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Mardi 9 juin, 52ème étape, Arvidsjaur – Kabdalis : 95,1km.
La plus longue, la plus redoutée de toutes, celle qui peut faire rentrer non pas à la nuit tombée, car il n'y a plus de nuit, mais tard le soir. Le cut-off est à 21h51, ce qui ne laisse que 6h de repos avant le réveil et 8h avant le départ de l'étape suivante.
J'avais prévu de mettre entre 1h30 et 2h de plus qu'hier, soit entre 13h30 et 14h de route.
La réalité fut tout autre.
Pourtant le démarrage fut laborieux, je n'arrivais pas à courir ni même à marcher rapidement sans ressentir de fortes douleurs aux deux zones qui me gênent actuellement. Au bout de 30 minutes, pas beaucoup d'amélioration. Je dis à Christophe qu'il pouvait partir devant pour essayer d'avoir du temps à lui ce soir et pour ne pas arriver trop tard à m'attendre.
Les kilomètres passèrent et peu à peu, les douleurs devinrent acceptables et je pus commencer à aller un peu plus vite. Ainsi je remontai tous les coureurs qui m'avaient dépassé en m'encourageant au passage et je continuai jusqu'à Alain et Roger avec qui je décidai de rester, sachant que Roger est un coureur à l'allure régulière et rassurante.
Nous avons couru tout le reste de l'étape ensemble.
A l'arrivée, nous terminons en moins de 12h, soit à 8km/h de moyenne. J'ai serré les dents pour rester avec mes deux compères car ce ne fut pas toujours facile, les douleurs revenant après chaque ravitaillement quand je m'arrêtais trop longtemps.
Cette étape, au niveau du paysage, a été très agréable, nous avons encore vu de rennes qui parfois même traversaient la route devant nous !
Le temps fut agréable voire chaud par moment, mais nous avons fini les 6 derniers kilomètres sous la pluie d'un orage. Nous avons sorti les ponchos.
Ce soir, nous dormons dans une ancienne école dont les classes ont été aménagées en dortoirs avec des lits sur lesquels il va faire du bien de se reposer.
Demain, 60km « seulement » avant la deuxième grande étape de 94,4km de jeudi; ça, ça sera une autre histoire.
En tout cas, plus que 12 étapes et moins de 900km à faire.
à+Fab****
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Lundi 8 juin, 51ème étape, Sorsele – Arvidsjaur : 84,6km.
Cette étape était redoutée car longue (84,6km) et comme je m'étais fixé environ 13h pour la courir, j'avais mis le camel bag avec mon portable, mes deux MP3 et l'appareil photos. J'avais aussi emporté le poncho et ma casquette plus un en-cas pour les deux premières heures.
Je suis parti en boîtant, comme d'habitude, et il m'a fallu plusieurs kilomètres pour me chauffer. Une fois chaud, les douleurs (ischios + dos) se firent moins intenses si bien que je pouvais courir longtemps, mais pas vite. Du moment que je prenais de l'avance sur le cut-off, le reste m'importait peu.
J'ai tenu le 7,5km/h jusqu'au 30ème km environ, et par la suite j'ai fait route avec Christophe qui m'avait rattrapé au gré des postes de ravitaillement. Nous sommes restés ensemble et nous avons pu voir des rennes que nous avons pris en photo. D'abord un puis 4 plus loin et enfin un troupeau.
De s'arrêter photographier les animaux et les paysages, ça fait perdre du temps : la moyenne avait chuté à 7km/h environ et je commençais sérieusement à avoir de plus en plus mal. J'ai serré les dents, je me suis accroché et j'ai fini par arriver en moins de 12h. J'avais gagné 1h de repos ce qui n'est pas négligeable quand on flirte avec la queue du peloton. J'ai pu me doucher, laver deux trois affaires, et préparer ma tenue avant d'aller dîner.
J'étais installé sur un gros tapis de saut, merci Stéphane, et je n'avais pas à défaire mon matelas. C'est installé dessus qu'après mes soins, j'ai rédigé ce CR.
à+Fab****
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Vendredi 29 mai, 41ème étape, Mora – Västbacka : 78,3km.
Après la pluie (d'hier), le beau temps. On s'est levé sous un beau soleil, et pourtant on n'a pas fait de grasse matinée : c'est que le jour était déjà levé depuis 3h30 et il était 4h.
Il faisait frais, mais je me doutais qu'il allait y avoir des températures plus clémentes voire chaudes dans l'après-midi.
