• CR Deutschlandlauf 2023 (Germany On Trail)

    CR DLL 2023

    1ère étape de 62km terminée. Je finis 2ème sur 11.

    Comme toutes les 1ères étapes de ces courses au long cours elle fut difficile et je le savais donc je n'ai pas cogité plus que ça.

    Nous sommes partis à 8h35 d'un petit pont de bois séparant le Danemark de l'Allemagne. Un début ressemblant un peu à la dernière étape de l'EVE avec quelques hectomètres de rues et trottoirs puis nous sommes rentrés dans le vif du sujet pour nous rappeler que nous n'étions pas là pour enfiler des perles et que la course s'appelle Germany On Trail et nous nous retrouvâmes dans une forêt bien escarpée et dont les chemins étaient entravés par des troncs d'arbres couchés et quelques petites zones où l'eau s'écoulait comme si une rivière voulait se former. J'étais en tête à l'entrée dans cette zone boisée, personne n'ayant eu l'envie de servir d'ouvreur. Forcément, ça m'a mis la pression et quand j'arrivais à des croisées de chemins et que mon GPS ne m'indiquait pas clairement lequel prendre je me retrouvais à attendre les coureurs me suivant.

    Une fois sorti de cette zone technique nous sommes arrivés au port que nous avons longé quelques km avant de faire un peu de tourisme et de passer dans des rues commerciales et touristiques.

    Une fois cette variété de paysages finie, nous sommes partis sur les routes, sur les trottoirs ou les pistes cyclables non sans manquer de s'arrêter de temps à autre pour respecter les feux de signalisation, sinon gare à l'élimination !

    Nous avons eu de la chance au niveau météo car le matin de 6h à 8h il a plu et pas qu'un peu. Le ciel s'est peu à peu découvert et parfois le soleil devenait bien chaud.

    J'ai pratiquement toujours été en tête jusqu'au ravitaillement n° 2 plus de par les erreurs de parcours de Klemens le plus rapide d'entre nous que par mon allure relativement prudente malgré tout. Quand il m'a dépassé à deux reprises, je ne savais pas que j'étais en tête, je le pensais loin devant.

    J'ai quasiment couru tout le reste, plus de 40km, seul, ne voyant deux de mes poursuivants qu'au moment des ravitaillements. Ils ne finissent pas loin derrière, mais avec les suivants les écarts sont déjà conséquents.

    Demain, étape de 80km principalement sur asphalte, deux groupes de prévus pour les heures de départ : 5h et 6h. Je pars dans le second groupe.

    L'ambiance est sympa bien que très feutrée.

    Ce soir nous dormons dans la salle réfectoire d'une école car il n'y a pas de lumière dans le gymnase.

    Je vais me coucher car pas de grasse matinée demain et un gros morceau de bravoure à passer.

     

    2ème étape

    Ce fut une très longue journée, presque 10h pour faire 80 bornes, quasiment tout le temps sur le bitume. À ce niveau j'étais plutôt dans mon élément mais cela ne retire en rien la monotonie de longues portions de pistes cyclables ou même de routes sans bas- côtés (et oui, même en Allemagne il y a des routes sans bas-côtés).

    Je suis parti relativement lentement, restant au contact du 1er au général qui lui aussi a démarré tranquillement. Notre petit groupe de 6 + 2 coureurs venus uniquement pour cette étape est resté compact pendant les 10 premiers km et ça a explosé au 1er ravitaillement (km10). Je suis reparti avec Klemens, le 1er, et les autres ont passé un peu plus de temps. Les autres ravitaillements étaient par la suite espacés de 15km environ ainsi il fallait prévoir son hydratation et son alimentation en conséquence. Je courais à une allure qui me convenait sur ce terrain plat et j'avais le temps de regarder et d'admirer le paysage, tout comme le lever d'un soleil rouge sur fond de brume. Des champs, des prés, des fermes, rien de très exceptionnel mais quand la quiétude matinale c'était agréable à vivre.

    Les autres ravitaillements au km25 puis au km 40 se sont bien passés et j'étais toujours deuxième ; j'avais doublé ceux du 1er groupe et ne voyais personne derrière. À partir du 4ème ravitaillement, j'ai ressenti le besoin de m'économiser car je ne voulais pas trop tirer sur la machine. J'ai alterné course et marche. Vers le km 68, à 12km du but, j'ai eu droit à un bel orage, j'ai eu le temps d'enfiler ma veste de pluie et j'ai pu redémarrer vers le ravito 5, le dernier où je ne m'éternisais pas et "fonçais" vers l'arrivée. Ce fut long mais j'ai eu droit à du chemin pas trop détrempé. La pluie a cessé, j'ai quitté la veste et suis arrivé en 2ème position, de peu car deux de mes poursuivants avaient presque réussi à revenir sur moi.

    Voilà le bilan de la journée : faut tout faire sécher !

    À demain.

     

    3ème étape, la dernière de la série de 3 où le bitume était majoritaire.

    Et les 10 derniers km m'ont montré que ce qui va suivre ne va pas être facile du tout.

    La journée a bien commencé, nous sommes partis, ceux du second groupe, à 8h et nous avons évité les fortes averses que nos copains du premier groupe ont essuyé au moment de leur départ.

    Nous avons couru dans des chemins et sur des trottoirs et comme il n'y avait pas de dénivelé et que les sentiers n'étaient pas détrempés je filais dans le groupe en restant sage. Les feux tricolores ont fait que le début de course fut saccadé : on court, on s'arrête, on repart etc.

    C'est un peu pénible pour trouver son rythme, mais ça permet de rester au contact du leader.

    Nous sommes entrés dans l'agglomération de Hambourg qu'on devait traverser. Beaucoup de chemins forestiers pour se rapprocher du centre ville ce qui était mieux que de se payer les feux.

    Les deux premiers ravitaillements, km 11 et km 25, ont permis aux différents groupes de se constituer. Klemens ne s'étant pas arrêté au 1er ravito, il nous laissa à trois (Jürgen Klopfer, Eckhard et moi) le suivre de loin puis les autres derrière étaient déjà loin.

