomètres, aux premières douleurs, le temps de trouver son propre rythme pour chaque journée, le temps de rôder ses rituels (réveil/préparation/course/douche/alimentation/lavage du linge/récupération/compte rendu à écrire/sommeil...), le temps de ne prendre que le matériel et le ravitaillement nécessaires ... le temps de trouver sa place dans la hiérarchie du peloton (il ne faut pas croire qu'on ne regarde pas le classement et qu'on n'en a rien à faire, même si l'objectif est d'aller à Gruissan, cela ajoute un peu de fatigue mentale à la fatigue physique);
    2/ la configuration des 5 premières étapes : 62km(+ les 6 du prologue)/64km/75km/67km/70km (dont la moyenne est supérieure à celle de l'ensemble de la course 338/5=67,6km) avec du dénivelé qui ne permet pas toujours d'être bien lucide et toujours bien à l'aise.

    Mentalement, je me suis découpé la course en trois parties. Les 5 premières étapes en constituent la 1ère.

    Une fois "admis" en deuxième semaine (la seconde partie), il faut gérer, mais ça se passe mieux car il y a de courtes étapes qui arrivent. 53, 58 et 63km pour un début de semaine, ça va, on peut avoir un jour sans, il n'aura pas de grosses conséquences. On est sur un parcours plus plat, malgré la monotonie de la D14 et le relatif manque d'ombre, puis c'est l'attaque du Limousin (69 et 62km) où l'esprit se libère car on se retrouve sur des routes moins fréquentées donc moins stressantes. Les paysages sont beaux, il y a de l'ombre, de la verdure ...
    Reste le week-end : l'attaque du Massif Central. Une courte étape suivie d'une longue (49 + 75km) C'est là où se joue la suite de la TG.
    Option galère ou option plaisir ? Cela va dépendre de la digestion de l'étape du dimanche longue de 75km.

    Parce que la suite (la 3ème partie) va en descendant (pour les 4 étapes suivantes, au niveau des km je précise) : 64, 61, 56 et 54km, ce qui permet, dans les meilleures conditions de gagner chaque jour quelques précieuses minutes de récupération et de profiter au maximum de l'ambiance de la course et de celle des villages étapes. Des amitiés se sont liées, tout le monde se connait et déjà une certaine euphorie commence à contaminer tout le peloton ainsi que les accompagnateurs : ça sent l'écurie  :-)

    L'avant-dernière, l'étape aux 4 cols est magnifique, mais ses 70km n'en font pas une partie de plaisir pour autant. Mais une fois au bout, on sait que le lendemain ça sera l'apothéose.

    La dernière étape est très difficile mentalement car on sait que la fête va se terminer ce soir et qu'il va falloir retourner au train-train quotidien. Pourtant, elle démarre de la plus belle des manières, de nuit avec un départ aux alentours de 5h du matin (selon les années et les différents groupes de niveaux constitués). Une longue montée nocturne vers le Col de Sainte Colombe où je jour se lèvera puis la longue descente vers la mer avec un panorama gigantesque feront apprécier les premières heures de ce qui deviendra peu à peu une étape difficile : le Canal du Midi, certes très joli, est pénible car le revêtement et les longues lignes droites ne permettent pas à l'esprit et au corps de se reposer et quand on sait qu'arrivé à Narbonne on va passer une demie heure de galère. Les ravitaillements ne sont plus assurés de la même manière qu'au cours des étapes précédentes, alors il faut anticiper sur le fait qu'il puisse ne plus rien y avoir et donc ne pas hésiter à s'arrêter dans des commerces pour refaire le plein. Déjà, ne pas se perdre est une gageure malgré le flèchage, mais l'environnement urbain de ce dernier week-end de vacances rend la tension des uns et des autres extrèmement forte, qu'il s'agisse des coureurs ou des habitants du coin. Les routes ne sont pas faciles car les accès aux plages empruntent leur itinéraire et il n'y a personne de plus pressé qu'un vacancier, alors, pensez si les coureurs à pieds seront respectés !

    Quand enfin on arrive aux abords de Gruissan, qu'on aperçoit longtemps à l'avance, la fatigue et le stress ont bien entamé les réserves d'énergie et on a hâte d'arriver. Sur la piste cyclable lors des deux derniers km on revit sa Transe Gaule, on revit sa vie, l'émotion atteint son paroxysme, et les 150 derniers mètres sur la plage resteront gravés à vie dans la mémoire de chaque arrivant. Cris de joie, pleurs, embrassades, congratulations diverses, courses effrénées vers la mer qu'on a tant et tant de fois rêvé d'atteindre, baignade ... chacun va extérioriser à sa façon ces heures et ces heures passées sur la route, sur les routes de la France, à essayer de conquérir son étoile.

    Malgré toutes les souffrances, oubliées dans cet état d'euphorie, certains se projettent déjà vers la future édition, en se faisant la promesse d'être à nouveau au départ. D'autres ont tellement donné à tous les niveaux (physique, psychologique...) qu'ils se jurent qu'ils ne reviendront plus jamais.

    à+Fab****



    votre commentaire
  • TranseGaule 2005

    ÉTAPE 1 / Roscoff -- Plounévézel 68 km (D+ 725m / CUTOFF 12h22mn)
    Étape de mise en jambes entre ‘’Armor’’ (la Mer) et ‘’Argoat’’ (les Terres)… Bords de mer et d’estuaire pendant 16 Km jusqu’à PENZE. Ensuite, ascension en douceur vers les Monts d’Arrée (Parc Régional d’Armorique). Forêt, Rivière d’Argent. Première escale à la limite du Finistère et des Côtes d’Armor, 3 km avant la ville de CARHAIX-PLOUGUER, terre de cross-country (championnats de France en 1996 et 2000) et de Rock’n Roll (Festival des Vieilles Charrues chaque été). [Extrait du road-book 2005]


    Commentaires : Chaleur + côtes + départ trop rapide = étape difficile !!! 
    Alternance marche-course pas assez fréquente 
    Tenue : Short rouge, maillot blanc, chaussures New Balance 1050 N°2 
    Météo : Fraîcheur matinale trop courte, chaleur difficile à supporter 
    Alimentation : 
    Matin : eau chaude + Café + lait gloria + country crisps 
    ravitos : bananes, melon, tomates, demie barre protéinée, pâte de fruit. 
    Isostar, eau + sucre 
    Bolino dès l’arrivée + eau pétillante 
    Soir : repas traiteur 

    Compte rendu de la première étape de la Transe Gaule 2005. 
    Depuis le temps que je l’attendais, le vrai départ, celui de devant le phare de Roscoff ! L’émotion était difficile à contenir, et comme nous avions attendu longtemps avant de partir, celle-ci n’avait fait que d’augmenter. J’ai dû aller m’isoler quelques instants pour la laisser éclater : elle correspondait à la somme entre mon stress, mes tensions, mes inquiétudes, mes doutes, mes rêves (Combien de fois avais-je couru cette étape dans ma tête, en relisant le road-book et la carte ?)… Je suis allé au bord de l’eau, me tremper les mains dans cette mer que je ne reverrais pas de sitôt.
    Après une nouvelle présentation de tous les concurrents par Jean-Benoît Jaouen, l’organisateur de la Transe Gaule, et après les séries de photos de groupe ou individuelles, un petit bisou à Pascale (ma femme), Gaëlle (sa sœur) et Lorris (mon fils) le départ fictif fut donné à 8H39. 
    Enfin partis, tous groupés pour rallier le vrai départ situé 6km plus loin, à Saint-Pol de Léon. 
    Le parcours était ouvert par des coureurs de la région qui nous ont fait passer par des endroits assez surprenants.
    Était-ce prévu ? En tout cas, il fallait se méfier et ne pas déraper comme l’a fait Roger Warenghem qui s’est blessé, ou ne pas mettre les chaussures dans l’eau de la partie marécageuse rencontrée aux abords de la voie ferrée. 
    Prudent, il fallait rester prudent. On nous avait tellement mis en garde contre un départ trop rapide ! 
    Une quarantaine de minutes de préalables où les sensations n’étaient pas les meilleures : il y avait trop de stress, d’attente de ces premières foulées, de « désentraînement » progressif pour ne pas arriver « grillé » sur la Transe Gaule… 
    9H32, vrai départ, chronométré, dans la ville de St Pol que je connaissais pour y avoir disputé les France de Semi Marathon il y a quelques années. Le début du parcours m’a rappelé des souvenirs, avec son vallonnement que je croyais plus fort, mais la vitesse n’est pas la même, 8 à 9 km/h ici contre 14 km/h lors du semi, d’où cette impression. 
    Une fois Penzé passé, vers le km 10 et après 1h15’ de course, on quitte le parcours du semi pour emprunter celui de la Transe Gaule.
    Ensuite, on commence doucement à monter vers les Monts d’Arrée, en traversant le Parc Régional d’Armorique. C’est beau, la Bretagne quand on a le temps de regarder ! Mais le paysage ne défile pas vite, et dire que ce sera comme ça tous les jours ! Heureusement, de temps en temps, pour rompre la monotonie, un petit coup de klaxon de ma femme qui me dépasse en voiture, et que je retrouve un peu plus loin pour me prendre en photos, ou pour me proposer de l’eau. 
    Les passages aux ravitaillements savamment disposés aux km 15, 30, 40, 50 et 61 sont bien appréciés : fruits frais, eau, sucre, sel, raisins ou abricots secs, de quoi tenir jusqu’au prochain. L’arrivée commence à tarder à venir, cette étape n’est pas aussi facile que je ne l’aurais pensé, pour une première où j’étais censé être frais.
    Arrivée sous l’arche à 17H04, soit après 7H31’57 de course, à la 10è place en plus, ce qui m’a surpris, pensant que j’allais terminer beaucoup plus loin dans le classement. Mais les autres ont-ils été prudents et moi un peu trop rapide ? Peut-être le paierai-je demain ? Certains ont eu des défaillances (Jan Ondrus), d’autres ont été rapides (le premier a tourné à 12km/h !). 
    En tout cas, une fois la ligne passée, j’ai le droit à une petite mousse, et je mets de la glace sur mes jambes sur les conseils d’un ex-transe gaulois qui n’eut pas la chance d’aller jusqu’au bout (Philippe Favreau). Au bout d’un certain temps, j’installe mon couchage dans le gymnase et je vais prendre une bonne douche méritée, faire ma petite lessive, l’étendre sur un fil entre deux arbres et je mange un petit
    en-cas (Bolino !) car le dîner est prévu plus tard. Je me repose sur mon matelas afin de récupérer le plus possible, mais ce n’est pas très facile de faire le vide. Après ce court laps de temps, il faut penser à demain : quelle tenue ? Préparer les affaires, les pansements, les crèmes anti-frottements, le porte bidon, les barres énergétiques, le petit déjeuner… et ne pas oublier d’accrocher le dossard sur le maillot ! 

    Ce petit rituel de l’arrivée devrait se répéter tous les autres jours. Et au bout d’un certain nombre d’étapes, ce sera machinal, et j’y gagnerai de précieux instants de repos en plus. 
    En tout cas, ce soir, dodo tôt après le repas, car demain sera un autre jour ! Le repas est très convivial, servi par Pascale, Gaëlle, et les autres personnes nous accompagnant. Un petit peu de vin à table, pour aider à passer le stress et l’excitation, déjà il faut se raisonner à quitter la table pour se coucher.

     

    ÉTAPE 2 / Plounévézel -- Pontivy : 65 km D+ 660m / CUTOFF 11h50mn (total 133 km) 
    Étape vallonnée où l’on découvre que la Bretagne n’est pas un plat pays ! Amateurs de vieilles pierres, nombreuses chapelles et multiples calvaires à découvrir. Entre GLOMEL et SILFIAC, vous empruntez le chemin de halage du Canal de Nantes à Brest (plat) sur 9 km (circulation automobile interdite, véhicules détournés). Vallée du Blavet à l’approche de Pontivy, sous-préfecture du Morbihan, où l’on quitte définitivement la Basse Bretagne (de langue bretonne) pour le pays gallo (francophone). [Off-road = 9 km] (Extrait du road-book 2005) 

    Commentaires : fraîcheur matinale bienvenue, avec léger brouillard par endroits. Paysages magnifiques, beaucoup de côtes et de descentes. 9 km le long du canal de Nantes à Brest sur chemin bien entretenu et ombragé. J’ai couru avec Mathias, coureur Suédois, pendant presque toute l’étape. Alternance de 10’ de course et 2’ de marche pendant une bonne partie du parcours. Avons trouvé 40 Euros sur le bas-côté de la route ! 
    Bobos : deux ampoules au niveau des coussinets sous les deux gros orteils. Soins : éosine + pansement demain. 
    Tenue : Short noir, maillot rouge, débardeur jaune, NB 1050 N°1 
    Météo : Frais le matin 14°C, chaud 33°C l'après midi. 
    Alimentation : Comme hier + pêches 

    CR
    Après une nuit réparatrice pendant laquelle je n’ai quand même pas trop dormi, le réveil est fixé à 5h pour les plus matinaux, et déjà, il faut s’affairer pour préparer son petit déjeuner. C’est qu’on n’est pas encore rôdé de ce côté-là ! Et il faut faire sa petite vaisselle dans les lavabos du gymnase, faire son petit rangement, histoire de tout retrouver facilement ce soir à Pontivy. Vient l’heure des soins : délicatement poser les protections sur les tétons pour ne pas les retrouver en sang ce soir, badigeonner les pieds de crème Nok pour éviter les échauffements et autres ampoules, mettre de la crème aussi là où le porte bidon avait frotté et laissé des traces hier, enfin mettre la tenue, ajuster les accessoires, vérifier que tout ce dont j’aurai peut-être besoin est là, remplir les bidons et bouteilles d’eau avec de l’Isostar… 
    Déjà on nous presse, et oui le temps passe vite, il est l’heure de se rendre sur la ligne de départ, qui était celle de l’arrivée d’hier. Vite, il faut mettre ses sacs dans le camion. Un petit briefing de présentation et du parcours et des difficultés du jour, les indications du positionnement des ravitos, et c’est l’heure du baisser de drapeau (breton bien sûr). 
    Comme hier, la prudence est de mise dès le départ. Quelle stratégie adopter ? Au bout de quelques minutes, nous nous retrouvons à deux, avec Mattias le Suédois. 
    Nous nous mettons à converser en Anglais. From where are you coming? How are you? D’où viens-tu ? Comment ça va ? … Nous décidons de faire l’étape ensemble, en adoptant une tactique qui consiste à alterner 15 à 20’ de course avec 1 à 2’ de marche. Tout en courant et en discutant, fidèle à mon habitude j’ai toujours le regard fixé sur mes chaussures ou sur le bas-côté proche, j’aperçois soudain dans l’herbe un billet de 20€. Rires, et Mattias qui en trouve un de 10 et plus loin, encore un autre de 10. Nous regardons si la poule aux œufs d’or n’aurait pas eu d’autres fuites dans son porte-monnaie et nous repartons : ce n’est pas le tout, mais il y a des km à faire ! 
    Pendant les premières heures nous nous tenons à cette alternance de marche et de course, notamment le long du canal de Nantes à Brest, puis la fatigue commençant à se faire sentir, nous modifions le temps de course qui passe à 10’ maxi pour 2’ de récup, sans compter que nous avons décidé de marcher dans toutes les côtes un peu sévères. Aux postes de ravitaillement, nous nous attendons, parfois nous nous trouvons en compagnie d’autres coureurs, parfois nous ne sommes que tous les deux. Des anciens participants de la TG 2004 viennent nous rendre une petite visite (Thierry Viaux mon homonyme qui a dû se résoudre à abandonner l’an passé et dont j’écoute les conseils avisés.). Ma petite famille aussi qui a quitté le camping de Carhaix une fois la tente de camping sèche, nous dépasse pour mieux nous prendre en photos. Un petit bisou, et ça repart ! Le parcours est sinueux, vallonné, mais de toute beauté. Le temps semble moins long aujourd’hui, bientôt l’arrivée. Nous décidons de moins marcher, mais de garder un temps de repos régulier, même aux abords de Pontivy, ville-étape N° 2. 
    Nous franchissons le portique d’arrivée ensemble et nous nous congratulons de nous être aidés mutuellement. 
    Même petit rituel que la veille, avec un peu plus de glace sur les tendons d’Achille. On attend les suivants qui ne tardent pas à arriver. Des représentants de la presse locale sont là et nous interviewent en nous prenant en photo. Certains auront le droit à un article dans le journal de demain ! (pas moi !) 
    Navette vers le gymnase pour une bonne douche et quelques soins appropriés, ainsi qu’une petite collation : en effet, il n’est que 15H30 (arrivée à 14H45), on a faim, et on se prépare des Bolinos, sponsor de la TG. La suite, comme hier au niveau du rituel, afin de ne pas être bousculé demain matin. Et en tout cas, ne plus mettre les New Balance tant qu'elles me donneront des ampoules! (elles qui ne me le faisaient pas sur 100 km ou sur Marathon, elles doivent s'ennuyer d'aller moins vite et elles me le font payer! Ah les coquines!!!) 

    En ce qui concerne la présence de la petite famille: c'est un plus pour le moral, et pour gérer ce qui manque ou ce qu'il y a en trop dans le paquetage. 
     

    ÉTAPE 3 / Pontivy -- Guer : 75 km D+ 600m / CUTOFF 13h39mn (total 208 km) 
    Troisième jour et longue étape. Si c’est un peu dur de partout c’est normal !
    Étape moins vallonnée que la précédente… Un beau sentier sur 18,5 km pour finir. Déjà plus de 200 km ce soir. Vous explorez la Bretagne profonde… 6 ravitaillements : km 15, 30, 40, 51, 62, 70. [Off-road = 18,5 km] 
    (Extrait du road-book) 

    Commentaires : longue étape avec Mathias. 18’course/2’marche puis 12’30/2’30 puis 8’/2’. 
    Tenue : maillot rouge + débardeur jaune + short noir + Mizuno Nirvana N°1. 
    Météo : beau et frais le matin, un peu plus chaud l’après midi, mais ombre et nuages fréquents 
    Alimentation : comme hier, les fruits frais passant bien de ce temps là, et ne provoquant pas encore de dérangements intestinaux. 