L'étape démarra de la plus belle des manières, nous avons traversé la ville qui nous servait d'étape et nous avons pu découvrir ce que nous avions raté la veille parce que trop éloignés du centre. C'est ce qui est frustrant sur ce genre de course où la récupération et l'intendance prennent tellement de temps qu'on n'a pas souvent l'occasion d'aller voir les sites pittoresques.
En tout cas, Mora est une très jolie petite ville d'une dizaine de milliers d'habitants, située au bord d'un lac sur lequel se reflétait le soleil. Il doit y avoir des photos sur le site de la TransEurope.
Une fois sortis de Mora, nous avons retrouvé la route 45 que nous allons poursuivre plusieurs étapes encore. C'est tout pareil que la route 26, sauf le numéro.
J'ai couru comme depuis les derniers jours, à un rythme qui me permet d'être efficace sans me faire violence et progressivement, j'ai avancé. Je ne me suis arrêté que trois fois 5' soit pour des besoins naturels soit pour me ravitailler plus longuement. Les autres arrêts ont été dans la moyenne des précédents, c'est à dire entre 30 secondes et 1 min 30.
Le parcours était vallonné aujourd'hui et les forêts se sont progressivement dénuées de végétation sous arbustive. Avant il y avait des arbustes au pied des grands sapins, maintenant il y a des mousses et des lichens à leurs pieds, ainsi que nombre de rochers arrondis par l'érosion de milliers d'années.
Les habitations sont de plus en plus rares et ce soir nous logeons dans des huttes en bois, à 6 par hutte, ce qui reste très exigu. Le lieu d'hébergement se situe à l'emplacement d'un restaurant, proche de lacs et de chemins forestiers.
Il a fait beau aujourd'hui et nous commençons à voir quelques moustiques et d'autres moucherons.
Mon étape s'est donc bien passée et à 5km du but, au dernier ravitaillement, j'ai décidé d'attendre Tom, un coureur allemand, qui était derrière moi depuis plusieurs heures. Nous avons fini ensemble en un peu plus de 9h.
Pas de bobos, sinon une autre petite ampoule à un orteil qui jusque là avait été épargné. Je vais soigner ça et demain ça ira.
Une petite étape nous attend, 61km, avant celle de dimanche qui en fera 25 de plus.
Le soleil est encore haut ce soir après le dîner, mais il faut penser à aller se coucher pour être en forme demain.
à+Fab****
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Salut Emmanuel
Suite des pérégrination du grand Fab sur la route 26.
Tu peux mettre en ligne
pascale n'a pas internet jusqu'au 10 juin peutêtre.
à+Fab****Jeudi 28 mai, 40ème étape, Vansbro – Mora : 72,8km.
40 ! « Et qu'à ferme sa porte ! » comme disait la voisine.
Aujourd'hui, c'était les 40èmes rugissants, la 40ème étape. Hier nous avons franchi en début d'étape le 60ème parallèle Nord. Nous nous rapprochons progressivement de notre Graal.
Pour ma santé, et bien j'ai été vite rassuré et je suis parti le coeur léger contraste saisissant avec le Fab d'hier soir au bord des larmes de fatigue et d'inquiétude. Mon souci gastrique est passé.
L'étape a démarré sous la pluie, fine au début donc ne nécessitant pas le port du poncho, mais au bout de quelques kilomètres j'ai dû me rendre à l'évidence qu'il fallait l'enfiler sous peine de se retrouver trempé et transi de froid.
Le cortège de ponchos rouges, ceux donnés par l'organisation, mais on a le droit d'en porter d'autres, bigarrait la route bordée de sapins verts. Il n'y avait pas beaucoup de circulation donc on pouvait choisir les portions de route en évitant les flaques d'eau.
Mon rythme tranquille au début, le temps de m'échauffer et de me réchauffer, va progressivement s'accélérer. Nous avions dès les premiers hectomètres été stoppés par un train de bois qui manoeuvrait sur la voie et avions dû attendre quelques minutes qu'il finisse son changement de voie (ce qui n'a pas empêché deux coureurs, dont je tairai les noms, d'être passés sous le train quand il était à l'arrêt. L'un d'eux en perdit son bidon qui se retrouva entre les rails pendant que le train avait repris sa manoeuvre en sens inverse. Le malin a été obligé d'attendre.).
Ils ont eu le droit de se faire gronder.
Donc du retard dès le premier kilomètre, ça allait faire baisser la moyenne !
Tant pis puisque tout le monde était concerné.
Un peu plus tard j'ai refait un autre arrêt long (« technique » celui-là) dans les bois et quand j'en suis reparti, près de 5' plus tard, je m'étais fait dépasser par nombre de coureurs.