    Une fois dans la ville, il fallait rester vigilant pour suivre le marquage et aussi le GPS sur lequel j'avais la trace de l'itinéraire à suivre aujourd'hui.

    Le passage dans le tunnel sous l'Elbe constituait un moment clé de cette étape avec des interminables escaliers à descendre puis le long tunnel et la remontée sur l'autre rive avec d'autres interminables escaliers. De plus, il y avait des touristes ce qui ne facilita pas la tâche.

    Au ravitaillement au sortir de l'escalier nous avions une magnifique vue sur Hambourg et son port.

    Je ne traînai pas et repartis après avoir refait le plein pour les 15 km suivants. Dans la zone portuaire, de longs boulevards succédèrent aux quelques ponts enjambant d'autres canaux et enfin après un dernier feu tricolore je suis entré dans un nouveau chemin. Peu vallonné au début, il se mit à monter nous faisant passer parfois par de belles volées d'escaliers un peu casse-pattes. Une partie de ce chemin, en bord de cours d'eau, n'était pas bien défrichée et entre les ronces, les orties et les arbres couchés je dus m'escrimer pour réussir à en ressortir entier. Quelques griffures aux jambes et au bras plus quelques démangeaisons dues aux orties plus tard et je me retrouvai à nouveau sur du bitume. Hélas pas très longtemps et jusqu'au dernier ravito on a alterné rues et chemins.

    Passé le dernier poste de ravitaillement il ne restait que 11km. Dans ma tête j'avais calculé qu'à 8 km/h ça allait faire une grosse heure et quart, mais c'était sans compter sur un parcours vraiment de trail avec des montées très abruptes (supérieures à 20%) et des descentes tout aussi pentues. De plus la présence de racines, d'ornières et parfois de pierres fit que je devais être constamment sur mes gardes d'autant plus que je n'avais pas prévu les chaussures adaptées à ce genre de revêtement. Je n'étais pas seul car avec Jürgen et Eckhard nous avions convenu de terminer ensemble. Certes, cette partie fut très jolie, avec de grandes étendues de bruyère sur un sol devenu de plus en plus sablonneux, entourée de pins : c'est la Heide. Nous fînîmes main dans la main en un peu moins de 7h30.

    À demain où 68km dans le même genre que les 10 derniers km nous attendent et la Heide va durer encore au moins 3 jours.

     

    4ème étape

    (Le matin avant le départ)Une heure encore à attendre avant de prendre le départ de la 4ème étape. 630m de D+ en majorité dans des chemins souvent bien escarpés. Nous ne serons que 4 à partir à 7h.

    Cela va être le vrai test pour savoir si mes "révisions" pendant l'été ont porté leurs fruits.

    À ce soir pour le bilan.

     

    Ce matin je postais un message dans lequel j'exprimais mes craintes pour la journée d'aujourd'hui.

    Au final, je suis autant surpris qu'heureux de voir que l'étape s'est bien déroulée. Certes ce ne fut pas une randonnée tranquille mais j'ai bien tourné et j'ai fini avec mes deux compères d'hier, même si nous n'avons pas couru de concert tout au long de la journée. Je passe moins de temps qu'eux aux ravitaillements mais ils vont plus vite que moi quand on court. Comme hier, nous avons fait la jonction après le dernier poste de ravitaillement.

    Ce fut une étape magnifique, nous sommes tout de suite rentrés dans le vif du sujet en reprenant dans l'autre sens le dernier km de la veille pour rejoindre le GR de la Heide. Nous fûmes stoppés quelques dizaines de secondes par un grand troupeau de moutons dont la bergère s'étonnait de voir des coureurs par ici à cette heure (en fait il était sept heures et quart ).

    Ensuite, le chemin tel à celui d'hier nous a fait traverser des forêts, des landes de bruyère, et d'autres belles étendues arbustives. J'étais content de rester au contact de spécialistes de trail (en tout cas plus que moi) et je ne forçais pas plus que cela, étant content quand ça montait car je pouvais refaire la jonction avec mes deux accompagnateurs et j'ai pu essayer de me lâcher parfois dans les descentes qui généralement ne sont pas mon fort.

    Il y a eu des moments magiques, si j'ose le terme, quand il fallut gravir une belle côte, entouré de bruyère, et au sommet de laquelle un panorama magnifique s'offrit à mes yeux. Je pris le temps de faire des photos que j'espère joindre après ce CR. J'étais seul à ce moment, mes deux acolytes étant restés un peu en retrait au ravitaillement. Je savais qu'à un moment ils me rattraperaient. Je fut peiné par contre au dernier ravitaillement d'apprendre qu'un coureur, Kay Giese , que je croyais devant n'était pas encore passé. Il était du groupe des 6h et je l'avais en ligne de mire depuis un moment mais au gré des sinuosités du parcours je ne me suis pas aperçu qu'il avait fait fausse route. Quand je quittai le dernier ravito, il y arrivait et était très peiné car son GPS était "kaputt" et ce fut pour lui très difficile de s'orienter même si le parcours était bien balisé en mode GR.

    Nous avons fini ensemble avec Eckhardt et Jürgen Klopfer bien contents que cette étape soit terminée.

    Maintenant, place à la préparation de l'étape de demain, la même qu'aujourd'hui avec moins de dénivelé et 2km en moins.

     

    5ème étape

    Cela devait arriver tôt ou tard, je suis descendu du podium après l'étape d'aujourd'hui. Je finis 4ème, plus d'une heure avant le 5ème, plus d'une heure après le 1er et 17 minutes après mes deux camarades de jeu de ces derniers jours.