    CR 3ème étape: 
    Après une nuit difficile, suées, insomnies, inconfort, voilà le moment du lever : déjà ! Quelques douleurs vite oubliées, un petit déjeuner et des soins de protection, le pliage du barda, le chargement dans le camion, la dernière vérification que rien ne me manque, le convoyage vers la ligne de départ, et c’est le grand moment où commence la 3è
    me étape, longue de 75km, où il ne faut pas aller trop vite. Et aussi, changement de pneumatiques, où j'ai décidé de mettre les Nirvana de chez Mizuno, à la place des 1050 de chez New Balance. Les ampoules survenues hier n'ont qu'à bien se tenir!!! 
    Dès le baisser de drapeau, Avec Mattias, nous décidons de faire l’étape ensemble, comme hier. Cette fois, et ce dès le départ, nous nous réglons sur un rythme de 18’ de course et 2’ de marche ce qui est facile à mémoriser en regardant la montre de temps en temps. 
    Vers la mi-parcours, la fatigue et les douleurs commençant à se faire sentir aux tendons d’Achille, surtout le gauche (sans doute parce que nous courons le plus souvent du côté gauche de la route), nous passons à du 12’30/2’30, puis dans la dernière portion de 18,5 km sur le sentier de l’ancienne voie ferrée, nous alternons 8’ de course et 2’ de marche. Heureusement que cette partie du parcours est semi-ombragée, car entre 14h et 16h le soleil donne un maximum, et il n’y a pas de vent. C’est très joli, on imagine qu’au siècle dernier les voyageurs des trains à vapeur avaient aussi tout le temps d’admirer le paysage. Il reste les anciennes gares ou maisons du chef de gare qui sont rénovées pour la plupart, et on observe des traces des activités passées liées au passage du train. Augan, Porcaro (connu par les motards pour la concentration qui a lieu le 15 août ici même), sont autant de lieux pittoresques que nous regardons d’un œil intéressé, la fatigue n’ayant pas encore anesthésié nos sens ! Ploërmel aussi est une jolie petite ville où, à l’heure du café, il n’y a plus guère d’animation. 
    Le portique d’arrivée est franchi conjointement par Mattias et moi en un peu plus de 9h et quart de course. J’espère que l’on ne paiera pas ultérieurement notre stratégie ! 
    Vers 17h nous sommes au gymnase, après la petite mousse et les poches de glace, surtout sur le tendon d’Achille gauche qui me fait assez mal. Vite, il faut se débarrasser de toutes les petites tâches « ménagères », je reçois de l’aide de ma petite famille pour m’installer, taper un bref CR (brouillon de celui-ci), me préparer un petit
    en-cas… Le temps va encore passer trop vite : pas le temps de savourer, il faut ré-cu-pé-rer ! Il y a le repas du traiteur de ce soir, donc pas de Bolino ! 
    Coucher tard, car le repas était copieux, mais on a un peu traîné et on est rentrés au gymnase à la nuit tombée. Vite au lit, tout est déjà prêt pour demain. Bonne nuit ! 


    ÉTAPE 4 / Guer – Châteaubriant : 68 km D+ 530m / CUTOFF 12h22mn (total 276 km) 
    Étape assez plate, sans difficultés particulières. Petites routes calmes, longues lignes droites et quelques changements de direction secs. Assistants routeurs, soyez vigilants ! (Extrait du road-book) 

    Commentaires : avec Mathias jusqu’au 40ème km puis en solo et plus rapidement car mal au tendon et vitesse plus élevée moins douloureuse pour moi. 
    Tenue : maillot blanc + débardeur jaune + short noir + Nirvana N°1 
    Météo : frais éclaircies pluie re-éclaircies 
    Alimentation : comme d’hab ! 

    CR
    La nuit fut courte car encore agitée. Il faudra prendre de l’aspirine ce soir contre les douleurs aux tendons et pour éviter les suées nocturnes. Mon oreiller et mon sac de couchage étaient trempés et cela m’a réveillé plusieurs fois dans la nuit. Il faut penser aussi à beaucoup boire pour compenser ces pertes en eau. 
    Donc, réveil difficile, petit déjeuner bienvenu, il faudra que je pense à manger autre chose, des céréales par exemple. Viennent les éternels soins et préparatifs, et tout le tintouin ! 
    Départ donné à 7H08 pour 68km de routes plates mais sans doute monotones, car il y aura de longues lignes droites. Je pars à nouveau avec Mattias avec qui je resterai jusqu’au km 40 à partir duquel je décide d’aller un petit peu plus vite et de moins marcher, car j’ai remarqué que mes douleurs aux tendons étaient moins douloureuses et plus supportables à ce rythme. 
    Aussi, on s’approche de mon département, et je vais traverser des lieux où je suis déjà passé en voiture lors de certains remplacements ou lorsque je faisais du foot (Sion, St Aubin des Châteaux). 
    Une fois passé ce dernier village et son relief vallonné, il ne reste que 10 km, pas les plus faciles, car il s’agit d’une longue route droite sans ombre et assez fréquentée. Je regarde le temps entre deux bornes kilométriques pour me donner une idée de l’heure à laquelle je vais arriver. Au pire 15h45 voire 16h, mais en réalité, je ne vais pas trop baisser de rythme, et je vais franchir le portique un peu avant 15h30, malgré une hésitation dans Châteaubriant qui m’a fait douter 2’ du bon itinéraire mais où j’ai pu récupérer un peu. 
    Arrivée devant le château, peu de spectateurs, comme d’habitude, et vite fait je demande à Philippe Favreau (ancien participant à la TG) de m’emmener au gymnase pour prendre de l’avance sur mon temps de repos. En plus, mon tendon gauche est enflé, je vais lui mettre ma poche de glace pendant un assez long moment. 
    Ce soir, à la place des Bolino (que j’ai mangés quand même vers 17h), nous allons à la pizzeria juste à côté du gymnase. Ça changera ! 

    (Quelques ajouts postérieurs à la course, mais traduisant l'état de l'esprit et du physique après cette 4è étape: 
    Les nouvelles chaussures (pas neuves, elles avaient déjà fait un 100 km) ont bien tenu la route. Il ne reste qu'à faire sécher les ampoules, ça paraît être juste un détail, mais si on n'y prend pas garde, ce détail peut prendre des proportions gigantesques et peut amener à modifier la foulée et donc à provoquer des tendinites de "compensation". 
    Les fruits mangés aux ravitaillements passent bien et sont bien assimilés. 
    La petite famille apporte toujours son soutien moral, et sa présence à quelques points du parcours encourage à garder la motivation. Le soir, sa présence et son aide sont importants, je ressentirai sûrement un gros manque quand elle sera partie. Mais il faut aussi que je ne me repose pas trop sur sa présence.) 

    ÉTAPE 5 / Châteaubriant – St-Georges-s/-Loire : 70 km D+ 500m / CUTOFF 12h44mn (total 346 km) 
    Kénavo ! la Bretagne au Km 302, Bonjour les Pays de Loire ! Profil plat sur les 35 premiers km, puis un peu moins plat et enfin quelques méchantes collines entre Villemoisan et St-Augustin-des-Bois (vous empruntez une partie du parcours des 100 Km du Loire Béconnais), puis fin d’étape en descente franche vers la Loire. (Extrait du roadbook) 

    Commentaires : très longue étape, difficile, avec beaucoup de dénivelé sur la fin, sauf les derniers km avec de nombreuses voitures. Bien gérée malgré la douleur au tendon d’Achille gauche. Couru avec du « Flector » sur les deux tendons. Arrivée en compagnie de Russel et de Gérard Bertin. 
    Tenue : N
    irvana N°2 + short noir + débardeur jaune ;
    Météo : frais et agréable jusqu’à 11H puis un peu chaud : donc recherche d’ombre. 
    Alimentation : idem + 2 petits flans, un chausson aux pommes e
    t un panaché ! 

    CR 5è étape
    Encore une longue étape, et 346 km de parcourus ce soir (le tiers à peine de la TG). 
    Le départ est donné à 7H03 et dans les prévisions je dois arriver, si tout va bien, vers 16H30 maxi : c’est une sorte de cut-off mental que je me donne, afin de ne pas passer trop de temps sur la route. 
    Attention aussi, il y a beaucoup de dénivelé à partir du 35è
    me km, surtout entre Villemoisan et Saint-Augustin des Bois : je connais cette partie du parcours pour l’avoir empruntée à chacun des trois tours du championnat de France des 100km de 2004. 
    Début de course prudent, à 8 km/h, et ce jusqu’à Erbray, puis un petit peu plus vite pendant une trentaine de km. Il faut en profiter, le profil de l’étape est plat au début. Mais les douleurs aux tendons d’Achille se font de plus en plus vives, et m’obligent à alterner course sur la partie gauche de la chaussée et course sur la partie droite. 
    Une fois arrivé à Villemoisan, c’est là que les difficultés arrivent : de longues côtes et d’aussi fortes descentes se succèdent. A Villemoisan, j’en profite pour m’arrêter boire un bon panaché bien frais pour passer les « montagnes » qui m’attendent ensuite. Auparavant, j’avais fait une halte dans une boulangerie pour acheter un chausson aux pommes, et mes ravitailleurs personnels m’ont offert deux flans achetés sur le parcours. C’est que ça change du ravito habituel, à savoir : bouts de banane, de melon, de pêche, raisins et abricots secs, eau pétillante plus ou moins fraîche, eau sucrée-salée… 
    J’ai rejoint Gérard Bertin qui m’avait rattrapé un peu avant les côtes, et nous continuons ensemble, sans forcément être obligés de s’attendre, mais ça fait toujours du bien de ne plus se sentir seul à ce moment de la course où chaque foulée se fait douloureuse. Daniel Muller et Russel Secker, ce dernier en difficulté, se joignent à nous et nous cheminons tranquillement vers l’arrivée. Daniel se détachera un peu pour finir comme à son habitude dans un bon état de fraîcheur, tandis que tous les trois nous finissons ensemble, après s’être encouragés mutuellement à s’accrocher. 
    Tous trois nous franchissons le portique dans le parc du château-mairie à la 11è place de l’étape. Espérons que nous n’aurons pas à le payer par la suite ! 
    Il est 15H35, je suis en avance sur mes prévisions les plus pessimistes de près d’une heure. Je tiens le rythme, malgré l’augmentation progressive des douleurs. 
    16h, douche puis soins, anti inflammatoires en bandes (Flector), repas, repos, Pascale, Gaëlle et Lorris s’occupent des petites tâches pour m’éviter une trop grande fatigue. Mais le moral est quand même atteint, je suis inquiet sur mes facultés de récupération, et demain il faudra remettre le couvert ! 
    Ce soir, repas dans une petite salle du gymnase, après un apéro (
    Coteaux du Layon), et à table, j’ai le cafard : je pense à Lucile, ma fille, qui est en Corse avec une amie, et qui elle aussi est triste. Je somnole un peu à table et décide d’aller me coucher tôt pour être « frais » demain matin. 
    Comme on se l’était dit avec Mattias lors des 3 ou 4 premières étapes, « Il faut toujours faire l’étape en pensant que le lendemain il y en aura une autre, et le surlendemain encore une autre » et que si on ne veut pas payer la note prématurément, il faut rester prudent.

     

    ÉTAPE 6 / St-Georges-sur-Loire -- Doué-la-Fontaine : 55 km D+ 430m / CUTOFF 10h00mn (total 401 km) 
    La Loire,
    l’Anjou et sa douceur angevine, région de production vinicole des Coteaux du Layon (vins blancs). Vous empruntez la «Route Touristique du Vignoble d’Anjou», TRÈS vallonnée, en plein milieu des vignes (dégustation conseillée). 3 km à grosse circulation en fin d’étape pour rentrer dans Doué-la-Fontaine, capitale de la rose. (extrait du road book) 

    Commentaires : 
    J’ai habité un an à Chalonnes en 1991/1992 et j’ai travaillé à Saint-Laurent de la Plaine comme instituteur, pendant que ma femme enseignait à Rablay sur Layon. Déjà 14 ans ! Nous avons emprunté certaines de mes routes d’entraînement d’alors. 
    Départ très difficile et douloureux pendant plus d’une heure. Mal au tendon d’Achille gauche qui a enflé depuis deux étapes : donc « Flector » sur les deux tendons. 
    Passage des collines dans le Layon moins douloureux, montées marchées, et descentes non traumatisantes en courant. Fin d’étape pénible : longues lignes droites, circulation, mais plus de côtes ! 
    Tenue : maillot rouge + débardeur jaune + short noir + Nirvana N°1 
    Météo : Frais le matin avec petite brume sur la vallée de la Loire avant Chalonnes et un joli lever de soleil. Le reste de l’étape sous un beau soleil avec une température assez clémente, mais parfois un peu élevée au sortir des
    coteaux. 
    Alimentation : idem + des flans bien frais ! 
    Ce soir restau : pizzeria. Pascale, Lorris et Gaëlle sont rentrés, me voilà tout seul dans la France « profonde ». 

    Compte rendu d'une journée qui avait mal commencé: 6è étape. (le tiers de la Transe Gaule) 

    La nuit fut encore difficile, à cause des tendons et des suées. 
    Ce matin, j’ai
    TRÈS mal, les inquiétudes de la veille étaient fondées. 
    Et pourtant, j’arrive dans mon ancien pays, j’y ai habité pendant un an (à Chalonnes sur Loire) et je me faisais un plaisir d’y passer. 
    Le calvaire va débuter dès le départ et va durer plus d’une heure. C’est une fois après avoir grimpé les premières côtes dans le Layon que je vais un peu moins souffrir. Mais pendant la 1ère heure, j’ai tellement souffert que j’en ai pleuré, même parfois crié. A la douleur est venue se
    mêler l’inquiétude de devoir m’arrêter : c’est la première fois que je doute de moi depuis le départ de Roscoff. Et pourtant, que la campagne est belle, avec un lever de soleil sur les îles de Loire me rappelant que lorsque j’habitais la région, je venais courir là le matin et que ce type d’aurore m’était habituel, même si 15 ans ont passé depuis. Et la petite brume, à hauteur de tête, qui à chaque ondulation du corps, à chaque foulée, se trouve soit au-dessus soit au-dessous des yeux, laissant deviner la route sur laquelle je courais. Ah les souvenirs ! 
    Arrivé à Chalonnes, le parcours nous fait longer la Loire puis prendre la Corniche Angevine qui monte progressivement. On laisse le camping où Pascale
    s’est levée spécialement pour me voir passer, ce camping dans lequel je faisais des séances de fractionné, puis la route se met à monter. Seulement une heure de passée ! 30 minutes plus tard, ça va mieux, surtout dans les descentes, et je reprends un rythme plus soutenu et surtout moins douloureux. Cette étape est courte, il faut en profiter pour ne pas s’emballer, pour filer un train qui ne sera pas payé cash demain lorsqu’il faudra rejoindre Monts-sur-Guesnes. 
    Deux petits flans dévorés dans le Layon, c’est magique surtout quand vous êtes affamé d’aliments différents que ceux proposés aux postes de ravitaillement ! Ma petite famille a fait plusieurs km pour en trouver, je les remercie très fort. Et je poursuis ma route. Cela ne devrait pas être trop long maintenant, surtout que les douleurs ont régressé en intensité, mais « Attention ! Il y a demain ! » me rappelle ma lucidité. 
    Comme prévu, les derniers km sont pénibles à cause de la circulation. Les gens semblent féroces et agressifs au volant. Peut-être parce que nous sommes lundi et que le week-end est terminé. 
    L’arrivée à Doué se fait à quelques dizaines de mètres du gymnase, sur une place où il y a un café à la terrasse duquel sont attablés mes collègues coureurs arrivés depuis assez longtemps maintenant. 
    Il est 13H40, je vais aussi avoir du temps devant moi, pour bien récupérer, surtout que Pascale, Gaëlle et Lorris qui rentrent ce soir à Nantes, prennent en charge toutes mes petites affaires : lavage du linge, préparation d’une collation, soins, massages…

     

    ÉTAPE 7 / Doué-la-Fontaine- Monts-sur-Guesnes : 57 km D+ 365m / CUTOFF 10h22mn (total 458 km) 

    Finies les bosses ! Profil plat toute la journée. 4,5 km de route infernale et dangereuse avant Montreuil-Bellay (il y en avait 30 comme ceux-là en 2001 & 2002 !), routes très calmes ensuite. Sentier ombragé sur 4 km pour finir l’étape. [Off-road = 6 km] (extrait du road-book) 

    7è étape, soit une semaine de course: autant de km en 7 jours qu'en un gros mois de cap, ou qu'en un et demi normal. 

    Commentaires : Je n’ai plus d’accompagnateurs. Ma petite famille est rentrée au bercail. Étape pas trop difficile car douleurs aux tendons apprivoisées. 2 "flector" sur les tendons. Essai alternance 60 pas courus/20 pas marchés (comptine dans la tête !) 
    Tenue : débardeur noir + maillot blanc + short noir + Nirvana N°2. 
    Météo : soleil + nuages, frais à chaud en absence de vent. 
    Alimentation : idem hier sauf les flans, mais un pain aux raisins quand même ! 
    CR
    7è étape aujourd’hui, comment vais-je gérer à la fois le départ des miens et l’accroissement de mes douleurs ? Le début est assez difficile, mais je me rends vite compte qu’en adoptant mon propre rythme ça va un peu mieux. J’ai choisi d’alterner pour cette étape des courtes fractions de course, 30 à 45 secondes avec de très courtes périodes de marche, 10 à 20 secondes au maximum. J’ai mis deux « Flector » sur mes tendons d’Achille, j’ai deux talonnettes de Sorbothane dans mes Mizuno et la douleur semble apprivoisée. Un ex-Transe Gaulois m’a dit qu’il parlait à sa douleur, qu’il l’avait maîtrisée de cette façon. Je vais essayer, en tout cas, ça ne me coûtera rien de le faire, même si ça peut paraître débile !
    Aujourd’hui le temps est un peu couvert et donc moins chaud et le profil est assez plat. Seules difficultés, les routes bien fréquentées aux abords de Montreuil-Bellay, ainsi que les rudes pentes dans cette ville.
    Le parcours est encore une fois très agréable au niveau du paysage, et après avoir traversé hier une région viticole, nous avons le droit cette fois à une région de cultures variées, qui vont des céréales aux melons. Les villages traversés sont toujours aussi désertiques, certains, rares, ont un commerce. Je m’achète d’ailleurs un pain aux raisins. Parfois rencontrons-nous les facteurs en voiture. J’ai dit les facteurs, mais en réalité il n’y en a qu’un qui fait ses livraisons en voiture jaune, mais qui nous double ou nous croise plusieurs fois dans la matinée !
    Les 20 km qui suivent ces petits villages vont paraître longs car nous restons toujours sur la même départementale, et les bornes ne défilent pas très vite, même si à Loudun on traverse une « grande ville » ce qui nous change les idées.
    Seuls les 5 derniers km, dont 4 dans un chemin où passait jadis le train, rompent cette monotonie.
    L’arrivée au village se fait après une dernière côte au pied du château de Monts qui date du X
    Vème siècle et que nous pourrons visiter si le cœur nous en dit.
    Il est 14h passées, je vais avoir du temps pour m’organiser, me soigner, manger, peut-être dormir…avant le vin d’honneur qui nous attend à la mairie ce soir.
    Après les deux courtes étapes d’hier et d’aujourd’hui, il faut penser à se préparer pour les trois suivantes qui feront entre 64 et 70 km. Il faudra compter entre 1
    h30 et 2h30 de plus.
    Ce soir, c’est encore un repas au restaurant. Le patron, spécialement pour le passage de la Transe Gaule, a avancé son retour de vacances et sa réouverture. Encore une soirée conviviale ! Mais il faut vite penser à se coucher, car demain … sera un autre jour.

    ÉTAPE 8 / Monts-sur-Guesnes -- Angles-sur-l’Anglin : 64 km D+ 560m / CUTOFF 11h39mn (total 522 km)
    Paisible étape à travers le Poitou, entrecoupée par la traversée de Châtellerault sur la Vienne. Passage du 500ème kilomètre ! Belle fin d’étape après Vicq, le long de la Gartempe, affluent de la Creuse, jusqu’au magnifique village d’Angles, classé parmi les plus beaux villages de France. (extrait du road-book)

    Commentaires : étape difficile car longues lignes droites au début et partie vallonnée sous la chaleur sans ombre (ou peu). Départ assez douloureux puis comme hier, reprise du rythme 60/20 ou 80/20. Début nouvelle douleur sur dessus du pied (au niveau du tendon du gros orteil) et toujours les deux tendons d’Achille douloureux (plus à gauche qu’à droite). Ai découpé mes deux chaussettes. 
    Tenue : maillot noir + débardeur jaune + short noir + Nirvana N°2 
    Météo : frais le matin, ensoleillé et chaud l’après-midi. 
    Alimentation : idem hier + un panaché ! 