J'ai repris mon rythme et rattrapais le petit groupe qui avait profité de mon arrêt et j'ai continué ainsi de ravitaillement en ravitaillement, où, à chacun de mes arrêts je me faisais à nouveau rattraper et dépasser par des coureurs qui prennent moins leur temps à se restaurer. J'ai retiré le poncho au moment où une embellie météo s'était installée. Malgré cela, j'ai eu droit à deux ou trois autres bonnes averses, mais je n'avais plus envie de sortir le poncho.
Le reste de l'étape sur la route 26 fut une sorte de routine, j'égrainais les kilomètres en les décomptant toutes les 6'40 (soit 9km/h) et j'ai eu la surprise de voir que j'avais fait une erreur dans mes comptes et qu'il ne restait pas autant de km que je le croyais.
Quand j'en ai eu terminé, j'étais soulagé que cette étape se fut bien passée, sans douleurs sinon celles de la fatigue dans les jambes sur une route à gros enrobé, légèrement bombée où il fallait profiter de l'absence de circulation pour trouver une partie plate et moins granuleuse.
Le rituel d'après course passé, j'ai pu dormir un peu, ou plutôt somnoler car la boîte à chaussures qui nous sert de lieu d'hébergement, même si elle est moins petite que certaines précédentes, reste assez exigüe.
Les douches étaient chaudes, mon linge lavé est presque sec, le ciel est bleu et on annonce une belle journée ensoleillée pour l'étape de 78km de demain.
Quoi rêver de mieux ?
Allez, je vous laisse et vous dis à demain.
à+Fab****
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Mercredi 27 mai, 39ème étape, Lesjöfors – Vansbro : 64,9km.
Cette courte étape, au lendemain d'une de 85km, devait permettre à beaucoup de coureurs de profiter de l'après-midi et de se reposer. Certains l'ont courue tranquillement, comme en récupération, d'autres ont eu du mal car ils n'ont pas récupéré de la veille, et il y a les autres qui font l'étape telle qu'elle se présente sans se poser de questions.
J'ai choisi cette dernière option.
Pourtant, la matinée avait mal commencé pour moi, car quand je suis allé aux WC, j'ai remarqué la présence importante e sang dans mes selles, ce qui m'a inquiété. Je suis allé trouver un des médecins de l'organisation pour lui demander conseil. Il m'a dit qu'il serait peut-être nécessaire d'aller passer un examen à l'hôpital si cela devait se reproduire, pour vérifier si tout est en ordre.
J'ai donc démarré l'étape avec une grosse angoisse, celle du mec qui va peut-être finir la journée à l'hosto.
J'ai couru les premiers kilomètres assez lentement afin de jauger les sensations qui se sont avérées bonnes une fois l'organisme échauffé. Rassuré, mais en ayant toujours une pensée pour ce "truc" bizarre, j'étais en train de réfléchir à la manière avec laquelle j'encaisserais un éventuel abandon. J'ai vite chassé cette idée de mes pensées et j'ai fait mon étape, à mon rythme "de quand je suis bien physiquement".
J'ai tourné à plus de 9km/h pendant les ¾ de l'étape puis j'ai ralenti sur les derniers kilomètres, prenant plus de temps aux ravitaillements et pensant à l'étape de demain qui fera 73km.
La météo fut fraîche avec quelques gouttes de temps en temps, un vent assez fort nous a poussés quand nous étions dans la partie vallonnée de l'étape. Et oui, on a eu droit à de belles côtes, longues mais pas très pentues, ainsi qu'à de belles descentes. De part et d'autre de la route, il y avait des forêts, de résineux mais aussi d'espèces à feuilles caduques. Très peu d'habitations, souvent isolées, bordaient la route 26 sur laquelle le trafic d'aujourd'hui n'était pas très important malgré une forte proportion de camions transportant ... du bois.
La ville qui nous a accueillis est un peu plus importante que les dernières et nous sommes installés dans un gymnase tout près du centre. J'en ai profité pour aller retirer de l'argent, des Couronnes suédoises (taux environ d'1€ = 10K), et je suis allé au supermarché refaire le plein de gâteaux et de boissons.
Ce soir ça va, je suis rassuré, j'attends demain matin sans inquiétude. Ce soir, je vais rater la finale de la ligue des Champions, mais je regarderai le résultat sur le SMS que Pascale m'enverra.
Je vais me coucher tôt car la nuit dernière je n'ai pas beaucoup dormi à cause des lumières du gymnase qui étaient restées allumées toute la nuit sans qu'on puisse les éteindre.
à+Fab****
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