    J'ai résisté comme je l'avais fait les deux derniers jours, notamment hier où c'était la première étape de trail. Je suis resté au contact visuel avec les deux inséparables et j'ai profité des ravitaillements pour repartir devant eux sachant que leur vitesse de course est supérieure à la mienne. Mais après le 3ème poste de ravitaillement j'ai peu à peu lâché prise, ne pouvant prendre de risques pour la suite et de toute façon j'étais limite limite au niveau de mon allure. Pourtant le parcours fut globalement plat, toujours dans la Heide, toujours aussi joli et de beaux tronçons de forêt ont limité la sensation de chaleur. J'avais du mal à "envoyer" comme on dit et inexorablement je laissais l'écart se creuser. Parfois sur un coup de chance je revenais sur eux, à l'occasion par exemple d'une erreur d'itinéraire de leur part, ou d'une portion où le dénivelé était un peu brutal, mais ils reprenaient petit à petit de l'avance. Alors, j'ai commencé à gérer, à me faire des petites pauses pour marcher et prendre le temps de manger une barre de céréales ou une pâte de fruits ou la demie banane prise au ravitaillement.

    Je n'ai pas laissé tomber, j'ai simplement eu besoin de retrouver du plaisir d'autant plus que mes pieds me faisaient un peu mal dans mes chaussures de trail quand on courait sur du dur ou sur des graviers.

    Maintenant que "ça, c'est fait" je vais pouvoir la jouer plus cool et reprendre l'objectif de départ qui était d'arriver à Passau en bon état.

    Ce soir nous dormons dans un hôtel à Soltau et demain il n'y aura qu'un seul départ, à 8h, si j'ai tout saisi des informations. C'est pour une question d'horaire du petit-déjeuner. Il y aura 66km dans le même style qu'aujourd'hui.

    À demain.

     

    6ème étape

    Et bien il y a des étapes qu'on a hâte de terminer et celle que j'ai vécue aujourd'hui en fait partie.

    Nous sommes partis tous ensemble à 8h, heure du petit-déjeuner oblige, et vite nous nous sommes retrouvés à 5 ou 6 en comptant un coureur venu faire l'étape de ce jour. Le temps était gris et rien n'augurait qu'on allait se prendre de belles grosses averses orageuses un peu plus tard. Une proportion de trail de 4/5 environ était au programme même si le dénivelé était limité (370m pour les 66km). J'avais chaussé une troisième paire de chaussures tout terrain et j'ai bien fait parce que les chemins avec les fortes précipitations sont vite devenus détrempés avec de grosses flaques ou de forts écoulements qui m'obligeaient à courir souvent sur les côtés herbeux mais pas aménagés pour être piétinés.

    Le groupe a petit à petit explosé et nous nous sommes retrouvés toujours les 3 mêmes ensemble. Cela a duré jusqu'au 3ème ravitaillement où je n'ai pu suivre le tempo de mes deux compagnons de route que je gardais néanmoins à vue jusqu'au dernier ravito. J'y arrivais 4 minutes après leur départ et ne les revis plus avant l'arrivée.

    Au niveau météo, on a été servis : pluie, orage, grêle et j'ai souvent eu à remettre la veste pour me protéger, ne la quittant que lorsque je croyais qu'on allait être tranquille. Mais c'était sans compter sur les aléas météorologiques et sur le fait que le parcours une nouvelle fois ne ralliait pas la ville d'arrivée directement, en moins pire qu'hier mais quand même. Il suffit de consulter le tracé de l'étape pour se faire une idée.

    Mais comme le leitmotiv est le trail pour cette épreuve, il ne faut pas s'en étonner.

    J'ai pas mal souffert de mes pieds car mes appuis étaient très incertains dans des chaussures trempées et sur un terrain assez accidenté (cailloux, ornières dans le sable, racines, monotrace pour un petit 36 et pas pour une grande carcasse comme la mienne etc).

    J'ai craint lors des 7 derniers km de m'être trompé de route car nous avons quitté la trace GPS officielle pour suivre un autre itinéraire marqué par Oliver et qui nous évitait je pense de nouvelles zones trop humides. Mais j'ai eu quelques doutes car le fléchage ressemblait à celui d'hier où sur la fin j'avais beaucoup tergiversé et emprunté un autre chemin que celui qui était prévu pour rejoindre l'arrivée.

    Les derniers 100m furent un peu "galère" aujourd'hui car le lieu exact de l'arrivée avait été déplacé juste devant le gymnase et donc il fallait en faire le tour, ce que le marquage au sol ne laissa pas deviner facilement.

    Mais je suis arrivé, encore 4ème mais assez loin de mes deux compagnons qui me prennent près d'une demi-heure.

    Tout était à laver et à faire sécher afin de pouvoir remettre certains habits demain.

    À demain.

     

    7ème étape

    Rien de nouveau sur la DLL, encore arrivé 4ème après être resté au contact de mes deux copains pendant plus de la moitié de l'étape. Et après, j'ai laissé filer car je ne veux pas me mettre dans le dur sur ces étapes pas trop vallonnées.

    Demain il y a 71km au programme, en grande majorité sur route et après demain on attaque les gros dénivelés. Donc la prudence est de mise d'autant qu'après une semaine de course les organismes commencent à souffrir mais aussi à s'adapter.

    Nous sommes hébergés dans un hôtel en plein dans le centre-ville ancien de Celle.

    On attend nos chambres et j'en ai profité pour me payer une glace à 3 boules et j'y retournerais bien après la douche.

    À demain où nous quittons la région de la Heide pour nous rapprocher de la Harz.

     

    8ème étape terminée. 71km tout plats, majoritairement sur route et pistes cyclables : ça aurait pu me plaire mais ... bof. À mon allure ce fut long. Je me suis fixé un petit objectif, celui de mettre moins de 9h, que j'ai atteint de peu.

    Il a fait beau, beaucoup de parties étaient agréables car ombragées. Nous avons carrément changé de paysage : moins voire plus de forêts et des champs labourés, d'autres de maïs, des prés avec des porcs, d'autres avec des moutons ou des chevaux. Très peu de vaches. Et puis la ville de Brunswick à traverser avec des feux, des chemins, des ponts...

    Bon, je retiendrai que j'ai encore fini 4ème et qu'on a passé les 500km.

    Ah oui, aussi j'ai dû passer les 6000km pour cette année, anecdote en soi sans importance.

    Demain on tape dans le gros avec du dénivelé mais paraît-il que les chaussures de route peuvent suffire. On verra, je placerai une paire de trail au ravito 3 ou 4 au cas où.