    CR : me étape 

    Cette huitième étape fut difficile car il y avait de longues lignes droites au début et la partie vallonnée fut traversée sous la chaleur et sans ombre (ou peu). Le départ a été assez douloureux puis comme hier j’ai repris un rythme de 60 pas courus pour 20 marchés (ou 80/20). Une nouvelle douleur sur le dessus du pied (au niveau du tendon du gros orteil) est apparue, s’ajoutant à celles, toujours présentes aux deux tendons d’Achille (plus à gauche qu’à droite). J’ai découpé mes deux chaussettes pour ne pas comprimer le bas des jambes. 
    Après 25 km de départementale (« Je hais les routes départementales ! » disait Jean Yanne dans un sketch), nous avons traversé Châtellerault pendant près de 5km. Cette seconde ville du Poitou après Poitiers était un peu plus animée, sur les coups de 10h/10h30 et, une fois quittée, ce fut à nouveau le désert. Juste un peu de vie à Senillé où je m’arrêtai dans un café, chez Capucine, pour prendre un petit panaché bien mérité, et pour remplir mes bidons d’eau fraîche. 
    Revigoré par cet intermède, je me laissai
    s aller jusqu’au km 42 où la marque 500ème km depuis le départ était indiquée. 
    La suite fut comme d’habitude, sauf qu’à un moment je rattrapai
    s le coureur Brésilien en perdition. Sébastiaõ était scotché là, et seul Gérard Bertin (un ancien champion de tennis de table habitant dans le Calvados) décida de finir l’étape avec lui. Après coup, j’ai regretté de n’être pas resté avec eux, mais j’ai dû manquer de lucidité et je n’ai pas su me rendre compte dans quel état de détresse il était. 
    L’arrivée se situait à la sortie du village, après une descente très très raide que je dus effectuer en marchant tellement elle faisait mal. Les deux compères précédemment cités arrivèrent quelques minutes plus tard, en pleurs d’avoir tant souffert pour l’un et de s’être sacrifié pour le second. Mais il sera récompensé plus tard, quand on racontera son dévouement du moins je l’espère. 
    La salle des fêtes qui nous hébergeait ne possédant pas de douches, nous avons dû aller au camping voisin, à pieds, pour nous doucher et laver notre linge. Le temps de faire tout ça, et il était déjà près de 17h. 
    Le soir, nous n’avions pas à bouger, c’était une soirée Bolino, et on allait pouvoir se reposer et préparer la longue étape du lendemain.

     

    ÉTAPE 9 / Angles-sur-l’Anglins. -- St-Sulpice-les-Feuilles : 70 km D+ 780m / CUTOFF 12h44mn (total 592 km) 

    Longue mais belle étape démarrant au confluant du Poitou, de la Touraine et du Berry, en limite du Parc de la Brenne pour aboutir dans le Limousin. 100% p’tites routes. Rien que du bonheur, et pendant 70 km ! Pas mal de travail pour les routeurs. MI-PARCOURS entre la mer et la mer au
    km 61 de l'étape. (Extrait du road-book) 

    Commentaires : à cause de la pluie et du vent, choix de course plus lente
    Tenue : déb
    ardeur Jaune, maillot rouge, short noir, nirvana N°2 + poncho !!! 
    Météo : pluie toute la journée : poncho. Couru avec Marcel et Matthias. 
    Alimentation : idem 

    me étape, la seule de la TG sous la pluie! Et ce soir on en aura fait la moitié !!! 


    Quand nous nous sommes réveillés, le premier réflexe fut d’aller consulter le ciel, comme tous les matins, et là, surprise, il pleuvait. Certes, pas une pluie violente, mais un crachin ressemblant à celui qui arrose fréquemment le pays Breton. Les préparatifs habituels se firent dans la bonne humeur, et chacun ajouta à sa panoplie un K-way, un poncho ou un coupe-vent. Les maillots se firent aussi plus épais et les caisses de ravitaillement furent remplies de vêtements de rechange, des fois que la pluie cesserait, on peut rêver ! 
    Le départ fut donné à 7 heures pour cette longue étape de 70 km. Dès le démarrage, il fallait remonter l’énorme côte que nous avions descendue la veille, le tempo de la course fut rapidement donné. Comme le vent décida de s’en mêler, on se dit que ça allait être une journée de m… ou à la c… si vous préférez. Donc certains décidèrent qu’il fallait en profiter pour ne pas laisser de plumes et le rythme de la course fut plus lent que lors des jours précédents. 
    Trois ou quatre fois je décidai de retirer mon poncho, la pluie ayant cessé, mais dans les cinq minutes qui suivirent, elle recommença à tomber, souvent plus fortement qu’avant. Quelques kilomètres après le départ, nous avions décidé, Marcel, Mattias et moi de rester ensemble, et qu’il ne servirait à rien de foncer car nous avions toujours dans la tête l’étape du lendemain, et celles des jours suivants. Marcel, qui courait avec le drapeau breton, était gêné par le vent, et je dus lui nouer un morceau de rubalise autour pour l’attacher. Mattias souffrait, mais de nous savoir avec lui le rassura et lui permit de ne pas faire d’efforts supplémentaires à rechercher une trajectoire ou un rythme de course. Il fallait éviter les flaques mais aussi se méfier des autos qui nous voyaient au dernier moment. 
    Le mauvais temps cessa une demie heure avant notre arrivée, ce qui me permit d’ôter mon poncho. Nous terminâmes tous les trois ensemble, bien content d’en avoir fini avec la course et avec la pluie. 
    Peu de souvenirs des paysages, mais un moment important à retenir au km 61 : la marque de mi-parcours entre Roscoff et Gruissan-
    Plage : 580ème km (chronométré). Il faut en ajouter 6 du 1er jour. 
    La fin d’après midi fut consacrée aux soins habituels auxquels il fallut ajouter le lavage et le séchage du matériel : chaussures, poncho, porte bidons… 
    Le soir, on eut le droit à un repas-traîteur, et nous ne traînâmes pas pour nous coucher, car l’étape Limousine ne serait pas de tout repos, avec un dénivelé important. 


    ÉTAPE 10 / St-Sulpice-les-Feuilles -- Bourganeuf : 64 km D+ 820m / CUTOFF 11h39mn (total 656 km) 
    Le Limousin, pays de l’arbre et de l’eau, vous accueille pour les trois prochaines étapes. Pays de vacances vertes, loin des foules, où le citadin vient oublier la couleur du béton. Belle étape, sans difficultés majeures même si on aborde les contreforts du Massif Central. Gros raidillon de 1 km pour atteindre l’arrivée dans Bourganeuf. Onze derniers km sur la D912 un peu chiants car plus de circulation. [Off-road = 1,5 km] (extrait du road-book) 

    Commentaires : vitesse supérieure = moins de douleurs !!! 
    Tenue : débardeur noir, maillot blanc, short noir, nirvana N°1. 
    Météo : frais le matin jusqu’à midi puis soleil pas trop chaud. 
    Alimentation : idem 

    10è étape :celle où je me dis que si j'allais plus vite j'arriverais plus tôt ! 

    Au réveil de cette 10è journée, mon regard fut porté vers l’extérieur de la salle qui nous hébergeait : le ciel était dégagé, il ne pleuvait pas. Je sentis qu’il faisait un peu plus frais et je mis un maillot sous mon débardeur. 
    Le départ fut donné à 7h07, et comme d’habitude il fallut attendre quelques km pour savoir si on était bien ou non. L’étape pluvieuse de la veille ne sembla pas avoir laissé de traces, et au bout d’un moment, je remarquai qu’en allant un peu plus vite j’avais moins mal. Je pris donc la décision et le risque de passer à ma vitesse de croisière, soit environ 9km/h (en réalité, à 10 sur le plat et dans les descentes, à 8 ou en marchant un peu dans les côtes). Le paysage verdoyant et vallonné était un plaisant compagnon. Je côtoyai des coureurs qui d’habitude étaient loin devant moi, mais pour des raisons de blessures, de fatigue ou de prudence, ils avaient réduit leur allure et moi j’avais augmenté la mienne… 
    Je finis l’étape à près de 9km/h de moyenne, en 7h12 environ, et j’étais content de n’avoir pas trop souffert. La météo avait été clémente, le soleil pas trop chaud, seule ombre au tableau : les douches étaient froides ! 
    Mon arrivée ayant eu lieu vers 14h20, j’avais du temps pour moi, et j’en profitai, une fois toutes les petites corvées effectuées, d’aller faire des courses à la supérette du coin. J’achetai des boissons fraîches, de la confiture, tout un tas de petites choses dont j’avais envie pour me changer des
    Bolino. 
    Je voulais tellement profiter de ce temps libre pour récupérer que je préférai rester dîner au gymnase plutôt que d’aller au pot offert par la mairie, puis dans un restaurant où j’aurais laissé et des sous et de l’influx. 
    Nous étions quelques uns dans ce cas et nous avons mangé ensemble à la salle. Nous avions aussi une pensée pour les « collègues » qui allaient (ou venaient juste de) s’élancer sur le parcours de l’UTMB. Solidarité du coureur, quand tu nous tiens ! 
    Pour m’endormir je mis le lecteur MP3 quelques minutes, puis j’écoutais les infos, avant de tout éteindre et de sombrer dans un sommeil réparateur. 
    Demain on court la plus courte étape de la Transe Gaule, mais elle est assez vallonnée, parce qu’elle commence par une montée de 22km, mais sans forts pourcentages, car on ne passe que de 400 m d’altitude à 700 m, mais ça remonte sur la fin pour se finir vers 800 m. On verra bien. 

    ÉTAPE 11 / Bourganeuf -- Peyrelevade : 50 km D+ 695m / CUTOFF 9h06mn (total 706 km) 

    Courte étape …mais longue ascension douce et quasi continue de 22 km vers le Lac de Vassivière (1000 hectares), le plateau de Millevaches à 1000 mètres d’altitude. Profitez du paysage, c’est trop beau ! 700è
    me km franchi et, dans une semaine : LA MER… Le repas de ce soir est préparé par Pascal Dambon, boucher-charcutier-traîteur à Peyrelevade …et centbornard. Le repas est offert par la municipalité de Peyrelevade, Oscar de l'Accueil 2001, 2002 et 2004 décerné par la Transe Gaule.(extrait du road-book) 

    Commentaires : 22km de montée pas trop forte, puis descentes et routes vallonnées. Vitesse toujours élevée pour ressentir moins de douleurs. 
    Tenue : débardeur jaune, maillot rouge, short rouge, nirvana N°2. 
    Météo : Frais le matin jusqu’à midi, puis chaleur sous le soleil sans ombre. 
    Alimentation :idem 

    Étape 11 : Alors, raconte... 
    Au lever, une sorte d’euphorie régnait dans le gymnase, était-ce parce que l’étape était courte et qu’on allait pouvoir arriver plus tôt ? Demain nous attend la plus longue course de la TG : 77km, donc c’est le moment de ne pas faire de bêtises. 
    Le départ, lancé vers 7h comme d’habitude, fut prudent, et la première montée arriva rapidement pour… ne s’avérer n’être qu’une courte côte suivie d’une descente douce puis la montée reprit et à chaque fois suivie d’une partie plus douce. Il fallut attendre quelques km avant de véritablement monter de façon continuelle, mais jamais la pente ne fut raide. J’avais opté pour la même stratégie que la veille puisque mes douleurs étaient moins intenses à vitesse plus soutenue. 
    Qu’il était beau le Lac de Vassivière! Je n’y étais pas venu depuis un contre la montre lors du Tour de France où Riis et Indurain luttaient pour le maillot Jaune. 
    Le reste de l’étape aussi proposait de beaux coins. 
    Il avait fait bon, frais, jusque vers 11h, mais dans les parties où il n’y avait pas d’ombre, le soleil s’avérait être assez chaud. Heureusement que mon arrivée eut lieu avant 13 heures, je n’avais pas trop souffert de la chaleur, ni de mes tendons d’ailleurs. Moyenne du jour: 8,8
    km/h
    Après l’arrivée, il fallait prendre un véhicule pour être acheminé vers le gymnase et le camping où nous prendrions une bonne douche. 
    J’eus du temps pour écrire des cartes postales, pour trier ce qui était utile ou non, pour me reposer aussi. 
    Le pot, offert par la municipalité, ainsi que le repas, préparé par un traiteur marathonien et cent bornard, furent très conviviaux et de très bonne qualité. Cela rattrapait le
    piètre hébergement : salle au sol terreux et poussiéreux où les deux WC fuyaient continuellement et où des jeunes avaient organisé une fête qui allait durer tard dans la nuit. Et comme le départ de la plus longue étape était fixé à 6h30 le lendemain, on se demandait comment on allait faire pour s’endormir. Les autres sanitaires se situaient au camping et il fallait des clés pour y accéder. J’imagine demain matin les navettes pour se préparer ! 
    En plus, dans cette région, les portables ne passaient pas. Pour un samedi soir, je n’allais pas pouvoir rassurer ma petite famille. Tant pis, je décidai que le lendemain je courrai
    s avec le portable et que je téléphonerais de Meymac vers 9 ou 10h. Avec les autres coureurs, nous avons essayé d’avoir des nouvelles des autres courses : l’UTMB, les 100 km de Sologne…mais rien ne passait vraiment ce soir. Vivement demain ! 

    Et bien, nous y voilà au demain d'hier! 

    ÉTAPE 12 / Peyrelevade -- Mauriac : 77 km D+ 1010m / CUTOFF 14h00mn (total 783 km) 

    Longue étape de caractère, traversant d’abord le Plateau de Millevaches jusqu’à MEYMAC. Ensuite, très belle petite route perdue (la D47 sur 26 km) entre MEYMAC et NEUVIC, avec quelques jolies bosses. Après NEUVIC, longue descente (14 km) jusqu’au lit de la Dordogne puis remontée d’autant (12 km) jusqu’à MAURIAC. C’est déjà le Cantal et l’Auvergne, l'accent commence à chanter, les poteaux de rugby apparaissent, on dirait le Sud…(extrait du road-book) 

    Commentaires : étape très vallonnée (montagneuse), mais beaux paysages avec lever de soleil sur la chaîne des puits. Vallée de la Dordogne, montagnes avec bruyère et animaux !!!! Joli !!!! 
    Fin difficile avec Fabrice Rosa, Alain et Christophe. 
    Tenue : débardeur jaune, short noir, Nirvana N°1 
    Météo : soleil, ombre pour fraîcheur, sinon chaleur 
    Alimentation : idem 

    Ce soir, nous aurons fini la deuxième semaine, et demain on attaque la dernière. 
    Étape 12 :
    En ce dimanche 28 août, pour la plus longue étape de la Transe Gaule, 77km, le départ fut fixé à 6h30. On aurait pu partir à 6h, mais « pour couper la poire en deux » entre les partisans d’un départ à 7h et ceux qui étaient plus matinaux, l’organisateur trancha. 
    Comme je restais sur deux étapes un peu plus rapides, courues à près de 9 km/h de moyenne, et que les tendons m’avaient fait moins souffrir, je décidai de repartir sur les mêmes bases ; pas dès le début de l’étape, mais à partir du moment où je serais échauffé. Il fallait aussi tenir compte du dénivelé total de l’étape : plus de 1000m. 
    Les 10 premiers km étaient en montée, et au fur et à mesure que le jour se levait, on pouvait découvrir de magnifiques collines et montagnes boisées ou recouvertes de bruyère ce qui donnait à cette aube de fin août des couleurs sublimes, allant de tous les dégradés de verts jusqu’au violet. Arrivé au km 7, on a pu profiter d’un magnifique lever de soleil sur la chaîne des Puys. Nous étions juste à côté de la source de la Vienne, et on allait arriver à Millevaches dont l’altitude est de 1000m environ. 
    Ensuite, il fallait rallier Meymac, sur une route assez vallonnée où il y avait un peu plus de circulation, notamment des camions. Il était 9h : je décidai d’appeler ma famille pour donner des nouvelles, ce que je n’avais pu faire la veille là où les portables ne passaient pas. Tout le monde fut rassuré, et soulagé d’un poids, je continuai sur mon petit rythme. Un autre coureur fit la même chose que moi, et il envoya aussi des messages d’encouragements aux coureurs de l’UTMB. 
    Je me retrouvai seul un peu plus loin, plus par choix de ne pas m’arrêter aussi longtemps que les autres coureurs qui n’hésitaient pas à rester 5 voire 10 minutes pour s’alimenter
    aux ravitos. J’avais pris l’habitude depuis quelques étapes, de remplir rapidement mes bidons d’eau en y ajoutant des sucres et du sel, de manger des bouts de melons, de pêches, de bananes… et de repartir avec une banane entière que je mangeais tout en courant ou lors des parties marchées. Au total mon arrêt n’excédait pas deux ou trois minutes, ce qui en fin d’étape me faisait gagner (ou me donnait l’impression d’avoir gagné) une quinzaine de minutes. Donc je pouvais marcher à d’autres moments où les coureurs dont je parlais ne marchent pas. 
    Les villages traversés étaient typiques du Massif Central, avec leurs toits faits de grandes pierres (les lauzes), leurs vieilles églises, leurs ruelles… Le paysage composé de monts, lacs et vallées, de champs où paissaient de nombreux animaux (Ah ! les vaches de Salers !), était assez distrayant, faisant oublier la longueur de l’étape. 
    Mais les douleurs me la rappelèrent. Avec l’accumulation des km, elles commençaient à redevenir gênantes pour la course et j’avais beau courir sur le côté droit de la chaussée, ou à gauche, ou sur les bas côtés dans les descentes, cela devint un véritable calvaire. Je dus m’arrêter plusieurs fois pour marcher, et même la marche me faisait beaucoup souffrir. Je commençais à m’inquiéter car leur localisation n’était plus au niveau des tendons d’Achille, mais sur le devant, comme si j’avais une périostite ou une fracture de fatigue (dans la tête, quand ça ne va pas fort, on pense à plein de trucs et on imagine le pire !) 
    Il fallut que le petit groupe de coureurs avec qui j’avais passé le début de l’étape revienne sur moi et m’encourage pour que je continue à courir. Mais je ne pouvais courir qu’en côte, les descentes étant devenues hyper douloureuses. Donc ils me lâchaient dans les parties descendantes et je les rattrapais dans les portions montantes. Nous arrivâmes tous les quatre ensemble en un peu moins de 9h, soit à une moyenne de 8,5 km/h. 
    Dès l’arrivée, je me renseignai auprès d’autres coureurs ou accompagnateurs, et on me rassura un peu, en me suggérant de mettre des bandes anti-inflammatoires (« Flector ») sur les endroits touchés et de les garder toute la nuit et lors de l’étape de demain. 
    Les petits rituels effectués, je passai le reste de mon temps à me reposer, alternant l’application de poches de glace sur les douleurs et les moments de relaxation où je mettais mes jambes en l’air le long d’un mur. Les soins suivirent, puis le repas « bolinesque », et ensuite le sommeil. Le lendemain on entamerait la série de 4 étapes dont le kilométrage décroît : 66, 62, 57, 55. Ce serait aussi le début de la dernière semaine de course : plus que 6 étapes ! Enfin ! Ou déjà ! Ça dépend de l’état général du bonhomme.