    À demain.

     

    Je me faisais toute une montagne de cette 9ème étape et pour cause, près de 1300m de dénivelé positif dont la plus grosse partie dans les 24 derniers km.

    J'avais donc prévu les chaussures de trail et les bâtons de course déposés dans la caisse de ravitaillement n°3, celui, le dernier, qui précédait l'attaque de la Hardt dont le point culminant se nomme le Broken.

    Les 40 premiers km ont permis de rester au frais car nous avons longtemps couru en forêt sans beaucoup de dénivelé. C'était gras parfois, un peu cahotique avec des racines, des arbres brisés ou des pierres. J'ai laissé les copains se détacher peu à peu car ils allaient trop vite et je ne suis pas un spécialiste du slalom entre les arbres et du saut de flaques d'eau ou de boue. Il faisait beau et quand nous sommes sortis de la partie forestière on a senti que la température allait être au chaud. Nous avons traversé Badharzburg qui est une ville très touristique et en ce dimanche ensoleillé ce fut encore une nouvelle partie de slalom entre les gens. Le 3ème et dernier ravitaillement s'y trouvait, avancé de 2km parce qu'il n'était pas possible au véhicule d'aller se positionner au lieu initialement prévu. Je pris mes bâtons et de quoi boire et grignoter. Quand enfin j'eus atteint le début de la montée je n'eus pas à utiliser mes bâtons et je courus en les tenant car la pente était douce. Petit à petit elle se raidit et je me mis à marcher. Ça m'a rappelé les randonnées récentes en Aubrac puis dans les Pyrénées. Je m'appliquai à bien me coordonner pour être le plus efficace possible. Parfois lors d'un faux-plat je relançais en courant quelques dizaines de mètres. J'avais calculé que pour effectuer les 12km jusqu'au sommet il me faudrait entre 2h et 2h15. Et une fois là-haut je devrais trouver un lieu où m'acheter de quoi boure et manger.

    La montée fut longue, mais c'était très joli. Nous sommes passés sur un barrage qui délimitait les anciennes Allemagnes de l'Est et de l'Ouest. Et une partie de la voie empruntée après marquait cette frontière je crois. Les 4 derniers km de cette ascension furent très difficiles car la pente était devenue très forte et nous avancions sur une voie bétonnée avec des trous espacés régulièrement et je ne pouvais utiliser mes bâtons.

    Une fois en haut, je constatai que j'avais fait du 5,8km/h pour ces 12km et la vue qui s'offrit à moi valait bien les efforts consentis. Je passai quelques secondes à contempler le panorama à 360° et je me décidai à aller manger un truc au restaurant. 2 gateaux et un demi litre de coca plus tard (une douzaine de minutes en tout) j'entrepris la descente assez raide sur le bitume passant devant la gare d'arrivée du train touristique (à 50€ la montée ça coûte une blinde, autant le faire à pied) et je profitai des bas-côtés gravillonneux pour y courir laissant l'asphalte aux touristes et aussi pour le bonheur de mes pieds qui étaient bien échauffés avec mes chaussures de trail.

    Je suis descendu à 9 ou plus tant que ça n'était pas trop technique mais sur la fin ce fut plutôt du vrai trail et je dus m'escrimer pour rester vigilant et ne pas me vautrer à la première pierre venue. Je fus accompagné lors du dernier km par Frank Linke qui m'aida à me guider jusqu'à l'arrivée où j'atteignis mon petit challenge de mettre moins de 9h, tout comme hier, mais avec 8km de moins.

    Rassuré sur ma capacité à gérer ce genre d'étape, celle dont je me faisais toute une montagne, je suis paré à encaisser la suite.

    À demain pour la suite de cette aventure de Fab en Teutonie.

     

    10ème étape

    Bergfest. Aujourd'hui, les Allemands ont appelé cette étape ainsi car il s'agissait du passage à la moitié du kilométrage total de la course. Alors, je m'attendais comme lors des dernières éditions à que le coup soit marqué, mais en réalité il n'y a rien eu du tout. Tant pis.

    En tout cas, cette 10ème étape fut difficile en ce qui me concerne. Nous sommes partis directement dans du dénivelé traversant un parc puis dans la forêt. Mais cette forêt avait semble-t-il subi quelques dommages car de nombreux arbres étaient coupés, d'autres s'étaient couchés et sur le chemin gravillonneux il y avait beaucoup de morceaux d'écorces ou de branches qu'il fallait éviter. J'ai démarré prudemment et j'ai rapidement perdu de vue les trois avec qui j'étais parti. Guidage GPS, donc pas de problème. Une pause technique assez longue et du coup je devais me retrouver loin derrière. Mais au ravito n°1 je fis la jonction avec mes habituels compagnons de début d'étape. Ils me distancèrent après et ce fut le début d'une longue descente mais sur des chemins difficiles à appréhender pour moi. Parfois je me revoyais en randonnée cet été quand certains chemins me donnaient des sueurs froides tant ils étaient techniques, pentus, en dévers et parsemés d'embûches. Là, j'ai pris cher comme on dit car je pensais qu'avec la descente j'allais faire remonter ma moyenne. Que nenni ! Donc mentalement ça repoussait ma possible heure d'arrivée au-delà de ce que je pensais.

    Donc toute la journée j'ai essayé de limiter la casse. Mon genou droit, le ménisque, me titillait sur les gros dévers, mon épine calcanéenne se rappelait à mon bon souvenir et mon tendon tibial postérieur devenait douloureux. Ça commençait à faire beaucoup. J'ai serré les dents et j'ai pensé au coureur qui avait abandonné au ravitaillement n°1, sur blessure ou sur trop grosse douleur au tendon d'Achille.

    J'ai avancé, à moins de 7,5km/h de moyenne et avec des pointes à 8,5 je ne pouvais pas être plus efficace. De longues portions d'herbe en bordure de champs ne permettaient pas de mettre le turbo.

    Mentalement il m'en faut plus donc je me suis accroché et je suis parvenu à rallier l'arrivée sous la chaleur naissante. Plus de 8h30 mais moins de 9h. Ça me convient.

    Je suis 5ème de l'étape car Kay Giese , parti à 6h, a été plus rapide que moi d'à peu près 5 à 10 minutes. Pas grave.

    Demain grosse étape de plus de 76km avec de tout : dénivelé, trail, route, soleil et donc chaleur.

    J'espère ne pas trop en baver. On verra.

    À demain.

     

    11ème étape

    Difficile journée aujourd'hui pour moi et si le physique a tenu le coup quelques failles sont apparues dans mon mental.

    Rarement j'ai terminé une étape dans cet état de détresse psychologique, il faut remonter aux étapes où j'étais blessé lors de la 1ère TranseGaule ou lors de certaines de la TransEurope 2009 en Suède.

    J'ai passé un bon début d'étape jusqu'au 1er ravitaillement au km 17 après une longue partie sur la route puis le passage dans la forêt où je réussis à bien me dépatouiller. On va dire que jusqu'au second ravitaillement (km 32) ça a aussi été, mais après je me suis retrouvé sur des terrains tels ceux des deux derniers jours : herbe haute, monotrace difficile à suivre (va essayer de poser les pieds dans une ornière de 20cm de large, un ça va mais l'appui suivant te fait tortiller du c.. et à force t'as plus l'impression de danser la lambada que de courir), chemins de grosses pierres, etc. Mes douleurs de la veille sont revenues et m'ont contraint de faire une alternance course-marche quand je sentais un peu trop mon genou. Nous sommes dans l'ancienne Allemagne de l'est et souvent les chemins sont pavés et les pavés n'étaient pas tous très plats. Peu à peu mon mental, mon point fort, s'est effrité. Et j'ai survécu jusqu'à Iéna lieu de l'arrivée non sans avoir traversé la ville après avoir descendu des centaines de marches depuis le belvédère d'où nous avions une belle vue sur cette métropole de l'ex RDA.

    Quand je suis arrivé, mes nerfs ont lâché et il me fallut 2 crêpes et une bière pour que le moral se regonfle.

    Plus le temps d'en raconter plus car je vais me coucher.

    À demain dans de nouvelles dispositions j'espère.

     

    12ème étape

    Au lendemain de ce gros coup de calcaire, je me demandais comment allait se dérouler la journée.

    Je suis parti avec le groupe des 6h, laissant mes trois anciens compagnons faire la grasse matinée 1h de plus.

    Il faisait frais mais traverser la banlieue de Iéna à cette heure était très agréable, il n'y avait pas encore de circulation, quelques vélos sur les voies cyclables et de quoi bien s'échauffer avant d'attaquer les chemins.

    Après 1h, j'avais fait 9km et mon décompte mental était enclenché. J'étais avec Kay ey nous avions vite décroché nos amis de ce groupe. Bien sûr, les premières côtes arrivèrent et l'allure en prit un coup d'autant que nous étions passés sur des terrains moins favorables à ma foulée rasante. J'eus du mal à suivre Kay et le laissai prendre les devants. La partie en forêt qui n'était pas si mal du coup se termina par une longue chevauchée à travers les herbes hautes et humides. Arrivé au ravitaillement n°1, je devais avoir 1 litre d'eau dans chaque chaussure ! Je me suis restauré, ai mis à niveau mes bouteilles et suis reparti à la poursuite de mon compagnon de route de la journée croyais-je. Mais l'ayant rattrapé assez rapidement, il me dit qu'il voulait ne pas aller trop vite, alors il me laissa filer. J'enfilai les bornes, la tête claire comme au lendemain d'un gros orage. À chacun des ravitaillements les bénévoles étaient ravis et étonnés de me voir revivre. La chaleur est montée petit à petit et je profitai de chaque portion d'ombre et des longues parties forestières. Mais je maintenais l'effort et ayant mis ma musique j'enquillais les bornes. C'était très vallonné mais je me suis surpris à courir dans certaines montées et à dévaler les descentes. Naturellement, il fallait que les chemins soient carrossables. Je me fis reprendre mon heure de décalage par Klemens après le dernier ravito et je trouvai alors que la fin devenait difficile car toujours constituée de montagnes russes.

    8h31 pour ces 63km, près de 3h de moins qu'hier et un mental redevenu normal.

    J'ai pu me reposer cet après-midi et prévoir une nuit plus courte car j'ai eu le choix de partir à 5h demain matin pour les 73km que fera cette 13ème levée. Il fera chaud, toute heure de soleil en moins sera bienvenue.

    Allez, en conclusion je dis "Tout baigne !".

    À demain.

     

    13ème étape

    Cette dernière longue étape (plus de 60k) de notre traversée de l'Allemagne par ses chemins ne fut pas facile mais j'ai atteint l'arrivée en un peu plus de 10h, objectif de faire moins raté de peu car il restait quelques petits raidillons dans les derniers km. Mais je suis satisfait de ma journée et d'être parti à 5h ce matin m'a permis de moins subir la chaleur que les derniers à être arrivés. Ils viennent juste de franchir la ligne d'arrivée presque 4h après moi.

    Je n'avais pas encore compris le concept du cut-off inversé et cela fait deux jours, depuis que je pars dans le 1er groupe qu'on me dit de ne pas courir vite afin d'arriver au 1er ravitaillement après l'heure indiquée basée sur une allure de 8' au km. Mais quand c'est le matin, que tu t'es reposé, que tes douleurs ne se sont pas encore réveillées, que le parcours est encore plat avec de l'asphalte, des trottoirs ou des beaux chemins tu ne peux pas te traîner à 7,5km/h, sachant que tôt ou tard la fatigue fera baisser ta moyenne et la fera redescendre au final sous les 7,5km/h. Nous étions 2 tant hier qu'aujourd'hui à arriver légèrement en avance aux deux premiers ravitaillements et après en avoir discuté avec les bénévoles de ces postes cela ne leur posait aucun problème.

    On verra pour demain, l'étape est courte, 47km, il y a du trail pentu dans les 20 premiers km et la suite semble peu accidentée.