     

    Voici maintenant les étapes "galères", celles où tout faillit être gâché par ces satanées douleurs, mais où la volonté et le courage, insoupçonnés jusqu'alors chez moi, ont pris le dessus. 

    ÉTAPE 13 / Mauriac -- Aurillac : 66 km D+ 1100m / CUTOFF 12h00mn (total 849 km) 
    Baptisée ‘’L’Auvergnate’’, cette étape restera à coup sur dans les mémoires (et peut-être aussi dans les jambes). Balade à travers tout le Cantal, avec la visite du village médiéval de SALERS que vous traverserez par ses ruelles étroites (véhicules détournés). Puis, tout là-haut sur « la Route des Crêtes », panorama à 360° (retournez vous) sur les Volcans d’Auvergne et passage au point culminant de la Transe Gaule (1231 m) avant de redescendre vers Aurillac par la Route des Crêtes. A couper le souffle ! Essayez quand même de le garder… (extrait du road-book) 

    Commentaires : amplification des fortes douleurs aux jambiers : visite chez le médecin pour me rassurer et pour prescription de médicaments adaptés. (anti-inflammatoires). 
    Étape très vallonnée avec 4 cols et de longues descentes traumatisantes. 
    Tenue : nirvana N°2, short rouge, débardeur ? me souviens plus ! 
    Météo : beau et chaud dans les vallées. 
    Alimentation : idem 

    Étape 13 "porte bonheur"? Mon œil !!! 

    Au lendemain d’une longue étape, la première chose que l’on fait, c’est de vérifier si on arrive à se mettre debout. Car la terre est basse, et quand on est allongé sur un petit matelas très peu épais, c’est assez difficile de se lever, surtout quand on mesure 1,90 m. Cette fois-là, ce fut dur, les douleurs apparaissant dès la position debout. Que la journée s’annonçait difficile ! 66 km avec 1100 m de dénivelé, et 4 cols à passer ! 
    Ce ne sont pas trop les montées qui m’effrayaient, mais les descentes, surtout quand le pourcentage est fort. J’avais déjà entrevu, hier, le genre de douleur que cela occasionnait, mais là, j’allais être servi. Déjà en quittant Mauriac, la route était vallonnée et la prudence a fait que je passai le premier village en 1h pour 8 km. Ensuite, il fallait aller jusqu’à Salers, et au lieu de contourner la ville, le parcours empruntait les remparts. Riche idée, si l’on veut profiter de la course pour visiter de très jolis coins, mais quand les maux se font de plus en plus violents, on ne profite pas vraiment de tous ces magnifiques endroits. Enfin, en marchant en de multiples occasions, je pus quand même admirer les ruelles et les maisons de ce village moyenâgeux. 
    La sortie fut en revanche pour moi quelque chose d’assez déplaisant : 3,5 km de forte descente pour se diriger vers Fontanges. Des lacets, des rampes pentues, tous les ingrédients pour amplifier mes douleurs aux jambiers ! Et on n’avait pas encore attaqué les cols !!! 
    Fontanges fut atteinte en peu plus de 3h, soit à une moyenne de 8,5 km/h. Sur le moment, ça me rassura car avec les montagnes maintenant, la course serait plus lente. Encore 3 km de faux-plat montant et me voici au ravitaillement du 30è
    me km. Je pris soin de bien m’alimenter et de recharger les bidons, car le 1er col était à 3 km, suivi de la montée vers le suivant 6 km plus loin. Donc, ça allait être long, mais comme c’était en côte, je n’allais pas trop souffrir j’espérais. Fontanges étant à une altitude de 700 m environ, je crois, il fallait donc grimper 500 m de dénivelé en 9 km, soit une moyenne de pente de 5% ce qui paraît peu comparé aux 18% de descente raide après Salers. Mais, la pente n’était pas uniforme et de temps à autres un faux plat succédait à un raidillon. Le col de Legal fut franchi peu après midi, au bout de 5 heures de course (Km 40, soit une vitesse moyenne depuis le départ de 8 km/h, ça avait baissé !), et la suite était plutôt constituée de descentes, parce que les deux autres cols se situaient à des altitudes inférieures aux 1231 m du Legal. Nous restâmes sur la crête pendant un moment, et en se retournant on pouvait admirer la chaîne des Puys que nous allions quitter définitivement une fois arrivés à Aurillac. 
    Et cette arrivée, qui n’arrivait pas ! Et ces douleurs qui s’étaient encore amplifiées dans les descentes, et qui me torturaient maintenant au point de m’en faire pleurer par moments. C’est que, en plus, l’inquiétude me gagnait : fracture de fatigue ? Périostite ? Les mêmes doutes que la veille accentués par l’augmentation du mal. 
    Je finis l’étape à l’agonie, la peur au ventre de ne pas pouvoir repartir le lendemain, le moral complètement cassé. J’avais réussi à maintenir ma moyenne au-dessus de 8 km/h, je me demande bien comment après coup. 
    Le passage sous le portique d’arrivée me soulagea d’être là, et je le franchis comme toujours avec le sourire, alors qu’au fond de moi c’était l’horreur d’avoir à affronter le médecin. 
    On avait pris un rendez-vous pour moi à Aurillac, et je me dépêchai d’aller prendre ma douche afin de consulter. Il m’ausculta, fit plusieurs examens et palpations, et m’annonça qu’il n’y avait ni fracture de fatigue, ni périostite, juste une forte inflammation des jambiers, surtout celui de droite. Il me prescrit des anti-inflammatoires en cachet et en pommade, ainsi qu’un médicament pour me protéger l’estomac, car autant les fruits frais m’avaient laissé tranquille, autant les anti-inflammatoires risquaient de me détraquer « les boyaux ». 
    Après le passage à la pharmacie, qu’il a fallu chercher un bon moment car on était lundi, j’en profitai pour m’acheter de quoi manger pour ce soir : sandwiches complets et flans natures ! Un peu de réconfort dans ce monde de brutes ! 
    Naturellement, la récupération fut courte, il fallait rattraper le temps perdu en ville pour préparer le lendemain. 
    La soirée fut difficile, la nuit très courte à cause des douleurs. 
    Comment allait se passer l’étape du lendemain ? Cela m’a travaillé l’esprit lors de mes insomnies.

     

    ÉTAPE 14 / Aurillac -- St Cyprien-sur-Dourdou : 62 km D+ 615m / CUTOFF 11h17mn (total 911 km) 
    Traversée de la ville d’Aurillac en guise de réveil. Attention au fléchage, pas évident dans la circulation matinale. Vallée du Lot, entrée en Aveyron. Pas âme qui vive entre
    les km 29 et 45 et il peut y faire très chaud. Remplissez vos gourdes. Passage au pied de CONQUES, excursion très conseillée en soirée. (extrait du Road-Book) 

    Commentaires : Douleurs au jambier droit tout le long de l’étape puis au gauche aussi en 2è partie. 
    Tenue : short noir, débardeur jaune, nirvana N°1 
    Météo : chaud, 30° obligé de s’arroser pour se rafraîchir 
    Alimentation : idem 

    Récit de la 14è étape, où je termine avant-avant dernier 
    Allez, ce matin il faut se lever. Dans quel état j’erre ! Gardons une pointe d’humour pour dédramatiser la situation. J’ai mal, oui, mais je ne suis pas le seul à souffrir, et c’est moi qui ai voulu être là ! 
    C’est avec ce mental que je me levai ce mardi 30 août. Avais-je dormi ? Oui, un peu, mais de tout le temps bouger sur le matelas pour trouver une meilleure position me provoquait des douleurs que j’aurais bien voulu oublier pendant la nuit. 
    Le rituel pliage-de-sac-petit-déjeuner-mise-en-tenue-etc. se déroula comme d’habitude. Nous dûmes rejoindre le site du départ à pieds, ce qui donna un aperçu des difficultés à se mouvoir pour certains d’entre nous. En plus, le départ étant situé sur les hauteurs d’Aurillac, nous devions débuter l’étape par une raide descente. Quand le drapeau s’abaissa, pour cette étape de 62 km uniquement (si l’on comparait avec celles des deux jours précédents), je décidai de ne commencer à courir que lorsque j’arriverais sur du plat. Oui, mais à ce rythme, je me retrouvai dernier, ou avant dernier, car Sigrid, la coureuse allemande était juste derrière moi. Il ne fallait pas se laisser décrocher par le gros de la troupe. Peu à peu, mon corps s’échauffa, et je retrouvai un rythme de course plus en rapport avec l’habituel. Les premières côtes, douces, furent avalées assez facilement, c'est-à-dire sans trop de douleurs. Ma vitesse moyenne était quand même descendue sous les 8 à l’heure, et jusqu’à Cassaniouze (Km 36) on peut dire que « j’avais sauvé les meubles » ! 4h 50 de course, soit du 7,5 km/h, c’est lent. Mais maintenant, il y avait 10 km de descente jusqu’au franchissement du Lot. 
    C’est que la chaleur était venue s’en mêler : à midi, il faisait déjà par endroits près de 30°, et toute cette 1ère partie d’étape était peu ombragée. En plus, la douleur s’était étendue aux deux jambiers, si bien que je ne savais pas où courir pour la ressentir le moins possible. Alors dans la descente, j’ai dû marcher pendant de longs moments, et ce qui fut encore plus difficile pour le moral, ce fut de voir plusieurs coureurs me dépasser, eux qui lors des 13 étapes précédentes avaient toujours été derrière moi. Mais ma vitesse lente expliquait cela, alors qu’eux n’allaient pas forcément plus vite que d’habitude. 
    Il restait 15 km quand je passai le Lot, le tout en faux-plat montant et sous une chaleur ! Je fus obligé à maintes reprises de m’arroser, m’arrêtant parfois dans un café pour boire un panaché frais et pour refaire le plein d’eau froide, car dans mes bidons, elle devenait tiède. 
    L’arrivée fut interminable, je mis presque le même temps que la veille pour 4 km de moins. Ma moyenne sur cette étape avait été basse : 7,6 km/h. En plus j’étais arrivé 22è
    me sur 24. Le moral et (il faut bien l’avouer) l’orgueil en ont pris un coup. Mais la raison me rappela que l’objectif initial était d’aller au bout de la Transe Gaule. 

    Les douches n’étaient pas à la salle. Il fallait aller au camping ou à la piscine. Je préférai la piscine. Peut-être que de me baigner allait diminuer mes douleurs ? Sur le coup, ce fut bien agréable : on se retrouvait à plusieurs coureurs, mélangés aux vacanciers, c’était sympa. 
    Ensuite, comme il y avait des commerces, je pus me ravitailler et manger autre chose que ces sacrés Bolino, qui commençaient à en
    écœurer plus d’un, tellement on en avait pris avant. 
    Ce soir-là, il fallait aussi soigner efficacement les deux jambiers, en leur appliquant de la pommade et en les enrobant d’une membrane plastique type «
    Scello frais » pour que ça « marine » bien (conseils d’anciens). 
    Il fallait aussi récupérer, ne pas trop se disperser à s’affairer à gauche ou à droite. Le lendemain, on avait une étape encore plus courte (57 km) et on passerait en théorie moins de temps sur le bitume qu’aujourd’hui. 
    Mais le gymnase avait subi les rayons du soleil toute la journée et il s’avéra être une fournaise la nuit tombée. Alors, le sommeil en pâtit.

    Allez ! Aux suivantes ! (Sur l'air de la chanson de Jacques Brel "Au suivant! ") 

    ÉTAPE 15 / St Cyprien-s/-D. -- Cassagnes-Begonhès 57 km D+ 860m / CUTOFF 10h22mn (total 968 km) 
    Montée vers la ville ‘’rose et grise’’ de Rodez, chef-lieu de l’Aveyron, capitale du Rouergue et haut-lieu historique de naissance du ‘’Carnet du Bipède’’ et de ‘’VO2 Marathon’’, haut perchée sur son belvédère. Descente dans la Vallée du Viaur. Dans sa jeunesse, Monsieur le Maire de Cassagnes fut un honnête coureur de 400 mètres… D'ailleurs, il court toujours, du matin au soir ! (extrait du road-book) 

    Commentaires : beaucoup de souffrances en descente et sur le plat (jambiers) 
    Tenue : nirvana N°2, short rouge, débardeur jaune 
    Météo : chaud 
    Alimentation : idem 

    15ème étape : dernier jour du mois d’août. Plus que 4 en comptant aujourd’hui. Comme c’est plus court, il faut récupérer, afin d’assurer les deux dernières qui seront de 71 et 72 km. 
    Facile à dire tout ça. Mais dès le départ je sentis bien que ça allait être encore pire que la veille. 
    Tout alla quand même relativement bien jusqu’aux abords de Rodez : 3h30 pour faire 27 km (soit du 7,7km/h de moyenne, c’est bas, mais ça reste acceptable), mais sur la piste cyclable à l’entrée de la ville, je sentis mes douleurs s’accroître. De plus, en ville, il fallait être attentif au fléchage, bien suivre les indications du road-book, faire gaffe aux autos dont les conducteurs devaient se demander qui étaient tous ces « zombies » portant sacs ou bananes et dossard. Rodez n’étant pas une ville plate, nous dûmes grimper fort pour atteindre le ravitaillement. Par la suite, il fallait redescendre, aïe, aïe, aïe ! Jusqu’au franchissement de l’Aveyron (km 31). 
    Je savais que seuls Sigrid, Eric Martin et Jean-Hervé étaient derrière moi. Quand les deux derniers me rattrapèrent j’essayai de maintenir le contact, mais j’étais plus comme un boulet pour eux, et je leur demandai de continuer à leur rythme. Donc, je me retrouvai avant dernier, mais il en faut bien un ! 
    Au gré des virages j’apercevais de temps en temps Jean-Hervé et sa femme qui l’accompagnait à vélo, d’ailleurs celle-ci me proposa de rester un moment avec moi le temps de me remonter le moral, mais je lui dis de filer et de profiter de la bonne forme de son mari pour continuer avec lui. C’est que Jean-Hervé, qui avait abandonné l’an dernier, avait connu un début de Transe Gaule très douloureux lui aussi, ce qui le fit courir à une vitesse très lente, mais dont il récupérait maintenant les bienfaits : il était guéri, et pouvait enfin se faire plaisir. Pour moi, le plaisir était parti momentanément car remplacé par les doutes. 
    Je terminai l’étape à plus d’un quart d’heure du précédent coureur et à près de 30 minutes de Jean-Hervé, ce qui montre quelle différence de tempo il y avait entre nous. J’ai effectué les 18 derniers km en plus de 2h30, soit à une moyenne de 7 à l’heure ! Effarant, pour moi qui cours les 100 km à plus de 10 km/h. Mais ce n’est pas la même course. 
    L’arrivée sous le portique sous les applaudissements des personnes présentes me réconforta, et un moment inoubliable aussi survint lors de mon
    entrée au gymnase : les autres coureurs m’applaudirent tous. Cela me fit chaud au cœur, moi qui étais à leur place avant, à applaudir les derniers arrivants ! 
    Je repris des forces au restaurant situé sur la ligne d’arrivée. Il était 15 heures, et le patron accepta de me préparer une assiette de crudités puis un plat de poulet froid avec des légumes, le tout accompagné d’un méga panaché et de deux poches de glace qui allaient me soulager le temps de cette petite collation. 
    Le repas du soir fut pris dans ce même restaurant, mais nettement moins sympa que dans l’après-midi, car le service fut dépassé par les événements et ne sut gérer le repas d’une quarantaine de personnes, coureurs de longues distances pour la moitié d’entre-eux. A oublier. 

    ÉTAPE 16 / Cassagnes-B. -- St-Sernin-sur-Rance : 55 km D+ 885m / CUTOFF 10h00mn (total 1023 km) 

    Vallée du Tarn. Jolie route et peu de villages. 1000ème kilomètre juste après le charmant et minuscule village de LINCOU posé sur le bord du Tarn. Possibilité de traverser LINCOU par l’intérieur en version trail (sentier, escaliers, compter 2 minutes de perdues) ou alors de rester sur le bon goudron. [Off-road = 1 km](extrait du road-book) 

    Commentaires : idem qu’hier en pire !!! (au niveau des douleurs aux jambiers). Je finis près de 1H30 après le 21ème, et 34’ seulement avant Sigrid. 
    Tenue : nirvana N°1 + débardeur jaune + short rouge. 
    Météo : chaud 
    Alimentation : idem 

    étape 16. Récit d'une moyenne qui fond comme neige au soleil, et d'un classement qui chute de manière inquiétante à deux jours du terme. 

    En ce 1er jour du mois de septembre, où j’aurais dû recommencer à travailler, nous eûmes droit à une courte étape. Mais pour moi, elle fut la plus lente de l’ensemble des étapes de la Transe Gaule : je ne le savais pas au départ, mais j’allais mettre plus de 8h15 pour faire les 55 km proposés, soit une moyenne inférieure à 7 km/h (6,6 plus précisément). 
    Bien sûr, il y avait comme d’habitude des montées et des descentes, de jolis villages à traverser, la marque du passage du 1000è
    me kilomètre de la Transe Gaule… Mais malgré cela, cette étape restera pour moi comme un mauvais souvenir : j’ai eu trop mal, encore plus que la veille ou que l’avant-veille, et pour la 3ème fois consécutive, je finis l’étape en queue de peloton ou presque, 23ème et ce à plus de 1h10 du 22ème et à 1h30 du 21ème. C’est dire que j’avais été lent, mais j’avais été au bout encore une fois et c’était là le seul motif de satisfaction de la journée. J’avais eu aussi les premiers troubles gastriques dus aux anti-inflammatoires : ce n’est pas très drôle ni très agréable de devoir s’arrêter en pleine campagne à chaque fois que l’organisme vous le demande ! 
    J’ajouterai quand même que je fus accueilli de la même façon qu’hier par les autres concurrents, sous les applaudissements, et que j’eus le droit d’aller prendre ma douche à l’hôtel-restaurant situé à côté de la salle qui nous hébergeait. Sinon, il aurait fallu aller au camping à quelques km de là. Après la douche, je commandai à manger au restaurant, et la patronne m’apporta une succulente omelette avec des frites et de la salade. Un morceau de fromage et un dessert par-dessus ça, ainsi qu’un petit café, et le moral était revenu. Plus que deux étapes !! Il faut tenir. 
    Le soir, nous sommes retournés au même restaurant où nous eûmes droit à un véritable repas pour coureurs. Mais parce que je voulais récupérer et anticiper la terrible étape du lendemain, je zappai le dessert pour aller me coucher au plus vite.

     

    ÉTAPE 17 / St-Sernin-sur-Rance -- St-Pons-de-Thomières : 71 km D+ 1350m / CUTOFF 12h55mn (total 1094 km) 
    Très belle ’’étape de montagne’’, spéciale grimpeurs. Du dénivelé (positif et négatif) à revendre (D+ quotidien record avec +1350m) et le maillot à pois au vainqueur du jour. Monts de Lacaune, Monts de l’Espinousse et Parc Régional du Haut Languedoc. Descente de 2 km sur LACAUNE à se fracasser les quadriceps et les 10 derniers km avant ST PONS c’est encore pire ! L’étape est aussi exigeante pour les coureurs qu’elle est reposante pour le flècheur et pour les routeurs. Ça sent les vacances… 
    (extrait du road-book) 


    Commentaires : Un léger mieux sur la fin, une fois les jambes nettoyées à l’eau des anti-inflammatoires : c’étaient eux qui me donnaient des brûlures en plus des douleurs aux jambiers ! 
    Tenue : nirvana N°2, débardeur jaune, short noir. 
    Météo : chaud et recherche d’ombre. 
    Alimentation : idem 

    Etape n° 17. 
    Avant dernière étape très longue et très vallonnée, 1350 m de dénivelé positif pour 71 km, celle où il faut absolument terminer pour être au départ de l’ultime étape de demain. Départ à 300 m d’altitude, arrivée aussi à 300 m d’altitude, mais 4 cols à passer dont deux à 1000 m ! 
    Cette belle étape « spéciale grimpeurs » aurait pu me plaire en d’autres circonstances, mais qui dit montées, dit descentes à suivre. Et il y en eut : à titre d’exemple, je citerai celle du 27è
    me km où la pente est très forte pendant 2 km. J’ai été obligé de la descendre en marche arrière, je ne pouvais plus ni courir ni marcher en avant tellement les jambiers me torturaient. 20 minutes pour descendre ces 2 km, j’ai du battre mon record de lenteur. J’avais atteint Lacaune (km 29) en plus de 4 heures de « course » soit à une moyenne effarante de 7,2 km/h. Et il restait l’équivalent d’un marathon à parcourir. Sachant que entre deux des cols à 1000 m d’altitude, il fallait descendre à 700 m, je me doutais qu’il devait y avoir encore d’autres moments difficiles avant la terrible descente de 10 km en lacets qui terminait l’étape. 
    Les douleurs étant trop vives par désespoir j’arrachai tous mes bandages aux jambes, et je décidai de laver à l’eau fraîche mes tibias et mes mollets car ça me brûlait très fort à ces endroits. Bien m’en prit, car je remarquai au bout de quelques minutes que les brûlures avaient diminué d’intensité, du coup les douleurs se firent moins sentir, et je pus reprendre un peu de « vitesse » si on peut appeler ça comme ça. 
    D’ailleurs, je finis les 15 derniers km en 1h52, soit à 8 km/h de moyenne. Et comme il y avait de la descente raide, je fus content de ne pas trop souffrir. Avais-je trouvé l’origine des violentes douleurs ? J’espérais que oui. On verrait ça le lendemain où je devais absolument ne rien mettre sur mes blessures, ni anti-inflammatoires ni autre crème. 

    Et la dernière étape arriva ! 

    ÉTAPE 18 / St-Pons-de-T. -- Gruissan-Plage : 72 km D+ 520m / CUTOFF 13h30mn (total 1166 km) 

    Dernière montée sur 9 km à la sortie de St-Pons. Au km 18, vous découvrez la Méditerranée (si temps clair) puis longue descente vers le Roussillon jusqu’à AIGUES-VIVES. Puis 15 kilomètres de rêve le long du canal de la Robine entre pins parasol et platanes pour atterrir à NARBONNE... et ses embouteillages.
    Épilogue en douceur sur 17 km de petite route plate et tranquille entre les rizières. A l’entrée de GRUISSAN, suivre le canal, droit vers le mer. La ’’Plage des Chalets’’ et ses maisons sur pilotis immortalisées dans le film culte de J.J. Beinex ‘’37,2° le matin’’ vous attendent. Enfin, 150 mètres de sable fin avant le plongeon dans la Grande Bleue. Arrivée aquatique ! [Off-road = 10 km] 
    (extrait du road-book) 

    Commentaires : nous fûmes 3 à partir très tôt (pour raisons de lenteur naturelle ou à cause des blessures), et bien nous en a pris, car nous avons évité la chaleur même si sur les coups de midi (vers Narbonne) il a commencé à faire chaud. 
    Tenue : débardeur jaune, short rouge, Nirvana n°2 
    Météo : nuit fraîche à souhait, matinée douce et légèrement venteuse, reste un peu plus chaud, mais parcours longtemps ombragé le long des canaux. 
    Alimentation : idem + 2 flans !!! 

    18è étape de la Transe Gaule : l’apothéose ! 

    Le départ fut fixé à 4h30 (4h33 en réalité) en raison de notre lenteur potentielle ou à cause de nos blessures. Après un petit kilomètre de village (St Pons de Thomières) avec ses lampadaires, Sigrid, Gérard Denis et moi attaquâmes la longue montée vers le Col de Sainte Colombe dans une nuit noire, seulement guidés par nos frontales. Le ciel étoilé était magnifique par cette nuit sans Lune, et parfois quand on apercevait une étoile filante on se dépêchait de faire un vœu. Quel silence ! Quelques hululements de hiboux, des aboiements lointains, des bruits de feuillage venaient troubler le silence de cette dernière montagne de la Transe Gaule. En montée, les douleurs étaient oubliées, mais la prudence restait de mise tant j’avais eu mal lors des quatre précédentes étapes, mal à en hurler ! 
    De temps à autres, Jean Benoît se glissait à ma hauteur en voiture pour me demander si j’avais besoin de me ravitailler. Avec Gérard, on s’est vite séparés, il s’arrêtait plus fréquemment et plus longtemps que moi pour récupérer. Moi, j’étais bien, et je voulais profiter de cet état pour tailler la route, sachant que dès que la route descendrait, il me faudrait ralentir. 
    Le col fut atteint en 1h30’ (pour 10km, le début de course fut prudent !), je réveillai Jean-Benoît qui sommeillait dans sa voiture afin qu’il me ravitaille, et je commençai ma longue descente vers Rieussec et Aigues-Vives. Quel magnifique lever de soleil sur les coups de 7h, avec à l’horizon de la brume qui empêchait de voir la Méditerranée et des éoliennes qui tournaient, promettant un petit vent qui
    tempérerait l’atmosphère quand les rayons du soleil se feraient plus ardents ! Et cette descente que peu à peu j’apprivoise, « Même pas mal ! » mais méfiance, gare à l’euphorie qui fait aller droit dans le mur. 
    D’ailleurs, quand j’atteignis Aigues-Vives au bout de 3h30’ de course, je recommençai à avoir mal aux jambiers, des coups de poignard dans les tibias, à chaque foulée. La partie de l’étape qui suivit ne fut pas très amusante, en plus des douleurs, vint un coup de barre, sûrement dû aux 3heures à plus de 8 de moyenne. Et le parcours, à cet endroit (Cabezac) et jusqu’au début du canal n’était pas intéressant : longues lignes droites sans ombre, route défoncée, un peu de circulation… 
    Vers le km 40, j’arrivai au canal de la Robine, et sachant que j’avais dépassé la moitié de l’étape, je commençai
    s à pronostiquer à quelle heure les premiers, qui étaient partis 3 heures après moi, me doubleraient. Après 5km de chemins de halage, plus ou moins caillouteux, je me fis ravitailler en flans que Jean-Benoît m’avait achetés dans une pâtisserie de Sallèles d’Aude: quel bonheur ! Il m’accompagna jusqu’à un endroit complexe à franchir et dont il voulait vérifier le balisage. « No problemo » dans cette partie « trail » où l’on empreinte tour à tour un chemin VTT, une ligne de chemin de fer, un pont Eiffel, un escalier, et enfin un chemin de halage caillouteux! Ensuite je repris ma course en solitaire, tout content d’être en tête, sachant que Narbonne était au bout du canal, à une dizaine de km. J’y arrivai peu avant midi, en à peu près 7h de course (pour 54km, j’avais bien rattrapé !). 
    La traversée de l’ancienne capitale de la Gaule Narbonnaise ne fut pas facile : circulation, chaleur à cause de la disparition du vent, course au road-book et quelques hésitations aux carrefours. Pas de panique ! Le fléchage avait été bien fait, et le road-book était très précis. Plus que 16km à la sortie de la ville : l’objectif étant devenu de mettre deux heures pour les parcourir sans se faire trop de mal, car les douleurs étaient là, à chaque foulée, mais la motivation et le fait de pouvoir rester en tête encore un long moment me redonnèrent des ailes. 
    « On se rapproche ! On se rapproche ! » 
    Ravito déposé sous un arbre face au camping des Mimosas (km62), long à venir, mais tellement bienvenu ! « Allez « grand », plus que 10km ! » Et Janne le Finlandais, leader de l’étape et de la Transe Gaule arriva à ma hauteur ; on s’encouragea mutuellement, on se tapa dans les mains et déjà il me prit mètre sur mètre avant de disparaître à l’horizon. Il fallait tenir, la délivrance se rapprochait, encore une ou deux petites grimpettes et la traversée des marais et des rizières. Un petit gel par-ci, une petite barre de céréales par-là, un futur Transe Gaulois et Nantais de surcroît me fournit en glaçons que je me passai partout sur le corps. Cela me fit du bien, mais ça fondait vite ! Et cette étape qui n’en finissait pas ! La dernière côte arriva me faisant découvrir la vue sur Gruissan qui se situe à 3 petits km de l’arrivée. Je me retournai plusieurs fois pour voir si j’allais arriver seul sur la plage ou si j’allais me faire doubler. Personne à l’horizon ! Direction Gruissan-
    Plage par la piste cyclable, longue ligne droite où mon émotion d’être si près de l’arrivée prit le dessus : j’étais euphorique, je m’encourageais à voix haute, je pleurais de bonheur mais aussi de douleur car elle était toujours aussi présente. Je me débarrassai de mes bidons, un par un, pour arriver le corps libre. Plus que 650m, ligne droite au bout de laquelle j’aperçus Charles qui prévint de mon arrivée et là…. 150 derniers mètres sur la plage, je levais les bras. Une ola m’accueillit. Étreintes, sourire comme à chacune de mes arrivées, pas de larmes, j’avais trop donné de ce côté-là depuis 4 ou 5 jours. 
    Là, un grand vide, une petite bière fraîche bien méritée, je retirai maillot et chaussures au bout de quelques minutes, j’attendis l’arrivée du 2è
    me, puis celle de Gérard avec qui j’étais parti tôt ce matin. Ensuite, baignade dans la Méditerranée : il était 14h30, le drapeau était vert, l’eau à 21°. Que du bonheur malgré les douleurs ! 
    Puis l’attente des autres, les 3è
    me et 4ème … jusqu’au 7ème (Don qui terminait ici sa 4ème Transe Gaule ! Chapeau l’artiste !). Sigrid franchit la ligne d’arrivée peu après, elle qu’on avait aussi fait partir à 4h30 du matin en pensant qu’elle arriverait dans les derniers ! Elle gagna ainsi sa 2ème étoile. 
    Après plus personne n’arriva pendant près de 2 heures. On apprit qu’un coureur connaissait des difficultés depuis le départ (Patrick, celui qui courait avec un bâton) et que beaucoup de coureurs l’attendaient pour l’aider à aller lui aussi au bout de l’aventure. 
    La brume avait déjà envahi la mer et la plage depuis plus d’une heure, le drapeau était rouge, l’inquiétude grandissait. Quand soudain à l’horizon un groupe de 14 coureurs se profila pour un final groupé plein d’émotion. Embrassades, baignades, larmes, bières, photos… Que de souvenirs pour la vie entière ! 
    L’apothéose ! 
    Douche, installation au gymnase, remise des prix, apéro, repas, dodo car le lendemain il faudra revenir sur Terre après ce long voyage dans le temps. 
    La 19è
    me étape ne sera ni la plus courte, ni la moins douloureuse : en camion avec Charles au volant et moi avec mes douleurs aux jambes, mais avec des souvenirs plein la tête et déjà des regrets que tout soit terminé. 
    Comment vais-je digérer tout ça ? 
    On verra, mais en tout cas il me faudra autant de courage qu’au départ des étapes, quand il faudra que j’aille travailler ! 

    (Nb : ce petit compte-rendu a été écrit dans le camion lors du retour vers Nantes) 

    Voilà terminée l'épopée Transe Gauloise 2005. 
    Déjà dans la tête un espoir
    apparaît : que les dates de la prochaine édition me soient favorables, comme pour cette année ! Et là, je ne pense pas hésiter trop longtemps à me réinscrire ! 

    Allez à + Fab*


    votre commentaire
  • Transe Gaule 2010

    Mercredi 11 août

    Étape 1.a → Roscoff à St-Pol-de-Léon (Finistère) - 5 km neutralisés

    Étape 1.b → St-Pol-de-Léon (Finistère) - Plounévézel (Finistère) - 62,6 km

    La 1èreétape de cette 5èmeTG est réputée difficile pour beaucoup de coureurs en raison du manque d’adaptation des organismes, de la libération de tant de jours, semaines, mois d’attente du jour J, du fait que personne ne connaît véritablement la vitesse de croisière à adopter et d’autres raisons plus ou moins personnelles.

    Pour moi qui « devait » être à l’aise, me retrouver rapidement dans le contexte au vu de ma grande expérience des 4 précédentes auxquelles on peut ajouter l’équivalent de trois autres TG avec ma TransEurope « inachevée » (54 jours = 3x18), ce fut une vraie journée de galère.

    Pourtant tout avait commencé de manière « normale », j’avais pris le départ de manière prudente et attendais d’avoir effectué une quinzaine de kilomètres ou d’avoir atteint le premier ravitaillement (km 12) pour me faire une idée de mon niveau. Parti sur des bases de 9,5km/h sachant que de toute façon je réduirais mon allure, je me sentais bien, les voyants étaient au vert (cardio, sensations, douleurs qui étaient absentes…). Je courais avec des gens d’un niveau semble-t-il égal au mien, même si la notion de niveau est à prendre avec précautions tellement d’autres facteurs peuvent venir changer la hiérarchie théorique.

    Le temps était gris mais doux, un vent modéré mais soufflant souvent dans notre sens donnait une sensation rafraîchissante et les arbres bordant la montée vers Penzé apportaient un peu d’ombre quand le soleil perçait les nuages. Le paysage en était d’autant plus beau alternant des couleurs du vert de la végétation au marron des champs dans lesquels commençaient à pousser des choux, du céleri ou du maïs. La rivière qu’on apercevait en contrebas était belle car la marée haute lui avait apporté beaucoup d’eau.

    Peu après le ravitaillement de Penzé, je décidais de ne plus rester accroché aux basques des coureurs avec qui j’avais couru les 12 premiers kilomètres et je les laissais partir devant éprouvant le besoin de ralentir un peu afin de ne pas hypothéquer ma fin de course.

    Au kilomètre 26 j’eus soudain une tachycardie, une augmentation brutale de mon rythme cardiaque sans raison particulière car je n’avais pas accéléré. D’habitude je sais gérer ces petites choses qui peuvent passer en une ou deux minutes. Cette fois, voyant que ça ne passait pas je commençais à paniquer et à rechercher un endroit calme où m’allonger. J’en trouvais un au bout d’une dizaine de minutes, un peu plus loin sur le parcours. Je m’allongeais sur le banc de pierre en mettant mes jambes en l’air. Quelques coureurs m’avaient déjà dépassé et un groupe important d’autres participants à la TG eux aussi me passèrent devant sans oublier de venir aux nouvelles. Je restais là un bon quart d’heure avant de reprendre la route avec mes trois futurs compères, Robert, Jean Pierre et Gwenaël qui s’étaient arrêtés plus longuement aux nouvelles. La tachycardie a continué jusqu’au village suivant, situé à 5km effectués en marchant et elle semblait avoir disparu quand au sortir du ravitaillement elle recommença. Je m’allongeais à nouveau pour que le rythme cardiaque baisse et quand au bout de 5 minutes il revint à un niveau « normal » je repris la marche puis la course. Je rattrapais mes trois compères et décidais de rester avec eux tant que je le pouvais.

    Nous avons fini l’étape ensemble en nous relayant régulièrement et en alternant course et marche. Le temps final de 8h24’07" est anecdotique tellement j’étais soulagé d’être enfin venu à bout de cette première étape. Le classement aussi a sans doute surpris et inquiété beaucoup de personnes qui me connaissent.

    Jeudi 12 août - Étape 2 → Plounévézel (Finistère) - Pontivy (Morbihan) - 63.7 km

    Après une nuit difficile à cause de ma grande inquiétude et des nombreux moments où j'ai fait des cauchemars et me suis réveillé en sursaut, je pris le départ ce matin avec la ferme intention de rester à l'écoute de mes sensations et de guetter tout signe avant-coureur d'une récidive. Et quand j'ai atteint la deuxième heure de course sans ressentir quoi que ce soit d'anormal, j'ai pu enfin me libérer.

    J'ai donc couru à l'allure prudente mais plus élevée que la veille et j'ai terminé l'étape à la 16ème place en 7h04'45". Ce chrono est certes supérieur à celui de 2008, mais meilleur que celui de l'année précédente. Pas de douleurs ou des petits bobos raisonnables, pas de sensation de fatigue, je vais pouvoir dormir tranquillement et être en forme pour l'étape de demain, longue de 75km. Je ne vais pas forcer, mais courir à une vitesse plus en rapport avec mon envie.

    Vendredi 13 août - Étape 3 → Pontivy (Morbihan) - Guer (Morbihan) - 74.6 km

    Temps gris et frais à souhait, toutes les bonnes conditions pour courir étaient réunies. Rassuré par l’étape de la veille, je démarre tranquillement pour me retrouver avec Steph, Jobst, Jean-Michel F, Pascal R et Martina laissant partir devant Michel Robert et Maurice Chesnais qui ont rapidement pris la tête de la course sachant que les 11 premiers de la veille partaient à 7h 30 au lieu de 6 h 30. L’allure calée sur 9,5 km/h me convenait et allait nous amener à rester à vue les uns des autres pendant plus de deux heures. Passage au marathon en 4h45’ je m’étais déjà fait doubler par Jean-Jacques, Didier et Jan N. Peu après ce fut au tour de Brigitte. Jusqu’à Ploërmel ça allait même si je commençais à ressentir gêne, fatigue et légères douleurs. La traversée de Ploërmel suivie des 4 kilomètres jusqu’à la voie verte furent donc assez pénibles, je décidais de mettre le MP3 comme hier à 20 km de l’arrivée. La voie verte fut un véritable mauvais moment à passer : comment peut-on préférer courir sur des cailloux à courir sur du bitume bien lisse sachant que le chemin était plat et en travaux !?!? Enfin après plus de 2 heures passées à slalomer entre les grosses pierres jalonnant le parcours je terminais avec une bonne douleur à un genou et la chaussure droite bien abîmée. Mais ce soir ça va, je suis allé comme hier me faire masser par une des deux jeunes filles de l’école de kiné de Nantes, Camille et Tiphaine. Après le repas offert par la municipalité je suis allé me coucher car le lendemain, samedi il fallait que j’assure mon arrivée dans mon pays.

    Samedi 14 août - Étape 4 --> Guer (Morbihan) - Châteaubriant (Loire-Atlantique) - 67.8 km

    Il faisait un peu frais au départ et le temps gris ne présageait pas une journée ensoleillée. Sitôt le départ donné, sur un tronçon de la voie verte qui nous évitait d’emprunter les rues du centre ville, je sentais que j’avais les jambes lourdes mais cette impression allait rapidement disparaître et je réussis à trouver une bonne cadence. Dans notre groupe des « 6 h 30 » Jobst et Michel R prirent vite les devants suivis par le même petit peloton qu’hier (Stéphane, Jean-Michel, Martina, Pascal, Ulrich Z et moi). Les longues lignes droites ne constituaient pas un hors d’œuvre très appétissant et pour éviter l’écœurement je décidai de passer à l’action. Ta Ta Ta (musique de trompette comme dans les films). J’accélérai donc un peu, laissant mon gruppetto derrière à quelques hectomètres. Seuls Ulrich et Pascal suivirent. Je continuai ainsi jusqu’au 35èmekm où Pascale, ma femme, me croisa en voiture étonnée que je sois déjà là. Un petit arrêt bisou et je repris mon chemin vers le ravito du km 40 à la Dominelais où elle était allée m’attendre. Le passage du kilomètre 42 en 3h35’ m’indiqua que j’étais plus rapide que la veille mais la même fatigue commençait à m’envahir. Il se mit à pleuvoir peu après le 45èmekm ce qui eut pour conséquence de me titiller les tendons. Ulrich avait fait la jonction puis passa devant. Les 1ers du groupe des « 7h30 » avaient commencé à nous doubler après le 40 km et ce fut le tour de Brigitte de me dépasser accompagnée de ses deux gardes du corps, le camion d’assistance s’arrêtant tous les 500 m pour le ravitaillement… Son allure était régulière (11 km/h) et je pris la folle décision d’essayer de rester au contact ce que je fis pendant plusieurs km où le ravitaillement brisa mon élan. Une fois reparti, elle avait trop d’avance et je me résignai à « la jouer » plus prudente. La longue route entre Saint Aubin des Châteaux et Châteaubriant fut interminable, je me fis dépasser par 2 coureurs du Top 12 et à 2 km de l’arrivée je me mis à ralentir et à attendre Ulrich seulement à 200 m derrière. Nous avons fini ensemble comme hier : 14èmes ex-æquo.

    Au général je remonte encore de 3 places et entre dans les « 20 » (18ème). Ces 3 dernières étapes sont plus rapides qu’en 2007 mais loin de celle de 2008. Au gymnase le soir on a fait une Bolino-party, plus exactement on a pique-niqué ce qui est très sympa et permet de bien se marrer. N’est-ce pas Jean-Pierre et Robert ?

    Dimanche 15 août - Étape 5 --> Châteaubriant (Loire-Atlantique) - St-Georges-sur-Loire (Maine-et-Loire) - 68.9 km

    La météo prévoyait de la pluie mais nous sommes partis avec un temps gris mais sec. Les 4 premières étapes ont fait des dégâts et le peloton des « 6h30 » s'étire péniblement, les claudications et grimaces sont fréquentes. Eric et Michel ont pris la tête du groupe et se sont vite détachés. Martina dans ma foulée, Stéphane et Pascal juste derrière, Ullrich tel un métronome qui nous passe pour se porter à la 3ème place … Le rituel des débuts de course, cette étape était bien lancée. Le parcours était plat au départ, souvent composé de longues lignes droites. Un peu monotone quand même. Les quelques montées et descentes étaient appréciées … Erbray, Petit Auverné, Freigné... les villages défilaient. Globalement j'allais bien, les ravitaillements situés aux km 17 puis 32 se sont fait attendre, la cadence de 9 à 9,5km/h me les proposait toutes les 1h35' à 1h50'. La course devint plus difficile vers la 4ème heure et je me fis reprendre l'heure de décalage par les trois hommes de tête, Didier, Jan N. et Jean-Jacques. Le 3ème ravitaillement se trouvait plus loin que je ne le pensais car prévu au km 42 « officiel » mais en réalité situé au km 44. La suite fut plus dure encore et je commençais à avoir un peu plus mal aux jambes. Ma cadence était retombée sous les 9km/h en raison des arrêts plus longs aux stands. Il faut dire que Pascale était venue m'assister hier et aujourd'hui, c'est pourquoi je prenais un peu plus de temps surtout que souvent je racontais une ou deux bêtises. Je finis un peu mieux une fois le parcours redevenu plat et je terminai à la 14ème place en 7h56'22. Au général je passais à la 18ème place. Le soir : apéro Coteaux du Layon puis repas traiteur puis dodo … enfin presque car le feu d'artifice du 15 août qui débuta à 22h45 réveilla nombre d'entre-nous, même ceux qui avaient mis les boules Quies. Heureusement que JB avait prévu de faire partir tout le monde à 7h30 : 1h de sommeil en plus, ça va compenser.

    Lundi 16 août - Étape 6 --> St-Georges-sur-Loire (Maine-et-Loire) - Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) - 53.0 km

    Cela doit quand même être bien d'avoir une assistance totale pendant la course. Je fais cette remarque parce que je n'arrive pas à trouver le temps de faire et d'envoyer mes CR tous les soirs. Même quand Pascale était là, j'avais du retard. Pour en revenir à l'étape du jour, elle s'est bien déroulée sur les 40 premiers km puis ce fut difficile lors des 13 derniers. Partis à 7h30 comme tout le peloton j'eus un peu de difficultés à entrer dans la course car la mise en route de l'organisme a été longue : douleurs aux pieds, articulations des genoux qui « grinçaient » et sensations difficiles à retrouver. Cela a duré le temps de rallier Chalonnes – ville où j'ai résidé il y a vingt ans – et le départ tardif nous a même privés d'un lever de soleil sur la Loire. La montée vers la Haie Longue me fit retrouver un rythme et des moyens « normaux » et je pus donc commencer à être à l'aise. Le ravitaillement de St Aubin de Luigné était le bienvenu car il commençait à faire bon et soif. Une certaine fraîcheur résiduelle masquait le travail de sape du soleil qui allait nous accompagner toute la journée. St Lambert, Rablay, Thouarcé, à travers le vignoble du Layon, ça valait le coup d'œil et la course avançait tranquillement. La route menant de Thouarcé à Martigné Briand et au troisième ravito fut comme à l'accoutumée assez fastidieuse tant et si bien que j'arrivai au poste de ravitaillement tenu par les M et M's (Marcel et Marie) dans un état de « défraîcheur » avancé. Un demi litre de coca après, et le remplissage de mes gourdes effectué, ajoutés à un peu de bavardage ont fait qu'il me fut très pénible de repartir : douleurs aux genoux, aux pieds... et je mis quelques hectomètres avant de reprendre un rythme de course « correct ». De 9,5 de moyenne, j'étais passé à 9 à peine et les km restants furent déplaisants : longues lignes droites, revêtement granuleux, soleil, faux plats… L'arrivée à Doué sur la place du marché déjà désertée fut un soulagement. J'étais accompagné de Reinhold Lamp qui m'avait rattrapé à 1500m du but. DBB (Douche, Bolino, Bière), massage, repos, SMS aux potes du forum, coup de fil à Pascale et à mes frère et sœur, je m'endormis pendant une heure par la suite. Après ce fut le restaurant, de 19h à … 21h si bien que je n'ai pas eu le temps de poster mes CR. Je verrai ça demain, si j'ai le temps.

    Mardi 17 août - Étape 7 → Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) - Monts-sur-Guesnes (Vienne) - 58.6 km

    Le départ ne fut pas laborieux contrairement à ce que je craignais : absence de douleurs aux pieds et aux jambes, je démarrai cette étape dans de bonnes conditions d'autant plus que le temps était frais mais sec. Les hommes de tête ont rapidement fait le trou et le reste du peloton s'étirait au fil des premiers km. Je pus quelques minutes courir avec Brigitte suivi par Jean-Michel. Sur la Voie Bonnot, itinéraire parallèle à la route à grande circulation nous avons couru tranquillement, tantôt sur bitume tantôt sur chemin, mais dans le silence et la quiétude du vignoble. Je me calai sur du 9,5km/h, allure où je ne sentais pas trop mes efforts, vitesse « antalgique » pourrais-je préciser. Montreuil Bellay puis le premier poste de ravitaillement au km16, tout allait bien. Quelques champs de melons où les saisonniers commençaient à s'affairer à les ramasser jetant de temps à autres un œil étonné à cette troupe de fêlés qui courait cahin-caha sur les routes pentues de cette belle région. Des champs de céréales déjà moissonnés, pas de haie à l'horizon, le paysage se laissait déguster. Vers le km20, les côtes et descentes se firent plus dures et la course le devint aussi. Je me demandai si j'allais tenir comme ça encore longtemps sans douleur. Il y eut l'épisode du chien, un briard, qui nous a suivis pendant plusieurs kilomètres pour nous changer les idées, mais autrement il n'y avait rien à faire d'autre que de courir alors je mis le MP3 en route comme tous ces derniers jours pour me divertir. Au ravitaillement du km26, presque à mi-parcours, j'avais encore de bonnes jambes, mais après cet arrêt ce fut lentement la descente vers les douleurs et le mal être. Mais il y avait « pire » que moi. Au km33 je dépassais Brigitte aux prises avec des maux de ventre semblait-il et Jean Michel avait lâché prise depuis très longtemps déjà. Je n'étais qu'avec Erwin (Hollandais) Eric et Pascal. L'arrivée au ravitaillement de Loudun (km41) fut pénible, en descente et quand j'en repartis je ne pensais pas que j'allais me refaire une santé, ayant sombré dans la course avec douleurs depuis déjà plus d'une heure. La D14 m'a pourtant redonné du « peps » et je réussis à finir 14ème de l'étape, à 9 de moyenne totale sur cette étape. Au général, je suis toujours 16ème. Ce soir, j'ai eu le temps de faire quelques courses puis ensuite ce fut le repas puis le coucher dans une salle assez exiguë où j'avais quand même eu le temps de dormir un peu après les massages qui ont suivi mon arrivée.

    Mercredi 18 août -  Étape 8 --> Monts-sur-Guesnes (Vienne) - Angles-sur-l'Anglin (Vienne) - 62.9 km

    J’ai passé une difficile journée aujourd'hui. Je suis parti avec des douleurs aux genoux, surtout le droit, s'amplifiant au fil des heures. Mon rythme de croisière fut difficile à conserver. J’ai passé de trop longs moments aux ravitos tandis que les autres n'y restent que 1 à 2' maxi, moi c'était 3 ou 4’. Les coureurs allemands ont attaqué ou contre-attaqué, accompagnés d'un hollandais, si bien que demain je peux descendre d'une à trois places au général. Bon, l'essentiel est d'aller au bout, néanmoins je commençais à me (re)prendre au jeu, mais cette année, je n'ai pas assez de puissance de réserve et je devrais être tout content déjà de ce que j'ai fait, ce que je suis, mais il m'en faut toujours plus… A la limite, de ne pas avoir de marge au niveau de la vitesse n'est pas gênant en soi, ce qui me dérange le plus c'est que par moments je souffre beaucoup et j'essaie de trouver des positions de courses, des postures, qui ne me font pas mal. Les pieds aussi s'y mettent et c'est la cacophonie dans mon organisme quand tous ces endroits se mettent à grincer en même temps ! J'ai quand même de bonnes périodes où je ne ressens rien, le plus compliqué c'est de les reproduire et de trouver comment les déclencher. Pour les passages aux postes de ravitaillement, demain j'essaie le « pit-stop » ultracourt, c'est à dire juste le temps de remplir mes petites bouteilles de 25cl ( j'en ai 3) et d'emporter mon morceau de banane et mes deux biscuits et de les grignoter plus loin au moins en marchant. Je vais essayer de ne plus trop me disperser à discuter aux ravitos, ce qui ne sera pas aisé tel que je me connais. Mais j'ai envie de mettre la pression sur mes camarades de classement pour ne pas qu'ils enfoncent le clou trop vite et trop fort. Donc ça revient fort derrière, en même temps que ça « casse » devant. Jean Jacques, blessé s'est vu terminer en 4ème position et sa marge est très fine sur Didier qui ne s'est pas gêné pour gagner l'étape, poussé aussi par la remontée extraordinaire du prof d'Anglais Jobst, qui est allemand, et de Jan le hollandais toujours à l'affût. Les deux premières femmes ont aussi « sauté » aujourd'hui, Brigitte termine 40ème et Catherine démotivée une grande partie de l'étape a réussi à limiter son débours en se reprenant sur la fin. Vu de l'extérieur ça doit être intéressant, de l'intérieur aussi même si ça n'étonne pas lorsqu'on les voit courir, on voit bien les souffrances tant morales que physiques. Ce soir on a dîné à la salle, après être allés en terrasse siroter un sérieux panaché - pour moi, les autres étant au super pur. L'ambiance est bonne, on se marre bien, heureusement car avec ce qu'on s'enfile dans la journée, là je ne parle pas des bières après l'arrivée mais des kilomètres, on irait droit vers la déprime si on ne déconnait pas après les souffrances. On a eu des douches chaudes car Martine et Michel nous ont gracieusement ouvert l'accès à leur camping car. Ce sont des gens très chouettes et quand on sait qu'ils organisent une course à étapes en juillet sur 5 ou 6 jours dans les Alpes, on peut être certain que les coureurs y seront bichonnés comme les pionniers de cette année. Ça commence à ronfler autour de moi, je vais essayer de poster ce CR et je vous dis à demain, j'espère, pour vous faire profiter du léger différé sur la TG.

    Jeudi 19 août -  Étape 9 -> Angles-sur-l'Anglin (Vienne) - St-Sulpice-les-Feuilles (Haute-Vienne) - 68.8 km

    Bon, enfin un peu de temps pour taper mes CR en retard, mais j'ai passé les deux derniers jours un peu « à la ramasse ». L'étape 9, de jeudi, entre Angles Sur l'Anglin et St Sulpice les Feuilles longue de 69km avait pourtant bien débuté. Je suis parti avec le groupe des 6h30, l'habituel vu mon niveau, et rapidement je me suis retrouvé en seconde position derrière Stéphane Madec qui lui aussi avait envie de se faire plaisir. Il s'est détaché si bien que je ne l'ai plus revu de la journée, me contentant de le suivre à 10km/h de moyenne voire plus quand le parcours s'y prêtait. J'ai tenu pendant une quarantaine de kilomètres à ce rythme sans ressentir de douleurs et au gré des ravitaillements où je passais quelques minutes ma moyenne descendait sous les 10km/h sans que je ralentisse mon allure pour autant. Peu après le marathon, je me fis dépasser par la tête de course et rattraper aussi par deux coureurs, Eric et Laurent derrière qui je restai en contact visuel. Passé Beaulieu, le point de mi-Transe Gaule, au km57, j'eus soudain une petite frayeur au sortir d'un arrêt technique et je me retrouvai à avoir besoin de m'allonger car la tête me tournait et la FC s'était aussi emballée, à l'image du coup de « calcaire » de la première étape. Ça me fit comme si j'avais reçu un coup de batte dans la tête, mais sans voir celui qui la tenait ! Je parcourus les km suivants en zigzaguant sur la route et je me reposai tranquillement au ravitaillement. Les 7 derniers km avaient été courus ou marchés en 1h15', c'est dire la grosse claque que j'avais prise : coup de chaleur ? Alimentation insuffisante ? Malaise vagal comme me l'ont suggéré certains ? En tout cas quand cet épisode fut passé, je pus repartir en trottinant, ayant perdu entre 25 et 30' dans l'histoire. 7h40' environ, une belle place au classement de l'étape, mais plein d'inquiétude pour le lendemain. J'avais voulu me tester, chose que je fais fréquemment sur les courses à étapes, mais cette fois le test a échoué : je n'ai pas le niveau des dernières années. Il va falloir se faire à cette idée, de ne pas pouvoir donner un petit coup d'accélérateur sur les belles étapes qui arrivent.

    Vendredi 20 août - Étape 10 --> St-Sulpice-les-Feuilles (Haute-Vienne) - Bourganeuf (Creuse) - 60.8 km

    Au réveil, j'allais bien, j'avais presque oublié ma mésaventure de la veille et je décidai de partir tranquillement, en tout cas de réussir à retrouver de la confiance sur cette 10 étape. Je me suis fait un nouveau copain : le « nefaleur » - le neuf à l'heure – que j'essayai de suivre toute l'étape, sans le devancer ni me faire distancer par lui. Et mon nouvel ami m'a bien aidé à rester prudent. 6'40 au km, même si le parcours fut plus propice à tourner à 9,5 pendant un bon moment. Un comptage rapide me faisait espérer une arrivée en 6h54' environ. Tout allait donc bien. Mais c'était sans compter sur l'homme à la batte de la veille qui a récidivé, cette fois à 3km du but. Pas d'affolement, j'entrepris de finir en marchant. Coup de chaud plus sûrement aujourd'hui que la veille, mais assez imprévu. Comme j'avais quelques minutes d'avance, la marche n'a pas contrarié mon résultat puisque je mis 6h55'59’’. Mais je suis arrivé très stressé si bien que je m'écroulai sur un fauteuil pour récupérer et à la salle je dus m'allonger un bon quart d'heure pour retrouver toute ma lucidité. Il faisait chaud, 35° dans la salle. Comme la veille et tous les jours depuis la seconde étape, je demandai à me faire masser, petit moment de repos et de relâchement total, en même temps très sécurisant pour faire le point sur d'éventuelles blessures. Mises à part ma bursite et l'aponévrose que j'avais appris à gérer et qui me laissaient tranquille pendant l'étape, le reste allait bien. J'ai passé une bonne nuit après avoir dîné dans une pizzeria avec Jean Pierre. Nous avons fait des courses, à boire surtout, jus de fruits, eaux minérales, sirop de citron et nous sommes passés à la pharmacie pour refaire le stock de crème anti-frottements.

    Samedi 21 août - Étape 11 --> Bourganeuf (Creuse) - Peyrelevade (Corrèze) - 48.8 km

    Samedi, je suis parti la peur au ventre, espérant que je n'allais pas rencontrer de nouveau ce petit soucis de fin d'étape. Si l'homme à la batte m'attendait aux alentours du 60ème kilomètre, aujourd'hui il pourrait m'attendre car il n'y avait que 49km à faire. Je suis parti avec « nefaleur » et je l'ai gardé avec moi toute la course, même quand j'ai couru avec Catherine et Laurent. La montée depuis Bourganeuf s'est bien passée, je n'ai pas essayé d'en faire plus, me disant que de mettre 5h30' me conviendrait tout à fait. Le parcours était heureusement ombragé jusqu'au 45ème kilomètre et je n'ai pas souffert de la chaleur, m'arrosant très souvent profitant la présence de nombreuses fontaines dans les villages ou dans les hameaux. L'arrivée à Peyrelevade en côte sous un soleil de plomb fut difficile et avec Pascal nous avons franchi l'arche d'arrivée ensemble, soulagés d'avoir fini cette onzième marche vers l'étoile de finisher. 5h27' environ, 17ème encore, quelques coureurs se sont fait plaisir, Fred Gallais, Jean-Michel … et d'autres ont plutôt eu des difficultés à rallier l'arrivée. Demain, l'étape de 75km de Peyrelevade à Mauriac va sans doute laisser des traces en raison de la chaleur prévue, d'autant plus que nous serons au moins 3 sinon 4 heures plus longtemps sur le bitume et la fin d'étape, les 10 derniers kilomètres, ne seront pas ombragés.

    Dimanche 22 août - Étape 12--> Peyrelevade (Corrèze) - Mauriac (Cantal) - 75.5 km

    La température de la veille avait bien diminué pendant la nuit si bien que je dus prendre mon sac de couchage vers une heure du matin. Le réveil était prévu à 4h30 pour un départ à 6h en raison des risques de chaleur en fin d'étape. Le départ fut donné à 6h05 de l'endroit où nous étions arrivés la veille et le transport de la salle au site du départ se fit en véhicules, navettes, camping-cars, voitures des accompagnateurs. Rapidement, une vingtaine de coureurs se détacha et je restai derrière ne voulant pas prendre de risques et n'ayant pas les moyens physiques de suivre ce qui ressemblait à une sorte de poker menteur de la part de certains. L'air était certes relativement frais dans l'aube naissante et au fil des kilomètres on sentait des courants d'air tiède. Un peu avant Millevaches, au sommet de cette première partie en côte longue et digeste en guise d'apéritif, nous avons eu droit au panorama sur la chaîne des Puys et on voyait même le Puy de Dôme comme le ciel était dégagé. Nous avons traversé Meymac, km 22 à 24, et ensuite ce fut de la route tranquille mais assez vallonnée toutefois. Mes sensations étaient bonnes et je restais sur le tempo de mon pote virtuel le Nefaleur. Pallice puis Neuvic passés, je me demandai comment j'allais faire la descente de 14km, mais en réalité il n'y avait que la moitié qui était de la véritable descente. Et heureusement, car autant je monte bien les côtes, autant aujourd'hui j'avais mal à descendre, mon talon droit, là où je souffrais, d'une bursite me lançait à chaque foulée et, en essayant de compenser, je ressentis peu à peu une douleur au genou droit. Donc je dus effectuer une descente prudente où ceux que j'avais rattrapés dans la côte m'ont distancés à nouveau. Ouf ! Au km 64, le pont sur la Dordogne et le début de la remontée vers Mauriac ! J'ai décidé alors de faire une « Müller adaptée », c'est à dire de très courtes alternances de course et de marche (environ 25m/10m) et de cette manière, je pus reprendre un rythme plus rapide malgré la chaleur plus difficile à supporter et en raison du manque plus fréquent d'ombre. J'arrivai à Mauriac en 6h29' à la 16ème place, encore une fois satisfait d'en avoir fini. La suite, du grand classique : douche, lavage et étendage du linge, GPS à recharger, repas Bolino, hydratation, massage puis petite sieste jusqu'à 18h30 où je suis allé dîner avec d'autres coureurs sur la place du village. Les vacances quoi !

    Le soir, nous avons tous eu une pensée pour Camille (jeune étudiante de l'école de kiné ) qui a quitté la course suite au décès de son grand-père. Nous avons partagé sa peine dans ces moments difficiles.

    Lundi 23 août - Étape 13 --> Mauriac (Cantal) - Aurillac (Cantal) - 64,3 km

    Cette étape nous amenait aujourd'hui sur les sommets de la Transe Gaule, le col du Legal, 1230m environ au km 38, et pour atteindre ce col nous devions au préalable effectuer un petit échauffement de plus 4 heures. Nous prîmes le départ quand la pluie finissait de tomber, elle mit une heure pour stopper totalement mais elle n'était pas très forte. Le ciel couvert et un petit vent nous apportaient la fraîcheur tant espérée depuis plusieurs jours. Mon début de course fut des plus moyens, prudent si l'on veut jouer sur les mots, et je sentis tout de suite à mes petites douleurs aux pieds que ça allait être difficile de tenir derrière le groupe que je voyais s'éloigner de minutes en minutes. Anglards-de-Salers, km8, en à peine une heure, Salers, km20 à peine, abordée après 2h06' de cheminement sur une route vallonnée, j'abordai la furieuse descente vers Fontanges en mettant le pied sur le frein. Auparavant, j'avais remis Carmen sur le bon chemin ; elle s'était égarée à l'entrée de Salers. Nous traversâmes la ville par ses ruelles touristiques encore désertes à cette heure matinale et enfin nous commençâmes la vertigineuse plongée de 2km à très fort pourcentage. Une fois ce mauvais quart d'heure passé, un troupeau de bretons me dépassa (Gwen Q., Gérard H., Stéphane M. ainsi que Fred G., breton de souche). A Fontanges, je me retrouvai lâché par ce petit peloton augmenté de Catherine M. et de Carmen, l'ensemble courant plus vite que moi sur le plat et dans les descentes. Au ravitaillement situé au pied de la montée vers le col, km28,5 à mon GPS, je repartai bon dernier de ce groupe que j'allais remonter petit à petit pour franchir le Legal en seconde position, mettant 1h14' environ pour faire les 9km de montée. Le temps passé à me ravitailler me refit perdre des places, mais sans m'inquiéter car je savais que cela allait m'apporter de la distraction. Le temps était couvert mais ne laissait pas deviner que la suite se résumerait à une chevauchée dans les nuages, sorte de brumisateur géant qui faisait du bien. Seule Catherine avait réussi à prendre de l'avance et je n'essayais même pas de la rattraper, ça n'aurait servi à rien sinon de me faire prendre des risques inutiles. Dans la montée du col, j'eus la surprise de rencontrer un forumeur d'Athlète-Endurance (Franckauboulot, c'est son pseudo) qui m'accompagna les quatre derniers km de l'ascension. Cela me fit plaisir et me changea aussi les idées. La suite de l'étape fut difficile car la route descendait très souvent, parfois j'avais la chance qu'elle remonte hélas trop brièvement et mon tibia droit commençait à me titiller de plus en plus, douleurs résultant d'une claudication générée par mes maux de pieds. L'arrivée s'effectua sous un ciel moins couvert, finie la brume, et je fus encore une fois satisfait d'en avoir terminé. 15ème de l'étape, ça m'a étonné, mais certains coureurs de devant avaient quelques blessures qui les ont obligés à ralentir.

    Au gymnase, douche froide, la 1ère depuis Roscoff, puis massage, bière et Bolino. Un peu de temps pour taper mon CR et celui d'hier griffonné dans mon carnet à la lueur de la frontale. Le moral est bon à l'entame de cette dernière semaine (déjà ?!?!), le physique connaît quelques soucis pour courir sans douleur, mais quand je pense qu'en juillet j'étais très inquiet de ne pas savoir si j'étais capable d'encaisser la répétition des efforts sur ma bursite et mon aponévrose, je me contente de mes résultats et les prends avec philosophie et satisfaction.

    Mardi 24 août - Étape 14--> Aurillac (Cantal) - St-Cyprien-sur-Dourdou (Aveyron) - 60,5 km

    Dès le départ, j'ai senti que ça n'allait pas être une belle journée : il pleuviotait et la première descente située après seulement 50m de course étant très raide, j'eus mille difficultés à la prendre, me retenant de courir sur les 400 ou 500m qui précèdaient enfin un parcours plat. Déjà je me retrouvai lâché par mes habituels compagnons de route que je ne reverrai plus de la journée à une ou deux exceptions près. La traversée d'Aurillac me permit de courir à un rythme d'échauffement, en faux plat montant dont je savais la fin suivie d'une non moins terrible descente en zigzag de plusieurs centaines de mètres. Une fois ces montagnes russes avalées mais pas digérées, mes douleurs au genou et au tibia droits commencèrent à devenir peu à peu stressantes. Allaient-elles disparaître au fil des kilomètres ou me tenir compagnie des heures durant ? Pendant plusieurs kilomètres, nous avons cohabité, ma volonté prenant le dessus et me faisant rattraper progressivement des coureurs intercalés entre mon peloton de ces derniers jours et le groupe de mes poursuivants habituels. La pluie était devenue plus forte, mais je ne me décidai pas à mettre le poncho : mouillé pour mouillé, c'était trop tard et il ne faisait pas froid. Au premier ravitaillement, on bifurqua pour prendre une route calme sans circulation en tout cas sans rapport avec le flot des autos croisées pour sortir d'Aurillac. La pluie avait redoublé et je continuais à surnager, n'hésitant pas à alterner course et marche dans les côtes. A La Capelle-del-Fraisse, km23, JB nous proposa de prendre un café à l'abri dans un bar, mais je préférai continuer ma route par peur de ne plus pouvoir repartir. 5km plus loin se trouvait le second poste de ravitaillement et après avoir pris comme d'habitude de quoi me sustenter je repartis. Hélas, au bout de quelques mètres, je me rendis compte que je ne pouvais plus courir et que même la marche m'était difficile. Panique à bord car il restait encore 33km dont la longue descente vers la vallée du Lot. Je mis bien 5' avant de recourir et ma vitesse de déplacement était assez lente, à peine du 8km/h. Je serrais les dents et peu à peu ma vitesse redevint plus proche de celle prévue. Un peu avant Cassaniouze j'eus la surprise de voir un motard venir à ma rencontre et faire demi-tour : c'était Jérôme, le pâtissier de St Cyprien-sur-Dourdou rencontré sur la TG2006 et qui tous les ans vient sur la course et nous apporte des flans. On a discuté tout en courant et il me dit que ce soir il y aurait des flans pour les coureurs à la salle. Au ravitaillement suivant, km36, survint le même problème au moment de redémarrer qu'au ravitaillement précédent. J’effectuai la descente au ralenti, choisissant où mettre mes pieds sur la route gravillonnée. Il ne pleuvait plus, c'était déjà ça de pas perdu, mais je souffrais mille morts à chaque foulée. Jérôme m'attendait là puis me dit qu'il prendrait des photos un peu plus bas dans la vallée. A la fin de la descente, au pont de Coursary km46, l'avant dernier ravitaillement me coupa lui aussi les jambes et je me fis rattraper par d'autres coureurs d'habitude loin derrière. Les 15 dernières bornes furent un enfer mais la rage entre les dents je poursuivis ma route en gardant toutefois toute ma lucidité pour ne pas provoquer de blessure plus importante. Le dernier ravitaillement fut pris presque à la volée, juste le temps de mettre du coca dans une de mes bouteilles et je pus repartir sans autant de difficultés qu'avant. Je me remotivai en voyant les coureurs me rattraper et je luttai pour ne pas perdre trop de temps. Je dépassai Carmen, elle aussi en difficulté, me fis rattraper par Mickaël le suédois et par Markus l'allemand avec qui je terminai l'étape un peu plus vite à la 18ème place en 7h01'17. L'arrivée se faisait devant un bar-brasserie et je commandai un steak frites pour me restaurer avant d'aller à la douche et d'expédier les affaires courantes. Je suis fatigué, nerveusement car j'appréhende les jours suivants, mais on verra ça demain.

    Mercredi 25 août - Étape 15--> St-Cyprien-sur-Dourdou (Aveyron) - Cassagnes-Bégonhès (Aveyron) - 56.3 km

    Pas eu le temps de raconter la soirée d'hier car j'avais posté mon CR trop tôt, c'est à dire avant le pot offert par la mairie. Ensuite je suis allé dîner avec le groupe des néerlandais, rosbeef, frites, panaché de 50cl suivis d'un cône vanille fraise comme en vacances. Après une nuit en pointillés j'ai devancé la sonnerie pour me préparer le plus tranquillement possible m'apprêtant à passer une journée où tout pourrait m'arriver. Il faisait frais au départ, 10°, la pleine Lune entourée d'un halo dominait les monts environnants. La route cheminait en léger faux plat montant pendant 11km et je constatai que mon genou n'était pas très douloureux. Je courais à 8,5/9km/h, prudemment et j'attendais de voir quel itinéraire bis nous avait trouvé JB pour éviter de croiser les fous furieux qui sillonnent les routes de l'Aveyron tôt le matin, nous obligeant lors de certaines éditions de la TG à nous plaquer contre le rocher pour ne pas nous faire culbuter. Et bien, le petit itinéraire qui devait allonger l'étape de 2km quand même fut très rude lors de ses 4 premiers kilomètres. Une pente à 10% minimum, où je restais scotché au bitume, me déclarait la guerre. Les douleurs au genou se sont donc réveillées accompagnées d'une forte envie de retourner aux toilettes. Hélas pas de coin « isolé » et je dus attendre quelques minutes avant de trouver l'entrée d'un chemin à l'abri des regards. Le ravitaillement du km15 marquait la fin de cette montée furieuse où je m'étais fait dépasser par nombre de coureurs. Mais l'objectif du jour n'était pas la place, mais l'aisance et la non souffrance. Les 6km suivants s'effectuèrent sur les hauteurs, peu vallonnées, légèrement bosselées agrémentées d'un superbe paysage. Le retour sur la route normale nous fit vite comprendre que si nous en avions bavé, on n'avait pas pris de risque de se faire renverser par un camion ou une voiture. J'avais hâte d'arriver à Rodez et lorsque j'arrivai au début de la piste cyclable, mes douleurs diminuèrent progressivement. Donc je pus courir un peu plus vite et essayer de redonner un niveau « décent » à ma moyenne qui était alors proche de 8km/h, ou un peu au-dessus. L'entrée dans Rodez, je connaissais, donc je n'eus aucune hésitation à trouver par quelle route passer et lorsque je quittai le ravitaillement, je pris la montée raide avec un relatif plaisir car ne ressentant presque plus de douleurs. La descente vers Le Monastère se fit en déroulant puis j'atteignis le ravitaillement du km 38 en ayant rattrapé et dépassé beaucoup de ceux qui m'avaient doublé le matin, plus quelques coureurs en perdition (Maurice, Brigitte…). Les kilomètres suivants, sous la chaleur, défilèrent assez « vite » du moins j'avais la sensation d'avancer sans me traîner et lorsque j'en eus terminé avec la longue descente vers le Pont de GrandFuel, il restait alors 7km, je me dis que le plus dur était passé. Mais mes douleurs se réveillèrent avec la montée longue et chaude à cette heure (midi) et les deux km supplémentaires dus au détour du début d'étape commençaient à se faire regretter. J'arrivais à la 15ème place quand même, ce qui me surprit, en 6h47'30 soit longtemps après ce que j'avais envisagé, mais l'objectif du jour était atteint en terme de souffrances limitées.

    Jeudi 26 août - Étape 16 --> Cassagnes-Bégonhès (Aveyron) - St-Sernin-sur-Rance (Aveyron) - 53.4 km

    « Le jour où je me suis fait dévorer par le loup ».

    Le loup est le surnom de Stéphane Madec. Plus exactement son pseudonyme est « Le loup aux pieds verts », bien connu pour qui fréquente les trails bretons et le forum de yanoo. Donc ce fameux gentil loup m'a dépassé au classement général ce qui n'est aucunement une surprise tellement il tient la forme dans cette dernière partie de la Transe Gaule. Sans le rechercher expressément, il m'a repris mon avance en trois jours, effectuant un finish tel que je les aime mais dont je ne suis pas capable cette année : je n'ai pas la « caisse » et j'ai toujours la crainte de me blesser au genou qui a pourtant bien tenu aujourd'hui ne me faisant souffrir que lors des 10 derniers kilomètres.

    Petit retour en arrière, au moment du départ. Quand nous nous sommes élancés de Cassagnes-Bégonhès à 6h30, il faisait frais ce qui nous a obligé à porter un coupe-vent. Déjà dans la salle, ou plutôt le hangar d'hébergement, j'avais eu un peu froid pendant la nuit. Le contraste entre les 37° de la veille et la chaleur qui régnait dans notre abri frappé par les rayons du soleil jusqu'après 19 heures et le froid de ce petit matin était pour le moins saisissant. J’adoptai un rythme d'aisance et me retrouvai 24ème après quelques kilomètres de course. Le relief était doux, côtes et descentes faciles à digérer, jusqu'à la Selve (km 8) puis s'accentua jusqu'à Lincou (km25) : montées plus fortes suivies d'une longue descente pour rejoindre la vallée du Tarn. Heureusement, le temps s'était réchauffé rapidement et nous n'espérions qu'une chose, qu'il ne fasse pas trop chaud car du 40° pouvait être attendu dans l'après-midi. J'avais repris des concurrents dans les côtes et d'autres avaient fait la jonction dans la longue descente où j'étais moins à l'aise de peur de provoquer des douleurs à mon genou. Au ravitaillement N°2, km26, au pied d'une longue remontée de 9km, nous étions un petit groupe de 7 ou 8 et je repartis au train pour effectuer l'ascension, reprenant tout le monde sauf Fred Gallais qui se sentait des jambes de cabri, et ceci depuis deux ou trois jours. Nouvelle descente vers Plaisance (km44 et aussi km1000 de la TG) où je refis doubler par des bons descendeurs, puis long faux plat assez peu ombragé : ce fut le début des douleurs. La route remontait ensuite et après avoir été arrosé pour me rafraîchir par Sylvie, la femme de Stéphane, le loup, je finis très poussivement cette courte étape à la 18ème place en 6h07'47. Au final je descendais d'un étage au général (17ème). Mais j’étais content de mon étape en espérant que celle de 70km prévue le lendemain avec 1350m de dénivelé positif ne soit pas trop chaude parce qu'à l'heure où je tapais ce CR, il faisait plus de 40° au soleil et il n'y avait pas d'air. « On transgoutte à grosses spires » comme disait un copain.

    Aujourd'hui on a changé de leader, Jan Naaburs le néerlandais a gagné l'étape et Didier a connu une grosse défaillance (+ de 2h30).

    Vendredi 27 août - Étape 17 --> St-Sernin-sur-Rance (Aveyron) - St-Pons-de-Thomières (Hérault) - 69.4 km

    La veille de cette longue étape, avec les 41° qui régnaient sur la région, nous avons tous pensé que la journée qui suivrait serait du même acabit. Donc, la fin d'après midi fut consacrée à une bonne hydratation, et le repas du soir, excellent, composé d'une quiche aux légumes puis d'une blanquette de veau avec pommes de terre et riz avant un dessert digne d'un mariage (omelette norvégienne !) fut dévoré avec grand appétit. Car il fallait se ressourcer avant la « géante » du lendemain. Après une chaude nuit dans la petite salle de St Sernin-sur-Rance, nous nous sommes réveillés à 4h30 car le départ était programmé pour 6h afin d'éviter de prendre trop de soleil sur la tête passé midi. JB nous avais concocté un petit départ sympa, nous faisant traverser des ruelles plus ou moins pentues puis descendre des escaliers où certains ont failli compromettre leur Transe Gaule. Une fois cet épisode, digne des plus mauvais trails urbains, passé, nous avons pris la route normale qui n'a pas tardé à monter et ce pendant une bonne quinzaine de kilomètres, c'est à dire jusqu'au 1er ravitaillement. Mes sensations étaient bonnes malgré quelques tensions au genou et à un tendon d'Achille, mais je me disais que ça allait passer avec le temps et c'est ce qui se produisit. Étant assez bon grimpeur autant que je peux être un piètre descendeur, surtout cette année, je tenais une cadence en côte de 8km/h ce qui m'assura un matelas confortable par rapport à mes prévisions qui étaient de faire moins de 9h au pire. Le premier col franchi, le col de Peyronnenc (879m, alors que le départ fut donné de l'altitude 302m), la route s'est mise à redescendre quelques kilomètres puis à remonter pour atteindre le second col, celui de Sié (999m) où l'on pouvait s'éviter un long détour dans un lacet en coupant par un champ. On fait ça depuis 2005 et ça fait gagner 500m ou 4' selon le niveau. La descente vers Lacaune, km 28, fut très forte avec des pourcentages supérieurs à 15% par endroits et le second ravitaillement au pied d'une fontaine devait nous permettre de refaire le plein pour les 12 km suivants agrémentés d'un nouveau passage de col. Lacaune : alt 790m, col du Picotalen : alt 1004m, la montée s'effectuant sur seulement 4km. Ça allait encore, mais je sentais que je ne pouvais faire mieux, alors je me suis contenté de ce que je pouvais faire, laissant les autres courir à leur propre rythme. La descente sur La Salvetat a été longue et pas très pentue avec une circulation un peu plus importante, les camions se faisant assez nombreux : il fallait tenir la casquette pour ne pas devoir aller la chercher dans les fossés. Là, je n'avais plus personne à vue, ni devant, ni derrière. Le groupe des oranges pressées avait laissé sur place le citron ; plusieurs coureurs étaient habillés d'un t-shirt orange fluo parmi ceux qui m'avaient dépassé et moi je portais mon maillot jaune, fluo lui aussi. La Salvetat marquait le départ d'une nouvelle ascension, la dernière, et de 700m d'altitude on devait en 8km passer à 951m sur une route tantôt très pentue et tantôt avec des portions en faux plat descendant. Une fois atteint le col de la Baraque, il fallait en passer un autre après une série de montées-descentes. A ce dernier col, celui du Cabaretou (941m), il y avait le dernier ravitaillement puis 10km de descente sur St Pons de Thomières où était fixée l'arrivée. J'ai entamé la descente prudemment car ne voulant pas risquer la blessure (9km/h) puis progressivement je suis passé à 10 puis 11 mais pas plus. J'ai terminé encore à la 17ème place content de ne pas avoir souffert de la chaleur car toute la journée on a eu des nuages, du vent et des zones ombragées, exceptés sur les 5 derniers km. Demain, dernière étape, tout le monde part à 5h donc le réveil se fera à 3h30.