    Je m'habitue progressivement à gérer les obstacles et les difficultés de chaque type de terrain, mais ce n'est pas pour ça que je vais vendre mon âme au diable et devenir un véritable adepte du trail. L'asphalte reste mon terrain de prédilection même si je souffre des pieds dans mes chaussures de trail quand il y a de la route.

    Autrement, aujourd'hui les paysages étaient agréables à regarder, beaucoup de chemins forestiers avec de l'ombre, des petits villages quasi désertiques et beaucoup d'engins agricoles s'activant dans les champs ou transitant par notre itinéraire. Ça donnait une excuse pour marcher un peu.

    J'ai encore souffert de mon genou et j'hésite entre une lésion au ménisque et une tendinite du tendon rotulien ou de celui situé sous la rotule. Cela n'empêche pas de courir mais à la marche en montée ça pique un peu.

    Demain de nouveaux coureurs nous rejoignent. Certains vont faire les 7 dernières étapes, d'autres que 3.

    À+.

     

    14ème étape

    Quand une étape aurait pu être la dernière...

    47km au programme de ce jour, on aurait pu se dire que ça allait être facile, qu'en 6h l'affaire serait pliée.

    Le démarrage se passa bien, à notre groupe de 6 allaient s'ajouter les 4 coureurs venus challenger pour les 7 dernières étapes et deux ou trois autres venus pour trous jours. Donc avec Kay nous n'étions pas seuls devant. L'entrée en matière donna rapidement une idée de ce qui allait constituer notre journée. À une courte partie de bitume succéda rapidement du chemin avec du

    dénivelé. C'était de la tôle ondulée au début puis on passa sur de vraies côtes en forêt sur des sentiers parfois difficiles à suivre tant il pouvait y avoir des branches entravant le passage et contraignant à devoir marcher. Je fis une nouvelle pause technique et me retrouvai ensuite à l'arrière du groupe de 6 que nous formions tout en restant à distance les uns des autres.

    Au premier ravitaillement j'avais 8 minutes de retard sur les premiers et d'après le profil de l'itinéraire ça n'allait pas être facile de les leur reprendre.

    Dans ma tête, j'avais mis le curseur sur le mot prudence car on entrait vraiment dans le contraire de mon domaine de prédilection. Et là j'ai vu les vrais traileurs au boulot. Ça ne monte peut-être pas plus vite que moi, mais quand ça descend, je n'ose même pas en parler. On m'a laissé sur place une fois que j'avais pensé faire un semblant de jonction.

    Prudence ! Fab, tu as dit prudence. Alors j'ai rongé mon frein un peu frustré de ne pas pouvoir jouer avec eux.

    Et puis des portions moins "trailesques" ont été les bienvenues et j'ai rattrapé et dépassé certains non spécialistes du bitume. Les écarts avec ceux de devant n'étaient pas énormes, j'avais bien défendu mon bifteck. Que trois ravitaillements aujourd'hui alors je m'y suis bien hydraté mais je n'y ai pas beaucoup mangé, mais la glace proposée au dernier poste me fit énormément de bien. Le chemin qui suivit, gravillonneux à souhait mais peu pentu me regonfla pour espérer mettre moins de 6h. Bien entendu c'était trop beau et on est vite reparti droit dans la pente puis il fallu redescendre et remonter et redescendre... C'est ainsi qu'il m'est arrivé le truc tout con qui peut te compromettre ton aventure : j'ai trébuché sur une pierre ou une racine et j'ai chuté. Mes deux mains avec mes bandeaux m'ont permis d'amortir le crash mais mon nez a porté au sol.

    Quand je me suis relevé, "Adieu, veaux, vaches, cochons, couvée..." fut la première de mes pensées, je croyais que mon nez avait été fracturé, puis après quelques instants la lucidité a repris le dessus et suite à un court check-up j'ai constaté que le nez était toujours là et qu'au toucher il ne faisait pas mal. Je saignais, certes, je m'essuyai, me mouchai et vis que je n'avais pas de douleurs traumatiques. Un genou légèrement griffé et un mollet réagissant aux câlins des orties ne furent en définitive que des séquelles sans importance. J'ai arrêté les hémorragies nasales et j'ai repris ma progression vers l'arrivée : il restait à peine 5km. Ils furent assez difficiles car cabossés à l'image du profil du jour et du bad-traileur que je suis.

    6h et quart pour ces 47km (à peine), je m'en tire pour une belle frayeur et donc suis ravi de poursuivre l'aventure.

    À demain où ça sera deux fois plus vallonné pour 13km de plus.

    Fab

     

    15ème étape, plus que 5 !

    Quand une étape d'à peine 60km vous prend plus de 9h, c'est qu'il y a un truc. Plusieurs trucs en fait.

    D'abord le gros dénivelé, plus de 1650m de dénivelé positif et environ 1400m de négatif. Ensuite, l'itinéraire était à 90% sur des chemins et le peu d'asphalte ou de trottoirs ou même de dalles plates n'était pas le bienvenu car en forte pente au détour d'une traversée de village. Enfin, la chaleur malgré notre départ à 6h qui est venue après deux ou trois heures de course.

    Quand je suis passé aux deux premiers ravitaillements et que j'ai consulté ma moyenne sachant que j'étais encore au contact des coureurs de mon groupe j'ai recalculé mon heure d'arrivée prévisionnelle en tenant compte que nous n'avions fait que 40% de l'étape et qu'il restait 60% du dénivelé positif. J'avais consulté le profil et la fin était hérissée se concluant par une dernière grosse butte de 200m de dénivelé avant une courte mais forte descente vers l'arrivée.

    J'ai couru, marché surtout, avec des bâtons de trail qu'un bénévole, Peter, m'a proposé. Deux fois plus légers que les miens ils m'ont été d'un grand secours.

    J'ai connu de grands moments de solitude crapahutant comme un beau diable dans la caillasse au bord d'une rivière ne sachant même pas si j'étais sur le bon chemin car aujourd'hui il n'y avait pas de balisage sinon celui du GR qu'on a suivi depuis le matin. Pas facile à trouver parfois, heureusement que mon GPS me donne la trace enregistrée de l'étape mais parfois "ça décroche" et j'ai souvent marqué des temps d'hésitation ce qui a eu pour don de bien m'échauffer les neurones.

    Je devais rester concentré car c'est dans des moments comme ceux-là qu'on peut chuter.

    Aujourd'hui, pas de chute et peu de séquelles de celle d'hiet sinon mon nez encore griffé et un peu sensible au toucher.

    Et bien voilà une bien difficile étape de passée. Encore 5 du même type en moins long mais parfois en plus montagneux.

    À demain. Fab.

     

    16ème étape aujourd'hui avec le franchissement des 1000km de course.

    9TG + 1LI + 2TEFR + 1TE + 1MilKil + 4DLL = 18ème fois que je franchis cette ligne symbolique du millier de bornes. Si j'ajoute le fait que lors des 2 TransEurope j'avais franchi les 3000km en 2009 et les 4000km en 2012, soit 5 nouveaux tronçons de 1000km, ça donne plus de 23 petits verres soit de champagne, soit de bière ou d'autres breuvages festifs.

    Revenons à l'étape, puisqu'il fallait bien la faire, elle fut très difficile une fois de plus, bosselée, en forêt ou en bordure de champs, l'itinéraire suivant le Goldsteig (cherchez sur internet vous aurez plus d'informations que par moi), un chemin de grande randonnée réputé en Bavière.

    On est partis à la fraîche et on est arrivés en pleine chaleur, celle-ci apparaissant après moins de 3h de course. Même à l'ombre il faisait chaud et rares furent les courants d'air.

    Nous avons couru à trois en tête de notre groupe des matinaux mais il a fallu que l'on sorte d'abord de la très forte montée sur route puis par des escaliers pour peu à peu nous détacher. Les km suivants n'étaient pas très vallonnés, cela se corsa par la suite. Les postes de ravitaillement n'étaient pas très éloignés les uns des autres, 1 tous les 10km sauf le dernier au km 42 à 6km du but. Mais en temps de course, ça donnait environ 1h25 à 1h30 pour s'y rendre. L'itinéraire devint technique et fortement accidenté. Peu après le second ravitaillement nous avons eu droit à un ravitaillement supplémentaire marquant le passage du 1000ème km. Une radler, panaché au citron gazeux, et je repartis non sans avoir été pris en photo. Ce qui nous fut proposé par la suite fut très très difficile, un chemin très pentu et une portion pour atteindre le sommet où je dus escalader les grosses pierres servant d'escalier parfois. La redescente fut elle aussi périlleuse et je ne pus reprendre la course que longtemps après. Les bâtons m'ont bien aidé une fois de plus dans les montées. Mais dans les descentes j'avais très peur de culbuter et de finir dans le ravin ou dans la forêt.

    Quand je suis arrivé, accompagné de Kay qui a toujours été à vue, je fus soulagé.

    Maintenant place au repos, j'ai déjà préparé mon matériel pour demain où l'étape sera tout aussi accidentée.

    À demain.

     

    17ème étape

    Du 6km/h, pour seulement 50km et quelques. Oh ! Fab tu déconnes ou quoi ?

    Et bien non ! J'ai couru, moins que marché et moins vite que lors des étapes précédentes mais le parcours était semé d'embûches et j'en ai encore pris une bonne, de bûche, pas très loin en distance de l'arrivée mais un peu plus en temps. Bon, il n'y a que le genou gauche qui a morflé et le reste n'a rien (le nez par exemple).

    Les 30 premiers km ont été globalement assez "faciles" à faire, c'était un peu vallonné mais pas de gros piège en vue. Quelques portions d'herbe trempées pour me pourrir les pieds, quelques pierres et racines vicieuses, mais pas de quoi m'abattre.

    Nous avons bifurqué à un moment pour aller titiller la frontière avec la République Tchèque, parcours assez technique, puis nous sommes repartis en continuant de monter des trucs improbables et ensuite de les redescendre. Je me suis parfois retrouvé en mode blocage n'arrivant pas à prendre une décision quant au rocher ou à la pierre sur lequel ou laquelle sauter. Ma moyenne était descendue sous les 6 à l'heure et je savais qu'une fois le sommet passé ça allait descendre. La descente fut périlleuse et donc je n'allais pas beaucoup plus vite qu'en montée.

    Et les paysages dans tout ça ? Pas le temps de les regarder, trop occupé à scruter où je devais mettre les pieds et à suivre le balisage du Goldsteig et ma carte sur ma montre.

    Je suis enfin arrivé en pleine chaleur et en plein soleil alors que nous avions eu pas mal d'ombre depuis le départ.

    Demain, la monstrueuse étape vers GroßArber et son dénivelé supérieur à 2500m pour à peine 50km.

    À demain.

     

    18ème étape

    Dans la vie il est plus facile de rester dans sa zone de confort que d'en sortir. Aujourd'hui je suis allé bien au-delà de cette zone de confort et le fait d'avoir réussi le challenge, à savoir terminer en bonne santé, me redonne du peps pour les deux derniers jours.

    Cela avait pourtant bien commencé, avec un départ à 5h du matin sous un ciel étoilé avec un petit croissant de Lune et une fraîcheur toute relative mais encore bienfaitrice. De l'asphalte pendant environ 5km où nous n'avions à nous soucier de rien d'autre que du fléchage au sol qui allait par la suite ne plus être assuré et être remplacé par celui du Goldsteig.

    Je faisais la course en tête du groupe avec mes habituels compagnons de route, Kay et Völker. Quand la partie trail commença il ne restait que 40km et bien sûr les 2500m de dénivelé positif prévus.