    Samedi 28 août - Étape 18 -->St-Pons-de-Thomières (Hérault) Gruissan-Plage (Aude) - 72.1 km [Total = 1147 km]

    (Juste après mon arrivée, j’ai envoyé ce petit SMS avant de faire un CR plus détaillé à mon retour.)

    « 5ème étoile gagnée en 8h23’ à la 19ème place ; beaucoup souffert sur les 40 derniers kilomètres mais très fier de cette nouvelle étoile... » (Après un long voyage en mini bus, je suis bien rentré chez moi et peux donc vous livrer un CR plus détaillé que le laconique SMS envoyé depuis la plage de Gruissan où j'ai savouré cette 5ème étoile.)

    Quelle fut difficile cette ultime étape !

    Je suis pourtant parti avec de bonnes sensations, de bonnes jambes et une grosse envie de croquer dans le bitume pour faire l'ascension du Col de Sainte Colombe dans la nuit étoilée où la Lune allait nous servir de frontale et le vent fort d'allié nous poussant souvent à accélérer. J'avais prévu large au niveau du ravitaillement, une bouteille de 25cl de plus, donc ça me faisait 1,25l de liquide sur moi, plus deux gourdes de 12cl de pur sirop de citron Teisseire ce qui me changeait des sucres au goût fade que j'ajoutais avant dans mes bouteilles qui tiédissaient assez vite par les chaleurs de la région. J'avais encore de quoi manger (Kitekat, noix de cajou, barre Isostar, chocos), une frontale "manuelle" car l'élastique s'était cassé depuis quelques jours et d'autres fournitures pour parer aux petits tracas de la course (papier toilette, gel hydroalcoolique, pansements...).

    Un groupe se détacha rapidement, mais je ne voulais pas "m'amuser" à les suivre de trop près, ne souhaitant pas hypothéquer ma fin d'étape que de tout temps j'ai connue difficile, même quand je tournais à 10,5 comme en 2007. Quand même un doute s'immisça quand je ne vis pas Carmen, la coureuse allemande avec qui j'ai lutté pour la 17ème place depuis quelques temps. Je ne possédais que 55' d'avance au classement avant l'étape et je me demandais si elle n'allait pas tout donner pour me coiffer sur le poteau lors de la dernière étape. Le challenge m'intéressa mais en même temps commença à me gâcher un peu la der des der de cette 5ème TG. En cas de soucis physique, 55' ce n'est rien face à quelqu'un qui remonte la pente après une période de blessures. Confirmation au premier ravitaillement, elle était déjà passée depuis un moment et comme au gré de certaines portions de route droite je ne l'apercevais pas, j'estimais mon retard entre 5 et 10' après une quinzaine de bornes ce qui pouvait donner une heure à la fin. Heureusement, je montais bien, le vent favorable rendant la pente moins forte, sans douleurs et la descente que j'appréhendais commença de belle manière et parfois je pus dépasser les 10 et même les 11km/h sans ressentir la moindre gêne. Les bourrasques de vent me poussaient mais je me forçais à ne pas me laisser emporter et je restais donc à l'écoute de mes jambes car les releveurs, les mollets, les quadriceps ou même mon genou pouvaient me déclarer à tout moment la guerre et la douleur me condamner à boiter tout le reste de l'étape. Pas de mauvaises sensations, juste un arrêt technique de 3' et je filai comme ça jusqu'au ravitaillement N°2, km 24, puis je prolongeai mon effort encore un moment en me disant que plus j'avançais, moins j'aurais à cogiter en cas de problème. La longue ligne droite avant Cabezac a sans doute usé peu à peu mon organisme et détérioré la "fluidité" de ma foulée tant et si bien qu'au sortir d'un arrêt pipi, je ne pus repartir : impossible de courir ! Même la marche m'était difficile. Je claudiquais quand même jusqu'au ravitaillement du km 35, le dernier assuré avec de la nourriture, et je mis du temps à en repartir et à pouvoir courir. Ce fut donc le début de la seconde moitié de l'étape et d'une longue période de galère et de souffrances. J'ai serré les dents, ça je savais le faire ; je l'avais appris sur les courses antérieures comme la Transe Europe ou ma première TG, et je me suis dit que l'objectif N°1 maintenant n'était plus la place, mais finir à tout prix. Le long du canal de la Robine je traînai ma carcasse en courant, peinant à conserver un 9km/h en vitesse de pointe et le passage par le pont SNCF puis la descente des marches du petit escalier pour retrouver à nouveau le canal furent épouvantables. Les 9km suivants, heureusement ombragés, avec le vent fort souvent favorable et parfois latéral, s'avalèrent en une heure et comme au ravitaillement sauvage du km44, celui déposé à l'entrée de Narbonne km54 fut bien agréable pour remplir les bouteilles et avoir de quoi tenir jusqu'au prochain ravitaillement sauvage du km62. La traversée de Narbonne n'est jamais très facile en raison de la forte circulation, des nombreux changements de direction et donc des traversées de carrefours, mais je réussis sans hésitation à retrouver mon chemin sans perte de temps, accompagné de Saïd heureux d'avoir avec lui quelqu'un pour confirmer qu'il se trouvait sur la bonne route. Nous avons terminé l'étape ensemble, restant à vue jusqu'au panneau d'entrée dans Gruissan (à 3km du but), mais la partie reliant Narbonne à Gruissan fut très désagréable elle aussi et nous avions préféré rester l'un derrière l'autre à une centaine de mètres, chacun ayant son propre rythme et sa propre gestion de ses temps de marche et de ravitaillement. A 3 km de la plage, nous avons pu cheminer ensemble sur la piste cyclable et petit à petit nous avons senti que nous tenions le bon bout que la délivrance se faisait de plus en plus proche. L'arrivée sur la plage fut une nouvelle fois un merveilleux moment à vivre et j'espérais pouvoir le savourer encore plus longtemps que les autres années. Nous avons fini l'étape en 8h23 et je vis que Carmen ne m'avait pas repris tout le temps d'avance que j'avais sur elle. J'étais donc encore plus content d'avoir su serrer les dents et m'accrocher, ce que je ne me croyais pas trop capable de faire.

    Au général, j'ai mis 130h53'20" pour faire cette 5ème Transe Gaule, ce qui la place à la 3ème place sur mes 5 courues et terminées. Loin des 118h de 2008 ou des 121h de 2007, mais quand même mieux que les 145 et 144h des années 2005 et 2006. La place ne signifie pas grand chose sachant que le niveau des coureurs varie selon les éditions, mais après avoir fait 16ème, 15ème, 7ème et 12ème, je suis très content de terminer dans les 20 premiers : 17ème ça me va.

    Au fil des jours qui viendront, j'aurai sans doute beaucoup de choses à raconter, mais je préfère d'abord savourer cette 5ème étoile.

    à+Fab***** ou Fab5*

     

    Bilan à froid TG 2010

    Si Jean-Benoît n'avait pas eu l'idée d'organiser cette épreuve, je ne sais pas où j'en serais au niveau de la course à pied. Serais-je resté sur les distances conventionnelles (marathon, 100km, 24 heures) ? Aurais-je tenté une autre aventure comme les courses en ligne de plus de 200km ? Le fait est que d'avoir découvert l'existence de la Transe Gaule a bouleversé ma pratique et m'a donné de nouveaux projets.

    Cette 5ème étoile, après mon passage sur la TransEurope, qui équivaut quand même à trois étoiles si l'on considère que j'ai couru 54 jours (soit 3x18 jours, 18 jours étant la durée d'une Transe Gaule), cette 5ème étoile donc ne fut pas facile à gagner. Parti en n'étant pas au mieux physiquement car souffrant de tendinite d'Achille du pied gauche (que j'appelais bursite) depuis la mi-janvier (date d'apparition des premiers symptômes) et d'un début d'aponévrose plantaire au pied droit, j'avais une énorme angoisse de ne pas être capable d'aller ne serait-ce qu'au terme de la première étape. Le problème quand on stresse, même si extérieurement je n'en laissais rien filtrer, c'est qu'il vous ronge de l'intérieur et finit par provoquer d'autres désagréments. Déjà sujet à quelques petites tachycardies que je savais maîtriser soit à l'entraînement soit en compétition, je ne pensais pas que l'angoisse pouvait en être à l'origine. J'avais toujours remarqué des circonstances quasi identiques lors de leurs survenues : ingestion trop brusque de liquide sucré, trop sucré tel le coca, arrêt de l'effort trop brusque comme après des séries de 400m ou quand je faisais des arrêts aux ravitaillements pendant les compétitions, d'où mon habitude de courir toujours avec mes petites bouteilles à la main, ou encore suite à un arrêt brusque pour uriner.

    La première étape pourtant avait bien démarré, je ne ressentais pas les douleurs auxquelles je m'étais attendu et je commençais à me dire que la journée n'allait pas être trop difficile contrairement aux premières étapes des courses multidays. L'adaptation de l'organisme s'effectue en effet à partir du second jour et "normalement" quand on a passé les trois premiers jours le cœur a mémorisé son rythme de croisière, les muscles et l'organisme en général s'étant adaptés pour ne pas demander plus que nécessaire. Donc on doit trouver l'équilibre ... et le conserver. Pour moi, il y a eu une rupture de "contrat" avec ces constantes que j'avais appris à maîtriser au gré des 72 étapes des précédentes TG et des 54 supplémentaires de la TEFR. La tachycardie me stoppant net pendant 45 minutes environ, sa durée réelle étant d'une heure. Mon GPS indique que sur cette étape j'ai couru ou marché pendant 7h38' pour aller de St Pol de Léon à Plounévézel, temps auquel il faut ajouter les 46' d'arrêt total (bien sûr, dans ce total du temps d'arrêt sont pris en compte les arrêts aux autres ravitaillements ainsi que les arrêts pour uriner, donc mon temps passé allongé doit plus certainement être de l'ordre de 30 à 35'). L'étape fut bouclée en 8h24' et je ne fus même pas déçu par mon temps et mon classement car en premier lieu soulagé d'être allé au bout et parce qu'ensuite, j'ai passé une très sympa seconde partie d'étape, courant-marchant-rigolant avec mes copains Jean Pierre, Robert et Gwen Le Ny.

    Les étapes qui suivirent se passèrent bien pour arriver en fin de première semaine, à St Georges/Loire, moment où on fait un premier point sur l'état physique et mental. Certes, je n'avais pas fait de miracles, mais j'avais réussi à retrouver une place dans le milieu-haut du classement, dans le groupe de tête des "seconds couteaux". Je naviguais entre la 16ème et la 14ème place de chacune des étapes et au général je me situais dans les 20 avec une moyenne générale "plombée" par ma première étape mais de 8,624km/h quand même. Ces quatre dernières étapes ont été courues plus vite que les mêmes en 2007, ce qui me donnait un bon point de repère et je savais aussi qu'en seconde semaine, en 2007, j'avais commencé à me lâcher un peu. En étais-je capable cette année ? On verrait ça dès le lendemain.

    La seconde semaine de course débuta de belle manière, j'améliorais toujours mes chronos de 2007, loin quand même de ceux de 2008. Le troisième jour, 8ème étape, j'aurais bien continué sur ma lancée et couru au moins au même rythme qu'il y a trois ans, mais mes tendinites aux deux pieds en ont provoqué une troisième plus problématique celle-là car touchant le genou droit. Je ne savais pas qu'il s'agissait d'une tendinite du fascia-lata et le blocage ressenti après chaque arrêt a commencé à devenir inquiétant. J'étais peu à peu redevenu zen lors des 7 derniers jours et soudain je repartais dans une période de fort doute. Je n'avais pas la capacité à accélérer, ça je l'avais deviné à force d'analyser mes sensations lors de chacune des étapes, et en plus je devais traîner la jambe et donc retrouver la panoplie des souffrances. Comment avais-je fait pour gérer ça l'an dernier, lors de la TransEurope ? Arriverai-je à les mettre de côté et à courir l'esprit détaché ? C'étaient mes interrogations quotidiennes.

    Les deux étapes suivantes, les 9ème et 10ème, ajoutèrent encore plus de craintes à mes possibilités de terminer l'épreuve. J'ai voulu faire un test lors de l'étape 9, d'Angles-sur-l'Anglin à St Sulpice-les-Feuilles, et je suis parti sur des bases supérieures à celles de l'étape de 2008. A Beaulieu, km57, j'avais 14 minutes d'avance sur 2008 et 21 sur 2007. Soudain, j'ai dû payer ma témérité, je me suis retrouvé suite à un arrêt bref avec une nouvelle tachycardie accompagnée d'une sensation de tête qui tourne : je ne pouvais plus avancer. Je me suis allongé quelques minutes (au total je resterai 28' sans courir ni marcher, effectuant trois pauses, allongé). Un coup de chaud en plus, me voilà refroidi pour de bon. J'avais voulu voir, j'avais vu et le paradoxe fut que par moments en marchant je ne voyais rien ou au contraire je voyais double. Dans la mouise le Fab à ce moment. Quand je repris mes esprits je terminai mon étape au petit trot et au final j'étais satisfait de n'avoir pas payé cash en minutes mon malaise. Le lendemain, je courus avec la peur au ventre et jusqu'à 3 kilomètres du but j'avais géré mon affaire puis soudain le même malaise que la veille se produisit. Cette fois je décidais de continuer à avancer en marchant, calculant avec le peu de lucidité qui me restait que je pourrais au pire faire les trois kilomètres en une demi-heure. Quand je suis arrivé, j'étais moralement et physiquement très bas, m'écroulant sur un fauteuil et mettant de longues minutes avant de retrouver toute ma lucidité. Le problème dans l'histoire concernait mon entourage : Pascale, aux nouvelles depuis la maison, mais aussi mes amis organisateur et encadrants (bénévoles et staff médical) tous commençaient à s'inquiéter pour moi et je ne voulais pas de cette situation.

    Les jours qui suivirent furent courus toujours avec la peur au ventre que ça recommence, en tout cas ça a eu la conséquence de fixer un objectif plus raisonnable à ma TG : terminer, terminer sans blessures, terminer sans plus jamais ressentir de malaise, terminer en essayant toutefois de ne pas me retrouver à faire des étapes trop longues en temps. Donc le frein à main fut de rigueur à partir de ce moment. Mon objectif d'accélérer sur la fin et de faire mieux qu'en 2007 s'évanouissait et la pression retomba d'un coup. Il restait de très belles étapes à faire, le plaisir devait être le principal moteur à ma course. Il fallait assurer jusqu'à Mauriac qui marquait la fin de la seconde semaine et j'étais surpris à la fin de chaque étape de toujours me retrouver dans le top 20 du classement des étapes. Il faut dire, mais c'est aussi ça la course, que certains coureurs étaient blessés et devaient passer beaucoup plus d'heures sur la route qu'en début de Transe Gaule.

    16ème place au général en début de dernière ligne droite, 6 étapes à courir, le retour annoncé de la chaleur, les douleurs au genou et aux pieds, si je ne voulais pas sombrer dans le classement, j'avais quand même intérêt à contrôler et de toute façon, j'avais remarqué que j'avais autant mal à courir lentement qu'à courir à 9km/h, alors j'ai opté pour le "nefaleur". La fin de course ne fut pas facile, Stéphane m'avait logiquement dépassé, plus frais, pas blessé, l'allemand Reinhold, le néerlandais Erwin, la française Cathy avaient creusé le trou, j'aurais comme objectif, si tout allait bien, de conserver ma 17ème place. Je réussis ce challenge, non sans mal, car lors de la dernière étape Carmen a essayé de reprendre les 55 minutes d'avance que je possédais sur elle, en vain heureusement. Ce qui me rassure quand même c'est que j'ai toujours conservé mon instinct de compétiteur. Pour moi, améliorer mon meilleur chrono, faire la meilleure place possible, lutter pour être toujours meilleur (ou moins mauvais c'est selon) c'est ce qui me fait avancer. Si je ne me fixais pas d'autres challenges je pense que souvent j'aurais tendance à mettre le clignotant et à arrêter.

    Au final, je suis satisfait de cette 5ème Transe Gaule. Sur l'échelle des TG passées, elle se situe à la 3ème place en terme de moyenne, à la 5ème place en terme de classement, mais peut-on comparer un classement à 24 avec un classement à 44 ? D'ailleurs, je ne résiste pas - passion des chiffres quand tu nous tiens - à faire un petit récapitulatif de mes courses à étapes.

    Avec mes 5 Transe Gaule et ma TransEurope "inachevée", j'ai effectué la traversée de plusieurs pays :

    La France :

    - 2005 : 18 étapes, 1143km, 145h37'07", moyenne 7,849km/h, 16ème/24.

    - 2006 : 18 étapes, 1144km, 144h07'07", moyenne 7,938km/h, 15ème/27.

    - 2007 : 18 étapes, 1144km, 121h55'05", moyenne 9,383km/h, 7ème/31.

    - 2008 : 18 étapes, 1146km, 118h33'16", moyenne 9,666km/h, 12ème/44.

    - 2010 : 18 étapes, 1146km, 130h53'20", moyenne 8,748km/h, 17ème/44.

    L'Italie :

    - 2009 : 17 étapes, 1131,4km, 131h40'22", moyenne 8,593km/h, 25ème/58.

    L'Allemagne (+ un bout de l'Autriche) :

    - 2009 : 16 étapes, 1099,5km, 125h21'45", moyenne 8,771km/h, 17ème/52.

    La Suède (Göteborg à Gällivare) :

    - 2009 : 21 étapes, 1533,9km, 191h09'05", moyenne 8,024km/h, 23ème/49.

    Total courses à étapes :

    144 étapes9487,8km, 1109h17'07", moyenne 8,553km/h.

    Ce ne sont que des statistiques, sans aucune prétention, juste pour comparer avec d'autres adeptes des courses à étapes. Je remarque toutefois, et cela va peut-être servir à d'autres coureurs qui vont se lancer sur la prochaine TransEurope, que lors de la seconde partie de la TEFR2009 (si l'on considère qu'il y en avait 4) je suis allé plus vite que sur la première et plus vite aussi que sur cette dernière Transe Gaule.

    à+Fab*****


    votre commentaire