    Un premier gros morceau à escalader et la moyenne commença à chuter, mais avec les bâtons de trail je le dépatouillais encore bien. Aujourd'hui pas de passage dans des hautes herbes mouillées et ça me permit de rester assez dynamique quand il fallait relancer pour rester au contact de mes potes. Un 4ème larron est venu nous accompagner, Stephan, qui avait dû abandonner avant la moitié de la DLL et qui reprend la course sur le challenge des 7 dernières étapes. Le groupe explosa et je me retrouvai lâché. Tant pis je réussirai bien à me débrouiller sans eux. Je les vis repartir des deux premiers ravitaillements quand j'y arrivai et me dis que ça ne servirait à rien de tenter de les rattraper.

    Autant les chemins étaient bons et bien entretenus au début autant ils devinrent de plus en plus pénibles car pas ou peu entrenus, avec des troncs en travers, des branchages au milieu et d'autres petits obstacles rendant la progression difficile. Et le pourcentage des pentes était assez sévère. Il fallait rester vigilant tout le temps et même malgré cela je continuais de buter sur une pierre, une racine ou une branche. Tout ça sans tomber.

    La seconde partie de l'étape fut beaucoup plus difficile, je crapahutais à moins de 5 voire de 4km/h, et dès qu'une partie plane et propre se présentait j'essayais de courir un peu. Une fois la première grosse bosse terminée, il restait une bonne douzaine d'autres fortes ascensions toutes suivies d'une descente raide, avec quasiment à chaque fois le même scénario, à savoir escalader le chemin sur de grosses pierres. Parfois il m'arrivait de perdre la trace GPS et celle du Goldsteig et je dus au moins trois fois essayer de retrouver le bon itinéraire en traversant directement dans la forêt ce qui n'était pas aisé du tout.

    Je gérais mes boissons, à partir du dernier ravitaillement pour ne pas être à sec trop longtemps avant l'arrivée. Il y avait un café à moins de 3km du but mais je préfèrais ne pas y aller et seulement boire de l'eau d'une source et remplur mes bouteilles. Trois bornes ça faisait quand même entre 35 et 40 minutes et le soleil donnait de plus en plus. Il y eut une déviation pour cause de travaux et cette fin me parut interminable.

    Quand je suis arrivé, j'étais un peu désabusé au début puis après quelques minutes c'est allé mieux et j'ai pu reprendre des forces en mangeant une curry wurtz puis un dessert accompagnés d'un bon panaché.

    Cette étape "épouvantail" était finie, j'avais survécu et je peux voir la suite sans gros soucis.

    À demain.

     

    19ème étape

    Après une bonne nuit dans un lit d'hôtel, une sorte de grasse matinée jusqu'à 6h30, un petit-déjeuner à 7h15 et un départ à 8h, ma journée aurait pu être excellente.

    Il a fallu qu'on parte tous ensemble droit dans la montée puis qu'on redescende d'abord sur un chemin large et caillouteux et ensuite c'est là que ma journée a bifurqué vers un grand moment de solitude. Nous avons pris un chemin très difficile à descendre pour moi et quand je voyais les autres réussir à courir là où je n'aurais jamais osé le faire, je me suis résolument et définitivement rangé du côté des non-traileurs. C'est à te donner la haine pour ce genre de sentiers, à peine entretenus, très mal, voire pas balisés du tout. Quand je compare avec nos GR, qu'ils soient de montagne ou de bord de mer ou de pleine campagne, nous n'avons rien à envier de ceux de nos amis Allemands.

    J'ai été tout content d'être sorti de ce traquenard sans m'être blessé et quand je suis arrivé au 1er ravitaillement, j'ai constaté le retard que j'avais sur ceux avec qui je courais les 25-30 premiers km. Fabrice, un bénévole, me réconforta quand il vit ma mine désabusée et je lui promis de reprendre du plaisir pour finir cette étape.

    Certes, la partie qui succèda à la descente aux enfers n'était pas très facile mais roulante et peu parsemée de pièges. Je fis remonter ma moyenne au-dessus de 6km/h et repris un peu goût à la course.

    C'était vallonné mais nous descendions plus que nous ne montions. Il restait quelques nouveaux pièges, tout comme des parties de forêt où le balisage avait disparu avec tous les arbres arrachés et je dus parfois rectifier mon itinéraire car je fis souvent fausse route et ce n'est pas facile de contrôler à la fois le GPS, le balisage et là où je devais mettre les pieds.

    Le temps s'était couvert un peu plus et j'ai eu quelques gouttes mais pas longtemps et pas assez pour devoir enviler ma veste de pluie.

    Je rattrapai un des spécialistes du trail en difficulté sur du plat et sur du "pas technique" et je filai vers la ville d'arrivée tout en sachant qu'il restait plusieurs belles bosses à franchir.

    Dans la ville, ça descendait fortement puis ça remontait tout pareillement et les deux cents derniers mètres furent en côte avec les 50 derniers à 20% peut-être. Mais par fierté je fis l'effort de les effectuer en courant.

    Presque 8h pour 50km, je m'en tire bien.

    Plus qu'une étape avant le graal mais ça ressemblera certainement à aujourd'hui au niveau des difficultés. J'espère me faire plaisir.

    À demain.

     

    20ème étape

    Ça, c'est fait ! Une nouvelle course à étapes dans mon sac et quelle course à étapes ! "Ich bin ein Trailer" pourrais-je crier, mais d'un piètre niveau. Qu'est-ce que j'en ai bavé ! Surtout la dernière semaine.

    Aujourd'hui ça s'est mieux passé que les trois ou quatre jours précédents mais cela ne s'est pas fait sans souffrances sur un parcours toujours très difficile mais avec de belles longues portions où j'ai pu courir. Mais la fin ... quelle galère ! Des montées à très forts pourcentages, des descentes tout aussi ardues. De beaux paysages, certes, que j'ai pris le temps au gré de mes pauses marchées de regarder : la forêt bavaroise puis la vallée de l'Ilz qui rejoint le Danube.

    Les arrivées échelonnées en attendant l'ouverture de l'auberge de jeunesse sont sympathiques à vivre.

    Bien, on peut s'installer, je rends l'antenne :"ici Passau, à vous les studios".

    Fab.

    Classement final : 4ème sur 9 arrivants en 170h18'48" pour 1221km en 20 étapes.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :